Mobiliser les États et la société civile en Afrique de l’Ouest francophone

Mobiliser les États et la société civile en Afrique de l’Ouest francophone

Equipop plaide pour l’adoption de politiques publiques féministes aux niveaux national et international. Dans cette optique, Equipop a milité pour que le Forum Génération Égalité (FGE) aboutisse à des engagements financiers ambitieux, notamment en faveur des droits et de la santé sexuels et reproductifs (DSSR), de la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), du soutien aux associations féministes dans le monde et de la participation des jeunes aux processus de décision. La stratégie d’Equipop était, dans le même temps, d’avoir des échanges bilatéraux avec les Etats et les institutions à différents échelons politiques, ainsi que de tenir des discussions publiques avec eux afin de susciter des engagements significatifs. 

Une première phase de sensibilisation

Dans un premier temps, le défi consistait à faire connaître le Forum Génération Égalité. Ce processus institutionnel, piloté par ONU Femmes, la France et le Mexique, était, à l’origine, peu discuté en Afrique de l’Ouest. Equipop s’est efforcée de faciliter l’implication des acteurs et actrices ouest-africain·e·s à travers différents canaux. Equipop a notamment organisé deux ateliers nationaux, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire qui ont réuni des représentant·e·s des autorités nationales, des autorités locales et des organisations internationales, ainsi que des membres de la société civile. Ces rencontres ont permis d’engager les institutions dans le processus FGE en créant un intérêt commun avec les représentant·e·s de la société civile, notamment sur les enjeux de droits des femmes au niveau national. Dans plusieurs pays, et souvent au niveau régional, parfois en collaboration avec des associations partenaires, de nombreuses sessions de mobilisation en ligne ont été facilitées, en particulier à destination de jeunes féministes. Le guide Activistes #GénérationsFéministes a découlé des premiers échanges, avant de constituer un outil très pratique pour les étapes suivantes de la mobilisation.

Le rôle central du Réseau des Jeunes féministes d’Afrique de l’Ouest

Equipop a en particulier appuyé le Réseau des Jeunes Féministes d’Afrique de l’Ouest (RJFAO) pour que les jeunes activistes de 8 pays puissent s’impliquer au mieux dans le processus du FGE. Le Réseau a ainsi identifié trois axes à défendre : 

une meilleure représentativité de la jeunesse d’Afrique de l’Ouest dans le FGE, 

l’implication des jeunes dans les processus de décision, 

un plus grand soutien financier aux organisations féministes ouest-africaines. 

A l’échelon régional, en amont du FGE, elles ont pu faire entendre leurs voix lors d’un dialogue virtuel avec les organisatrices. Sur les neuf activistes invité·e·s à la rencontre avec Delphine O, Ambassadrice française du FGE, et Oulimata Sarr, directrice régionale Afrique de l’Ouest et du Centre d’ONU Femmes, six étaient membres du Réseau. Elles ont souligné les défis relatifs à l’inclusion numérique, la barrière linguistique, et la représentation physique. En diverses occasions, que ce soit lors d’évènements en présentiel dans les capitales ou des évènements internationaux en ligne, les activistes ont partagé leurs visions des enjeux spécifiques de leurs territoires. Leurs expertises correspondaient surtout à trois coalitions d’action du FGE : droits et santé sexuelle et de la reproduction, violences basées sur le genre, et mouvements et leadership féministes. Leur plaidoyer a rappelé systématiquement la nécessité d’activer différents leviers d’action pour engager une dynamique véritablement transformatrice à l’échelle régionale et internationale.

Les 6 coalitions d’action du FGE 

Violences basées sur le genre 

Justice économique et droits économiques 

Droit à disposer de son corps et DSSR 

Action féministe pour la justice climatique 

Technologies et innovations pour l’égalité de genre 

Mouvements et leadership féministes

Par ailleurs, le Réseau a représenté l’Afrique de l’Ouest dans la campagne mondiale #StopTalkingStartFunding, organisée par le Collectif Générations Féministes (voir encart p 24). Cela a permis de faire valoir leurs reven- dications, y compris auprès des médias, avec une tribune publiée dans les journaux de huit pays, et de tisser des liens avec des organisa- tions françaises telles qu’En Avant Toutes, ou encore Égaé, qui lançait le projet Les Expertes Sénégal et dispensait une formation à la prise de parole dans les médias. L’implication du Réseau dans le FGE est conçue comme une étape vers une participation à l’ensemble des espaces internationaux pertinents, notamment à l’ONU. Micheline Wendyam Kaboré, membre burkinabée, a ainsi pris la parole à la CSW (commission sur le statut des femmes), à l’invitation de UNFPA, lors du side-event « Droit à disposer de son corps et DSSR pour l’égalité des générations : Quel type de leader- ship est nécessaire ? ». Enfin, la richesse des activités du Réseau s’est transformée en une visibilité médiatique, notamment par les voix d’Oumou Salif Touré (Mali) et Hadja Idrissa Bah (Guinée), qui ont été interviewées dans des émissions de radio et de télévision francophones à forte audience. En complément, deux membres, Dieynaba N’diom (Mauritanie) et Awa Mah Camara (Mali), se sont exprimées en langue locale – fulfulde et mandingue – sur RFI Dakar.

Soutien à la participation effective au processus

La crise sanitaire ayant empêché la venue en grand nombre des féministes ouest-africaines à Paris, Equipop a soutenu ses partenaires des réseaux Alliance Droits et Santé et Jeunes Féministes d’Afrique de l’Ouest, techniquement et/ou financièrement, lors de la tenue d’événements satellites multi-acteur·rice·s (Abidjan, Bamako, Dakar, Ouagadougou), en partenariat avec les ambassades de France. Cela a donné lieu à la construction de dynamiques partenariales à moyen terme, comme au Mali, où l’ambassade de France a décidé de soutenir l’action collective des activistes en finançant un plan d’action. 

Sur de nombreux sujets, nous avons saisi l’op- portunité du FGE pour relier les efforts de plaidoyer mondiaux aux dynamiques locales et vice versa : au Burkina Faso, sur l’effectivité de la gratuité de la contraception et la prise en compte de besoins des adolescent·e·s et des jeunes ; en Côte d’Ivoire sur la réintroduction à l’agenda politique de la loi sur la santé de la reproduction ; en Guinée sur l’intégration de l’éducation complète à la sexualité dans les curricula de formation ; au Mali avec la réintroduction de l’avant-projet de loi sur les VBG.

Oumou Salif Touré a représenté le RJFAO à Paris, lors de l’ouverture du FGE, et a pris la parole lors de l’événement de haut niveau « Financer les mouvements féministes ». Son allocution visait à rappeler la nécessité de financements conséquents, flexibles et durables aux organisations féministes d’Afrique de l’Ouest. Parallèlement, d’autres membres ont pris part à des side-events officiels en ligne. Zipporah Ndione, activiste du Sénégal, a modéré la discussion de la session jeunes de la coalition d’action DSSR. Ephra- sie Coulibaly de Côte d’Ivoire, quant à elle, a participé à l’évènement du Collectif Générations Féministes, intitulé « Défendre notre féminisme : nos corps, nos genres, nos choix ».