– Mobilisées pour le FGE ! #1 – Irmine Ayihounton

– Mobilisées pour le FGE ! #1 – Irmine Ayihounton

Irmine Ayihounton, jeune activiste béninoise, nous présente son engagement pour l’égalité de genre à l’occasion du Forum Génération Égalité, qui débutera mercredi 30 juin 2021. Irmine est membre du Réseau des Jeunes Féministes d’Afrique de l’Ouest, mobilisé, avec Equipop et Alliance Droits et Santé, pour que cette rencontre mondiale au plus haut niveau conduise à des engagements étatiques décisifs pour les droits des femmes et des filles dans le monde.


Pourquoi le Réseau des Jeunes Féministes d’Afrique de l’Ouest se mobilise-t-il à l’occasion du Forum Génération Egalité ?

 

Il est très important pour nous, Réseau des Jeunes Féministes d’Afrique de l’Ouest, de nous mobiliser à l’occasion du Forum Génération Egalité. Lors de ce grand forum international, des décisions seront prises pour les femmes et les filles dans le monde. Mais combien de femmes et de filles, en particulier d’Afrique de l’Ouest, seront représentées lors de ces prises de décision ? Beaucoup trop peu, sinon pas. Nous sommes nous-même des jeunes femmes et nous avons la chance de côtoyer au quotidien les femmes et filles de 8 pays : nous connaissons les contextes, les défis à relever et avons des recommandations pertinentes et transformatives à proposer aux Etats. C’est pourquoi nous nous mobilisons pour demander à être impliquées. C’est notre mission de porter la voix des femmes et des filles d’Afrique de l’Ouest et de plaider leur cause à l’occasion du Forum Génération Égalité – car personne ne peut plaider notre cause à notre place. Nous allons noter les engagements qui seront pris et en faire le suivi, vérifier qu’ils soient tenus.

Notre participation au FGE est aussi l’opportunité de rappeler – notamment aux Etats – notre engagement, notre motivation, le fait que nous ne baissons pas les bras et que nous investissons du temps et des ressources dans la lutte pour les droits des femmes. Nous avons des plans d’action, des stratégies bien pensées, et les Etats doivent investir dans notre potentiel. Pour que ces plans d’action ne restent pas dans nos placards, nous avons besoin de davantage de financements, et des financements pérennes, aux modalités d’accès flexibles. 

 

Est-ce que tu peux nous donner des exemples concrets de ta mobilisation en tant que membre du Réseau de Jeunes Féministes ?


Tout d’abord, j’ai participé à des discussions organisées en amont du FGE :
les Curated Discussions, espaces de débats permettant aux jeunes de s’exprimer et de porter un plaidoyer sur les thématiques principales du forum. J’ai ainsi contribué à réaliser un état des lieux, à identifier les défis et à porter des recommandations sur des thématiques comme le droit à disposer de son corps, les Droits et Santé Sexuels et Reproductifs, les violences basées sur le genre ou encore les mouvements et le leadership féministe. L’objectif était notamment de souligner comment le FGE peut permettre de consolider nos acquis et de relever les défis restants sur ces sujets.

Ensuite, j’ai eu l’occasion de porter un plaidoyer direct à l’endroit du gouvernement français, de députés, et aussi de Delphine O (ambassadrice, secrétaire générale du FGE). Notamment, j’ai pu exprimer à cette dernière nos inquiétudes et recommandations quant à l’implication de Réseau des Jeunes Féministes et des jeunes féministes en général, grâce à la facilitation d’Equipop et à l’occasion du lancement du rapport annuel de l’UNFPA (“Mon corps m’appartient”).

 

J’ai aussi participé à la rédaction du guide d’activisme #GénérationsFéministes, en collaboration avec Equipop, qui fournit aux jeunes des conseils pratiques d’activisme afin de faciliter leur mobilisation pour l’égalité de genre dans le cadre du FGE.

Enfin, j’ai contribué à la rédaction de la tribune portée par le réseau – avec l’appui technique d’Equipop – NOM DE LA TRIBUNE, publiée ce mercredi 23 juin dans XX médias d’Afrique de l’Ouest.

 

Quels sont les messages principaux que tu portes, avec ton réseau, à l’occasion du Forum Génération Égalité ?

 

Nous demandons davantage de financements pour les associations féministes, de la flexibilité dans l’octroi de ces financements – afin qu’ils soient accessibles à tous et toutes – et la pérennisation des initiatives, pour pouvoir réaliser des projets dans un temps suffisamment long pour relever les défis de transformation sociale auxquels nous faisons face.

Nous demandons également aux Etats des mesures pour protéger les militantes féministes. Les sujets que nous abordons sont souvent encore tabous dans certaines régions. Par manque de compréhension, on pense que nous venons dérouter les femmes, changer les normes sans prendre en compte les contextes culturels. Il nous arrive de recevoir des menaces, d’être harcelées sur les réseaux sociaux… Le président français Emmanuel Macron a évoqué ces mesures de protection comme une priorité, nous attendons maintenant de savoir concrètement quelles formes elles prendront. Militer pour les droits des femmes ne doit pas être la source d’un mal-être, d’un danger qui finalement pourrait décourager certaines dans leur activisme.

Aussi, nous voulons que les Etats s’engagent à faire de l’Éducation Complète à la Sexualité une priorité en Afrique de l’Ouest. Les femmes ne savent même pas qu’elles ont des droits, en particulier sur leur propre corps. Elles ont intégré des normes qui les relèguent au second rang. Ce n’est qu’en informant les filles qu’elles pourront avoir conscience de leurs droits et seront capables de les défendre – en matière de sexualité ou de lutte contre les violences par exemple.