– Soutenir les initiatives féministes en Afrique de l’Ouest francophone

– Soutenir les initiatives féministes en Afrique de l’Ouest francophone

Equipop enrichit d’année en année son soutien aux mouvements féministes. En Afrique de l’Ouest francophone, Equipop décline plusieurs types d’appuis en s’adaptant aux besoins des militantes et organisations féministes : mise à disposition de ressources financières ; mise à disposition de ressources techniques ; soutien aux espaces d’échanges d’expériences et de connaissances ; soutien aux actions collectives.

Selon l’AWID, les organisations pour les droits des femmes ne perçoivent que 0,13 % de l’aide publique au développement (APD), et seulement 0,42% des subventions des fondations est orienté vers les projets sur les droits des femmes (voir: Où est l’argent pour l’organisation des mouvements féministes ?, AWID, 2021). Or, financer largement les mouvements féministes est un moyen puissant pour faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes.

Répondre aux besoins de financement des mouvements féministes

Dans ce contexte, Equipop s’est organisée depuis plusieurs années pour apporter sa contribution aux besoins de financement des associations et des militantes dont les actions principales visent la défense des droits des femmes. Elle a ainsi mis en place des fonds alimentés sur projets. L’objectif est de mettre à leur disposition des financements sécurisés et flexibles dans le respect d’une approche féministe des financements. Cela se traduit entre autres par le fait de :

▶ limiter la mise en concurrence des organi- sations féministes entre elles, grâce à la mise en place d’appels à manifestation d’intérêt restreints ;

▶ développer des partenariats stratégiques et de confiance alimentés par un dialogue régulier entre les organisations soutenues et Equipop ;

▶ faciliter l’accès à des financements adap- tés aux différents besoins des organisations féministes, y compris à leurs frais de fonction- nement.

Par ailleurs, si l’absence de reconnaissance légale des organisations féministes dans leur pays –parce qu’elles rencontrent des difficultés pour faire aboutir les démarches administratives afin d’obtenir un statut légal, ou parce qu’elles font le choix de ne pas se formaliser– est généralement un obstacle majeur à leur accès aux financements, ce n’est pas un critère limitant pour Equipop. En effet, la capacité d’agir d’une organisation ne

dépend pas de son statut légal. Par ailleurs, le plus important pour Equipop est la capa- cité de l’organisation à s’inscrire dans une démarche transformatrice des rapports de pouvoir entre les femmes et les hommes.

En parallèle, Equipop mène un travail de veille sur les opportunités de financement pouvant profiter aux organisations féministes et, selon les besoins, peut les appuyer dans leur dos- sier de candidature lors des appels à projet. Ce travail nécessite un dialogue constant avec les bailleurs. Ces derniers ont en effet des modalités de financement et de redevabilité qui souvent limitent la mise en application des principes sur lesquels nous souhaitons baser notre appui financier. Ce dialogue, bien que complexe, est aussi pour nous un levier pour participer à l’évolution des cadres de partenariat avec les principaux bailleurs qu’ils soient privés ou publics.

Les luttes sont collectives : renforcer les liens !

À côté du soutien financier, Equipop travaille à faciliter les liens entre ses différent·e·s partenaires et allié·e·s dans le monde, en particulier en Afrique de l’Ouest. Dans cette optique, Equipop apporte sa contribution à différentes dynamiques collectives.

Equipop mobilise régulièrement plus de 80 militantes féministes venues de huit pays d’Afrique de l’Ouest dans différentes discussions collectives, majoritairement en ligne, allant de la préparation d’événements internationaux à la réflexion sur des opportunités relatives aux mouvements féministes, en passant par le débriefing et la réaction aux actualités nationales. Dans cet esprit de consolidation des liens et échanges entre féministes, à l’occasion de l’organisation du festival Femmes et Climats par Empow’her au Niger, Equipop a eu l’opportunité début 2022 d’animer une « Power zone féministe». Cet espace d’échanges lors du festival a été conçu et mis en œuvre avec un collectif d’une soixantaine de féministes d’Afrique de l’Ouest, qui ont pu travailler en ligne pour concevoir plusieurs temps forts. Pendant deux jours, cinq féministes désignées par le groupe se sont rendues au festival, et ont animé des débats et des séances de travail sur la sororité, le pouvoir politique des femmes ou encore l’historique des mouvements féministes en Afrique. À leur retour dans leurs pays respectifs, elles ont organisé des sessions de restitution avec leurs sœurs militantes. Equipop a aussi pu organiser, en collaboration avec le RJFAO et d’autres militantes du pays, des échanges en ligne pour débriefer et mieux comprendre des faits d’actualité liés aux droits des femmes dans certains pays de la région, à l’exemple de la légalisation de l’avortement sécurisé au Bénin. Pour approfondir certaines thématiques clés, Equipop a également organisé plusieurs sessions de conférences en ligne «Sororités Francophones», rassemblant plusieurs expertes féministes de différents espaces francophones, pour proposer un moment de réflexion et de co-construction de pensée féministe.

Simultanément, Equipop soutient aussi la construction de liens entre les militantes féministes et les femmes et les filles de leurs pays respectifs. Une dynamique régionale co-construite avec des féministes de huit pays a ainsi été lancée pour l’organisation de caravanes de causeries féministes. Il s’agit d’animer des espaces d’écoute des femmes et des filles, notamment de celles qui sont marginalisées (femmes rurales, femmes en situation de handicap, femmes des milieux populaires, femmes non scolarisées ou descolariées, travailleuses du milieu informel, etc.) sur leurs préoccupations, leurs difficultés, leurs priorités et besoins en matière de droits. Ces caravanes auront lieu courant 2022.

De ces expériences collectives féministes res- sortent plusieurs principes qui orientent le soutien d’Equipop à l’action collective :
▶ la sororité

▶ les liens intergénérationnels
▶ les liens transnationaux
▶ les liens entre milieux économiques diffé- rents

Il apparaît que la mise en commun des énergies est cruciale, à la fois pour renforcer l’aspect politique des luttes féministes, mais aussi pour préserver collectivement les militantes des violences qui les menacent individuellement.

Travailler les imaginaires : collaborer avec les actrices du monde culturel et artistique

L’utilisation du médium culturel (cinéma, podcast, théâtre, danse) pour déconstruire les stéréotypes sexistes et politiser la question féministe est un levier auquel Equipop s’intéresse depuis plusieurs années. La réflexion sur la manière dont les femmes peuvent se réapproprier le regard sur elles-mêmes («female gaze ») dans l’art et la fiction est également un facteur de changement social important.

Dans cet esprit, Equipop multiplie les collaborations avec des acteurs et actrices du milieu culturel intéressé·e·s par les thématiques féministes. Après une première expérience de collaboration avec le Festival International des Films de Femmes de Cotonou, Equipop a réitéré ce type de partenariat avec plusieurs festivals ou événements culturels dans la région. Ces partenariats se traduisent de différentes manières : discussions stratégiques sur l’orientation des événements, mise à dis- position de ressources financières pour faire participer des militantes féministes, participation à des panels sur des sujets en lien avec l’expertise d’Equipop, ou encore appui technique pour la communication sur les réseaux sociaux et auprès des médias.

Ces acteurs et actrices du milieu culturel cherchent également à se rapprocher des militantes féministes dites traditionnelles. Equipop participe à leur mise en lien, ainsi qu’avec des personnes impliquées sur les questions de genre dans le milieu culturel. Dans cette optique, Equipop a participé au Festival Films Femmes Afrique, organisé à Dakar, et à une réflexion sur l’opportunité de la création d’un réseau de festivals de films de femmes.