– Lutter contre les violences faites aux femmes #6 : Au Niger, avec Halimatou ZIKA SOMBEIZE

– Lutter contre les violences faites aux femmes #6 : Au Niger, avec Halimatou ZIKA SOMBEIZE

Tout au long des 16 jours d’activisme pour mettre fin aux violences faites aux femmes, Equipop interviewe ses partenaires sur leurs actions de lutte contre les violences basées sur le genre.

L’activiste Halimatou Zika Sombeize est présidente de la Cellule Nigérienne des Jeunes Filles Leaders, créée par des jeunes filles pour promouvoir l’éducation des jeunes filles et femmes, le leadership et l’entrepreneuriat féminin.

Pourriez-vous nous partager les enjeux actuels liés aux violences basées sur le genre (VBG) au Niger ?

Au Niger, il est tout d’abord nécessaire de faire en sorte que les femmes prennent conscience et connaissent leurs droits. Beaucoup de femmes sont violentées chez elles. Pour certaines c’est normal, car elles considèrent qu’en tant que femmes musulmanes, elles doivent être soumises. Pour n’importe quelle petite erreur qu’elles auraient pu commettre, si leurs maris les violentent, elles l’acceptent. Parfois, même quand elles sont blessées physiquement, elles ont des difficultés à porter plainte. Quand une femme y parvient, soit la société va la décourager jusqu’à ce qu’elle retire sa plainte, soit son mari va la menacer de divorcer et, pour protéger ses enfants, elle retire sa plainte. Faire en sorte que ces femmes se disent qu’elles ont le droit de ne pas être battues ou violentées est un défi. Nous devons faire prendre conscience aux femmes qu’elles ont le droit de porter plainte et d’être défendues par les autorités compétentes. 

Un autre enjeu sur le sujet des violences basées sur le genre au Niger est au niveau politique. Il est essentiel de faire en sorte que ces violences soient réellement et efficacement punies par la loi. Il faut qu’il y ait une loi qui interdise toute forme de violence envers les femmes et qu’elle soit appliquée.

Pourriez-vous nous donner un exemple d’action que vous menez pour y faire face ?

Une de mes activités phare de cette année contre les VBG est mon implication dans le projet Cercles d’influence, mis en œuvre avec l’appui d’Equipop et d’Equality Fund. Ce projet consiste à créer des cercles d’échanges entre des jeunes filles, des jeunes femmes et des expertes en santé sexuelle et reproductive, en éducation, en leadership, ou encore en autonomisation des femmes. L’objectif est de permettre aux filles d’échanger sur les problèmes qu’elles peuvent rencontrer en tant que jeune fille ou en tant que jeune femme et de les informer sur leurs droits. C’est étonnant de voir à quel point les jeunes filles peuvent avoir une méconnaissance de leur propre corps et droits. 

Nous abordons notamment dans ces discussions la question du harcèlement sexuel, qui est très présent dans le milieu scolaire et dans le milieu professionel. Nous parlons des différentes formes de violence, des voies et des moyens dont elles disposent pour dénoncer des enseignants ou camarades qui les harcèlent. De nombreuses jeunes femmes et jeunes filles qui ont vécu des expériences de harcèlement, n’en parlent pas à leurs parents, à leur enseignant·e·s ou au directeur·trice, à cause de nos réalités socioculturelles. En créant ces cercles d’influence, entre filles – dios to dios – cela leur permet de s’exprimer à cœur ouvert.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux jeunes filles nigériennes en ces 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles ?

Les jeunes filles doivent se dire que personne n’a le droit de porter la main sur elles, de les violenter physiquement, moralement ou psychologiquement. Elles ont le droit de s’épanouir sans stigmatisation et sans violence verbale ou physique. En tant que filles, elles ont le droit d’être des intellectuelles, d’accéder à tous les services de santé, d’étudier et de s’épanouir !