– Marche du 20 novembre : la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, un enjeu politique

– Marche du 20 novembre : la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, un enjeu politique

Comme chaque année dans le monde depuis plus de vingt ans, associations et réseaux féministes vont se mobiliser fin novembre pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles. En France, la manifestation aura une importance particulière, à cinq mois de l’élection présidentielle, et alors que plus de 100 féminicides ont déjà été commis en 2021. Voici pourquoi Equipop, signataire de l’appel de #NousToutes, ira manifester cette année encore. 

 

Cette année, en rejoignant la marche #NousToutes, Equipop souhaite adresser un message aux décideur·e·s politiques et aux candidat·e·s à l’élection présidentielle : les violences sexistes et sexuelles sont un enjeu politique, et non pas un enjeu privé. Qu’elles aient lieu à la maison, au travail ou dans la rue, les violences ne sont pas une fatalité. Jamais. 

C’est l’organisation patriarcale de nos sociétés et les choix politiques qui y sont faits qui rendent possibles ces crimes, qui protègent les agresseurs et qui décrédibilisent la parole des victimes. 

 

 

Une réponse : les approches féministes

 

La réponse doit donc être politique. Il faut penser les politiques publiques dans une perspective féministe de déconstruction des rapports de pouvoir et des modèles de masculinité. Plusieurs mesures prioritaires s’imposent. 

 

D’abord, former les personnes qui élaborent et mettent en œuvre des politiques publiques à la prévention et la prise en charge des violences sexistes et sexuelles, afin de diffuser une culture de l’égalité de genre et de la tolérance zéro à l’égard des violences. #MeToo a démontré que les violences touchaient tous les milieux et corps de métier. Ces formations doivent donc impliquer les ministères et fonctionnaires dans tous les domaines, à commencer par la police et la justice. 

 

Ensuite, appliquer l’éducation à la sexualité dès le plus jeune âge. Combien d’élèves en France, à l’âge du baccalauréat, ont aujourd’hui reçu ne seraient-ce que les trois séances d’éducation à la sexualité annuelles prévues par la loi 2001 ? 

Selon une enquête #NousToutes, deux lycées sur trois n’ont pas mis en place de référent·e·s Egalité. Alors que la parole s’est libérée dans les universités, et dans nombreux corps de métiers, quelles mesures y sont prises pour lutter contre la culture du viol et pour accueillir la parole des victimes, sans culpabilité ni défiance ? 

 

 

Une urgence : augmenter les financements publics 

 

Pour mettre en place ces réponses, il faut de toute urgence augmenter les financements alloués à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. La formation du personnel de l’Etat, les séances d’éducation à la sexualité, la sensibilisation du grand public, l’accompagnement social, juridique et psychologique des victimes : tout cela a un coût. Des budgets conséquents, utilisés dans une approche féministe, feront la différence. Cela nécessite des arbitrages financiers au plus haut niveau.

 

Avec le collectif Générations Féministes, Equipop estime qu’il faudrait allouer 0,1 % du PIB à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, c’est-à-dire un peu plus de 2 milliards d’euros pour la France. A côté de cela, les augmentations récentes du budget du ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, qui devraient porter ce dernier à un total de 50 millions d’euros pour 2022, restent dérisoires. 

 

Enfin, il faut sortir des discours d’autojustification. A l’heure du bilan du quinquennat d’E. Macron et alors que les candidat·e·s élaborent leurs programmes, Equipop appelle les responsables politiques à faire de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles une priorité gouvernementale et à mettre en cohérence discours, budgets et pratiques. Avec nos partenaires dans les différents espaces associatifs où nous nous mobilisons, nous y serons particulièrement attentives.