– Pour des politiques publiques féministes, du local à l’international

– Pour des politiques publiques féministes, du local à l’international

Equipop mobilise les acteurs et actrices d’influence pour créer un environnement institutionnel et juridique favorable au développement humain et en particulier au respect des droits des femmes et des filles.

La mise en œuvre de politiques publiques féministes est indispensable à la remise en cause du système patriarcal et à l’atteinte de l’égalité de genre. Lorsqu’elles sont déjà esquissées par les pouvoirs publics, ces politiques doivent être renforcées par l’action des associations et co-construites avec elles. Lorsque ce n’est pas le cas, la société civile peut contribuer à tracer la voie. Dans cette perspective, Equipop a œuvré à trois niveaux cette année : le suivi du Forum Génération Égalité, la promotion des politiques étrangères féministes, et la promotion
des approches féministes à l’échelon régional.

Suivi du Forum Génération Égalité

Au début de l’été 2021, le Forum Génération Égalité (FGE) s’était tenu à Paris, à l’initiative de la France, du Mexique et d’ONU Femmes. Ce rassemblement international majeur sur les questions d’égalité de genre avait donné lieu à de multiples engagements, pour un total de 40 milliards de dollars, dont 23 milliards de la part des États. Si les six “coalitions d’action” thématiques créées à l’occasion permettaient de canaliser les actions à entreprendre, le pro- cessus autour du FGE souffrait d’un manque évident : aucun mécanisme n’avait été mis en place pour en effectuer le suivi. Dès lors, les associations se devaient de jouer un rôle de contrôle.

Ainsi, cette année, Equipop a participé à dif- férents espaces liés au FGE, que ce soit dans le cadre de la coalition d’action DSSR, avec le réseau ouest-africain « Alliance Droits et Santé », ou dans le groupe de travail “redevabilité” piloté par ONU Femmes. Le Collectif Géné- rations Féministes, dont Equipop est membre du secrétariat, a entretenu un contact régu- lier avec les responsables de l’organisation du FGE, notamment au plus haut niveau des institutions françaises. Cette pression poli- tique restera nécessaire dans les mois à venir car, même si les parties prenantes ont créé un “tableau de bord des engagements” publié par ONU Femmes, beaucoup de temps a été perdu dans la mise en œuvre des engage- ments, qui ont 2026 pour date butoir.

En Afrique de l’Ouest, un appui aux associations qui font vivre le processus

Malgré la relative inertie au niveau global, le suivi du FGE a été dense en Afrique de l’Ouest. Equipop a poursuivi son appui au Réseau des Jeunes Féministes d’Afrique de l’Ouest, qui rassemble des membres de huit pays. Le Réseau a organisé un atelier de débriefing du FGE, qui a ensuite contribué à mobiliser les énergies au niveau national. Dans la continuité de son soutien à des consor- tiums associatifs en 2020, Equipop a pris part à des ateliers nationaux, par exemple au Niger, avec la Cellule Nigérienne des Jeunes Filles Leaders, et au Burkina Faso. Ces ateliers ont permis à la fois de susciter des synergies au sein des mouvements associatifs et d’associer les pouvoirs publics locaux à la déclinaison des engagements pris au niveau international.

Au Sénégal, par exemple, la mobilisation sociale et politique a suscité de manière plus décisive l’engagement de la Directrice de l’équité et de l’égalité des genres à soutenir les activités des jeunes et à mettre en place un cadre national de coordination et de suivi des activités post-FGE. Les campagnes conduites ont eu un impact significatif dans les médias : 13 émissions de radio dans différentes langues ont touché plus de 65 000 personnes, la campagne numérique, 21 000 personnes.

Promotion des politiques étrangères féministes

Equipop contribue particulièrement à la construction de politiques publiques fémi- nistes dans un domaine où l’association a une forte légitimité : l’international. Si des activistes et des chercheuses féministes analysent les relations internationales depuis des décennies, cela fait moins d’une dizaine d’années qu’un premier État – la Suède – a revendiqué l’adoption d’une politique étrangère féministe. C’est désormais le cas pour une douzaine d’États, à des niveaux d’avancement divers. Equipop s’inscrit dans cette dynamique générale, qui consiste à affiner les définitions possibles des politiques étrangères féministes, et à tracer les voies de leur mise en œuvre.

Un document de positionnement a notamment été publié à cet effet. Plusieurs leviers d’action concrets ont été identifiés : transformer la culture institutionnelle (notamment par la formation des cadres politiques et administratifs), renforcer la cohérence des politiques publiques, augmenter significativement les financements en faveur de l’égalité de genre, associer et soutenir les activités et les chercheuses féministes, assurer un suivi et une redevabilité de l’engagement en la matière.

En France : passer de la « Diplomatie féministe » à une véritable politique étrangère féministe


En France, Equipop entretient des contacts réguliers avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et l’Agence Française de Développement, et veille à ce que les différentes stratégies en cours de définition ou de reconduction (santé, DSSR, etc) concourent à avancer vers une véritable politique étrangère féministe. Il n’existe en effet pas encore de cadre de référence officiel en la matière. Poussé par la société civile, le gouvernement français a pris plusieurs initiatives, comme l’organisation du FGE et le pilotage de la coalition d’action DSSR, ou encore la création du Fonds de soutien pour les organisations féministes.

La loi “développement solidaire” d’août 2021 consacre par ailleurs la “diplomatie féministe” dans son article premier. Il reste cependant beaucoup à faire, notamment augmenter les moyens financiers et humains alloués, afin d’intégrer l’approche féministe dans la politique étrangère dans son ensemble et non pas uniquement dans quelques secteurs-clés comme la santé.

Equipop agit aussi à travers sa participation au Haut conseil à l’égalité (HCE), chargé d’évaluer officiellement la mise en œuvre de la straté- gie internationale de la France pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Pour les trois prochaines années, Equipop co-préside la commission “Diplomatie féministe et enjeux internationaux et européens” du HCE. Cela permet de poursuivre le dialogue avec de nombreuses parties prenantes sur différentes thématiques centrales, par exemple l’agenda “Femmes, paix et sécurité”.

Forte mobilisation en amont des élections françaises

En France se tenaient cette année les élections présidentielle et législatives, les deux élections les plus importantes depuis cinq ans, qui constituaient donc une opportunité de plaidoyer majeure. A travers diverses dynamiques collectives, Equipop a contribué à identifier et porter les principaux enjeux féministes dans le débat public et politique, en particulier la politique étrangère féministe. Equipop a rencontré plusieurs équipes de campagne pour présenter ses recommandations, en synergie avec les campagnes menées par la Fondation des Femmes, mais aussi celles de Coordination SUD, du Collectif Santé Mondiale et du Collectif Générations Féministes. Cette sensibilisation était indispensable, dans la mesure où les politiques étrangères féministes sont un domaine peu maîtrisé voire inconnu des partis politiques.

Intégration des perspectives féministes dans les dynamiques régionales

Les enjeux de droits étant indissociables, quel que soit leur ancrage géographique, Equipop promeut les approches féministes à tous les niveaux, du local à l’international, et porte une attention particulière au fait de relier ces différents niveaux de décision entre eux. Il est un échelon particulièrement pertinent à investir: le niveau régional.

En Afrique de l’Ouest, l’agenda des droits des femmes et celui de la planification familiale n’ont pas toujours été convergents. Certains rendez-vous, comme la conférence de Nairobi en 2019 (CIPD+25), ont permis d’amorcer un rapprochement, mais des cris- pations demeurent. La posture d’Equipop, dès lors, est de favoriser un dialogue basé sur une approche par les droits, centrée sur les individus, qui doit primer sur une approche quantitative des politiques publiques.

Cette année a été marquée par l’annonce de la nouvelle stratégie société civile du Partenariat de Ouagadougou (PO). Equipop a contribué à la réflexion dans différents espaces (consul- tations, atelier régional…) afin d’ancrer cette révision dans une approche « droits humains » et dans une collaboration plus forte avec les associations de jeunes et les activistes fémi- nistes de la région.