Penser les féminismes en Afrique de l’Ouest

Penser les féminismes en Afrique de l’Ouest

Au mois de mars 2022, Equipop a apporté un appui technique et financier à deux évènements universitaires importants, organisés par l’Université Virtuelle du Sénégal (UVS) et l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD). L’axe « collaboration avec les universités » en construction au sein d’Equipop, met en perspective des opportunités d’innovation en termes de perfectionnement et création de méthodologies, ainsi que d’outils féministes utiles aux acteurs académiques et aux acteurs des programmes de développement dans leurs activités. Il repose également dans leur mise en synergie pour lutter contre les inégalités de genre et le patriarcat.

Les collaborations féministes avec le milieu académique constituent un chantier particulièrement important pour Equipop. Aussi, Equipop a apporté son soutien financier, logistique et technique, ainsi que l’expertise de Maïmouna Ndoye, référente Genre et Approches féministes d’Equipop, pour l’organisation de deux colloques majeurs, en mars, au Sénégal.

Le premier colloque,  intitulé « Les femmes dans la société sénégalaise : le renouveau des études sur le genre et du féminisme » (voir le colloque sur Youtube), organisé par l’Université Virtuelle du Sénégal (UVS), en collaboration avec Equipop et la Fondation Heinrich Böll, s’est tenu du 7 au 9 mars. Quelques semaines plus tard, les 30 et 31 mars, a eu lieu le colloque international sur le thème « Femmes, identités, politiques, droits et dynamiques socio-économiques : réflexions croisées », organisé par Nubianlane et le Laboratoire IG2P basé au département de sciences politiques de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), en collaboration avec Equipop.

“L’ancrage féministe est là, ne le laissez pas mourir »

L’introduction des deux colloques a été faite par la professeure Fatou Sow. Figure du féminisme au Sénégal, elle a tenu à souligner l’importance de ces rencontres dans le cheminement vers un espace académique ouvert à la réflexion et aux enseignements féministes au Sénégal. Dans son discours lors du colloque de l’UVS sur le thème de l’histoire du Féminisme en Afrique, telle fut sa phrase introductive « Lorsque l’on m’invite à un colloque féministe dans une université à Dakar, je viens ! Discuter du féminisme sur le plan académique est une telle bataille ! »

Ces mots ont été suivis d’une genèse des luttes féministes en Afrique et dans la diaspora. Des figures féministes passionnantes évoquées, une grande diversité dans les styles de pensée et les obédiences. Dans sa conclusion, la professeure Fatou Sow a souligné une constante : l’ancrage : « Quoi qu’il en soit, l’ancrage féministe est là, ne le laissez pas mourir ».

Enrichir les réflexions féministes

Aux côtés de Fatou Sow, les deux colloques ont enregistré en virtuel et en présentiel, la participation de pionnières du féminisme sénégalais ainsi que de grandes figures féministes d’Afrique et d’Europe. Ils ont été suivis par un grand nombre de participant·e·s en présentiel et en virtuel. Le public – en ligne et en présentiel – était majoritairement constitué d’étudiant·e·s de l’UVS et de l’UCAD, mais comptait également des enseignant·e·s des deux universités, des personnalités publiques du Sénégal, des partenaires jeunes féministes etc.  

La production intellectuelle facilitée par ces échanges est riche d’enjeux méthodologiques et de perspectives innovantes à l’échelle académique (enseignements et recherches) mais également, à l’échelle des projets (planification féministe, suivi évaluation orienté changement, capitalisation féministe etc.).

Des partenariats innovants avec les universités

Le Soutien au développement de connaissances et à l’innovation en matière d’approche genre et de perspective féministe est un axe central de la fiche de poste de la nouvelle position de Référente genre et approches féministes à Equipop.  Cet axe s’articule autour de trois objectifs : 

  1. Contribuer au renforcement des liens entre Equipop et les milieux académiques et de la recherche féministe.
  2. Promouvoir les interfaces et espaces d’échanges féministes au travers de partenariats dans les milieux académique et militant.
  3. Identifier, sélectionner, partager  des informations sur le travail mené par des activistes féministes dans diverses sphères et qui touchent des thématiques prioritaires d’Equipop.

Ce soutien d’Equipop à ces activités fait écho à son intérêt croissant de renforcer sa participation aux réflexions et actions des acteurs et actrices d’Afrique de l’Ouest, qui pensent et agissent en faveur de l’égalité femmes-hommes. Le partenariat avec des chercheur·es et universitaires est stratégique, dans la mesure où l’éclairage des études genre et du féminisme est central pour arriver à des politiques et programmes de transformatrices des structures inégalitaires. Les inégalités systémiques s’expriment notamment à travers la recrudescence des violences faites aux femmes et aux filles, les contraintes à la réalisation de leurs droits économiques, les atteintes à leurs droits reproductifs et sexuels, la recrudescence des mouvements anti-droits, l’épuisement militant etc.

L’objectif principal de la démarche de partenariat d’Equipop avec les acteurs/trices des universités, est de créer les conditions optimales pour des échanges pluridisciplinaires autour des problématiques de genre et féministes, dans le respect de la  diversité des identités,  des postures et des positionnements.