– Maquis des sciences : La délégation des tâches des services de planification familiale au Burkina Faso fait des débuts prometteurs

– Maquis des sciences : La délégation des tâches des services de planification familiale au Burkina Faso fait des débuts prometteurs

Equipop présentait le 21 février dernier, lors du “Maquis des Sciences” à Ouagadougou, les premiers résultats  de la capitalisation dont elle a la charge sur le projet pilote de la Délégation des tâches des services de planification familiale (PF) dans deux  districts sanitaire du Burkina Faso. Rôle clé de la formation des agent.e.s de première ligne et agent·e·s de santé à base communautaire pour un counseling de qualité et barrières à la délégation des tâches étaient au coeur du débat.

Chaque mois l’Institut français de Ouagadougou accueille « Le maquis des sciences », rendez-vous scientifique de renom organisé par l’IRD. Lors d’un panel ouvert au grand public, Equipop a rassemblé autour du thème : “La délégation des tâches au Burkina Faso est-elle la solution pour offrir les services de PF ?” plusieurs spécialistes :

  • Docteur M.Bougma, Chef du bureau de la Division PF à la Direction de la Santé et de la Famille,
  • Monsieur A. SAWADOGO, le coordinateur suivi-évaluation de Marie Stopes International,
  • Monsieur I. SORE, le coordinateur Délégation des tâches de l’ABBEF,
  • Madame E. BLIN, chargée de capitalisation d’Equipop,
  • S’est joint à ce panel Monsieur G. GUIELLA chercheur à l’Institut Supérieur des Sciences sur la Population.

Ensemble, les intervenant·e·s ont pu présenter les résultats à mi-parcours de cette expérimentation au niveau de deux districts sanitaires du Burkina Faso.

Les Agent.e.s formé·e·s pour un meilleur counseling, plus adapté aux besoins et préoccupations

Après 10 mois d’étude, Equipop a pu observer que les capacités des agent.e.s de première ligne (APL*) et des agents de santé à base communautaire (ASBC) ont été renforcées via une formation initiale  et une formation continue à travers les supervisions offertes et les ateliers d’analyse des pratiques professionnelles du dispositif de capitalisation Equipop. Ceci leur permet d’offrir des méthodes de moyenne et de longue durée d’action aux clientes et surtout de stimuler la demande en produit PF.  Grâce à l’offre de services PF directement au domicile des ASBC, c’est aussi les barrières géographiques qui sont levées. Selon Elissa Blin, chargée de capitalisation à Equipop, “un tel résultat s’explique par le fait que les APL et les ASBC sont proches des communautés et ont la capacité à trouver des réponses pour contrer les barrières, levant notamment les doutes au sujet des rumeurs entendues ici et là sur la PF”. A titre d’exemple, de nombreux maris considèrent que les méthodes de planification familiale poussent les femmes à l’infidélité. ASBC et APL et plus particulièrement les hommes sont en capacité de trouver les mots pour convaincre les maris que le raccourci entre planification familiale est infidélité n’est pas possible en expliquant par exemple que l’infidélité a toujours existé.

De ce fait, les APL et ASBC sont capables de fournir un counseling précis et adapté à tout type de besoin informationnel des clientes. A titre d’exemple, beaucoup de femmes ont peur des effets secondaires des méthodes. Lorsque les agent·e·s constatent qu’une  femme est inquiète à ce propos, ils vont veiller à ne pas utiliser de mots qui pourraient effrayer davantage la cliente – ils ne parleront pas d’inconvénients, mais plutôt de changements.

Des barrières opérationnelles et contextuelles restent à surmonter

Cette expérimentation d’offre de services de planification familiale doit également faire face à de nombreuses barrières. D’un point de vue opérationnel, c’est avant tout la mobilité des agents publics entre les différents districts qui posent problème et qui font que certains centres de santé se retrouvent dépourvus d’agents habilités à offrir des méthodes longue durée.

D’un point de vue contextuel, c’est surtout la résistance des maris et des leaders traditionnels et religieux qui constituent une barrière à l’offre de services de PF. Les femmes sont encore très nombreuses à venir en cachette et il faut relever ici la persévérance des agent·e·s à offrir des services alors qu’ils et elles peuvent être exposé·e·s à des représailles au sein de leurs communautés.

Face à ces résultats, le public s’est largement intéressé aux aspects opérationnels de la mise en œuvre. Les fondements de l’expérimentation ne sont pas remis en cause et l’expérimentation est encouragée. Les résultats sont d’ailleurs là pour le montrer.

*  Les APL sont constué.e.s des les infirmier.e.s brévété.e.s (IB), les accoucheuse.r.s auxillières (AA) et les agent.e.s itinérant.e.s de santé (AIS)