– Lutter contre les violences faites aux femmes #3 : En Guinée, avec Kadiatou Konate

– Lutter contre les violences faites aux femmes #3 : En Guinée, avec Kadiatou Konate

Tout au long des 16 jours d’activisme pour mettre fin aux violences faites aux femmes, Equipop interviewe ses partenaires sur leurs actions de lutte contre les violences basées sur le genre.

Kadiatou KONATE est défenseuse des droits des jeunes filles. Elle est Présidente intérimaire du Club des Jeunes Filles Leader de Guinée (CJFLG).

Quels sont les enjeux liés aux violences faites aux filles et aux femmes en Guinée ?

En Guinée, c’est une question assez délicate et les chiffres sont très alarmants. Il faut noter certaines avancées, même si ce n’est pas suffisant : les statistiques sur les mariages d’enfants donnaient 54% en 2012 et en 2018, 51%. En revanche, les questions des violences et agressions sexuelles prennent de l’ampleur. On constate de plus en plus de viols, dont les auteurs sont souvent des proches : parents, voisins, etc. Pour ce qui est des mutilations sexuelles féminines, cela n’évolue pas. Les statistiques sont quasiment les mêmes depuis des années. Selon la dernière étude démographique sur la santé, en 2018, 95% des femmes et filles sont excisées. 

Comment luttez-vous, au sein du Club des Jeunes Filles Leader de Guinée, contre les violences faites aux femmes ?

Nous empêchons des mariages d’enfant. Lorsque nous apprenons qu’une mineure va être mariée, nous cherchons à entrer en contact avec elle et à vérifier les informations dont nous disposons. Nous faisons ensuite appel à un service de protection pour dénoncer, puis nous interpellons les parents de la victime afin de les convaincre si le mariage a lieu plus tard. Si nous n’avons pas le temps d’échanger avec les parents et que le mariage est imminent, on ne parle pas de négociation mais on envoie la fille dans un service de protection pour annuler le mariage. On échange seulement ensuite avec les parents et le plus souvent ils changent d’avis et on parvient à rester en contact avec eux par la suite. Nous sommes dans 32 zones d’intervention en Guinée. Je ne dispose pas encore des chiffres nationaux de 2020, mais pour la zone de Conakry je dirais qu’on a pu arrêter entre 5 et 10 mariages d’enfant cette année.

As-tu un message à faire passer à l’occasion des 16 jours d’activisme pour mettre fin aux violences faites aux femmes ?

A l’occasion des 16 jours d’activisme, nous menons des activités de sensibilisation dans les zones insulaires pour débattre sur les questions de violences basées sur le genre et distribuer des kits scolaires et sanitaires aux femmes et aux filles.

Chacun et chacune a une partition à jouer : aux journalistes de relayer comme il se doit les informations, aux organisations de la société civile de dénoncer et de sensibiliser les communautés pour qu’elles soient avec nous, aux services de protection de veiller à l’application des lois, à la justice de rendre justice aux victimes, aux gouvernement de veiller à la bonne marche des systèmes de protection mis en place dans les pays africains et dans tous les pays, afin d’assurer la protection des filles. Actuellement, pour nous en Guinée, le plus important est la mise en place d’un centre d’accueil afin d’obtenir la prise en charge effective des victimes de violence.