Burkinbiwili – l’empouvoirement à travers l’audit social

Burkinbiwili – l’empouvoirement à travers l’audit social

Dans cet article, Sandrine Ouédraogo, jeune auditrice de Burkinbiwili, revient sur son expérience dans le cadre du projet Burkinbiwili et sur sa participation à la CIPF. 

En quoi consiste le rôle d’auditrice dans le projet Burkinbiwili ? 

 

En tant qu’auditrice, mon rôle était d’aller dans les centres de santé et de collecter des données auprès des usagers et usagères, ainsi qu’auprès des prestataires de santé sur la qualité des soins et l’accessibilité des centres. J’ai été également incluse dans tout le processus, c’est-à-dire, dans l’analyse des données, la présentation des résultats et recommandations, et les cadres d’interpellation auprès des dirigeant·e·s locaux·ales.

Qu’est-ce que le fait d’être auditrice t’a apporté ? 

 

D’abord, être auditrice m’a permis de développer mes compétences, notamment sur l’outil de collecte que nous avons eu à expérimenter avec des tablettes : Kobo collect. C’était la première fois pour moi.
Nous avons participé au processus d’analyse des données, ce qui m’a permis de développer mes connaissances sur l’accès des jeunes aux services de santé et sur les soins apportés. Je n’avais jamais fait cela auparavant. J’ai ainsi pu mettre en avant mon expérience, avoir plus confiance en moi,  savoir que ma voix compte en fait, et que je peux prendre des décisions personnelles et collectives. Cela m’a permis de développer une influence dans la société, d’être un point de référence, d’être un exemple au niveau de ma communauté, auprès de mes pair.e.s. Ils viennent toujours vers moi pour des référencements, des conseils. 

Travailler sur ce projet en tant qu’auditrice m’a également permis d’intervenir au niveau international, avec ma participation à la CIPF. Je me suis vue grandir en esprit, dans mes capacités. Cette expérience a renforcé mes convictions sur les DSSRAJ, mon estime de moi, ma capacité à prendre la parole devant une auguste assemblée, avec les mots convenables, sans peur de dire ce que je pense et avec tout le respect qu’il faut. Cela m’a donné l’occasion de pouvoir me faire entendre et de comprendre les enjeux derrière ce projet et plus largement sur la thématique des DSSRAJ et de la PF.

Avec ces différentes expériences j’ai pu développer un réseau avec lequel je peux continuer mon militantisme, pour me faire entendre au niveau national et international. 

Qu’est-ce que cela te fait d’avoir représenté ton pays à la CIPF ? 

 

Représenter mon pays en Thaïlande a été une fierté pour moi, parce que parmi tous ces jeunes, c’est moi qui ai été ciblée. Porter les couleurs de ton pays, c’est toujours une très grande fierté. Cela permet de le valoriser, de faire connaître les activités qui y sont faites, les actions concrètes sur le terrain pour améliorer les droits et la santé des jeunes. Cela a vraiment fait grandir ma confiance en moi, comme je le disais précédemment. Ça m’a permis de reconnaître que j’ai du potentiel. Avant, quand je savais que je devais faire un partage d’expérience, quand je devais prendre la parole en public devant des personnes plus âgées que moi, qui occupent de grands postes, j’étais très stressée. J’essayais de me convaincre en me disant « je peux le faire ». C’était difficile de faire sortir mes cris du cœur. En tant que jeunes, nous n’avons pas vraiment la possibilité de nous exprimer, surtout dans les grandes instances. J’ai été très fière, en tant que jeune et en tant que Burkinabé, de pouvoir m’exprimer et dire que nous avons des expériences à partager avec d’autres pays. 

Un message à tes pair.e.s ? 

 

Je vais reprendre la citation de Stéphanie Thiombiano lors de l’ouverture de la CIPF : « il n’y a pas de limite à ce que nous pouvons accomplir en tant que jeunes ». Il faut vraiment que nous nous formions, que nous nous engagions. Il faut que nous militions pour réveiller ce qu’il y a en nous. Il y a des compétences, il y a de la qualité en chaque jeune.  Il suffit que nous allions vers les formations, que nous participions aux activités pour nous faire valoir et nous faire entendre. Nous pouvons y arriver, nous avons notre mot à dire. Il est important que l’on milite vraiment. Et c’est à travers une synergie d’actions entre jeunes que l’on se fera plus entendre, plus écouter. Donc il faut que nous travaillions ensemble, que les jeunes se réveillent et se forment. C’est important. Il faut militer. J’interpelle tous mes semblables à profiter de la place grandissante qu’on donne à la parole des jeunes aujourd’hui. 

Safiatou Djamila Sandrine Ouédraogo, étudiante en première année de master en Économie du développement et auditrice dans le projet Burkinbiwili.