– « Diplomatie féministe : passer aux actes » : le HCE interpelle le gouvernement

– « Diplomatie féministe : passer aux actes » : le HCE interpelle le gouvernement

Le Haut conseil à l’égalité a remis son rapport d’évaluation de la stratégie « diplomatie féministe » de la France aux ministres Catherine Colonna et Isabelle Rome. Equipop a grandement contribué à ce rapport qui attire l’attention du gouvernement sur le niveau d’ambition à atteindre pour conduire une véritable politique étrangère féministe.

Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) remettait hier, lundi 3 juillet 2023, son rapport d’évaluation, intitulé « Diplomatie féministe : passer aux actes – rapport final d’évaluation de la Stratégie internationale de la France pour l’égalité entre les femmes et les hommes (2018-2022) », à Catherine Colonna, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, et Isabelle Rome, Ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances.

C’est l’aboutissement de plusieurs mois de travail de la commission « Diplomatie féministe enjeux internationaux et européens », co-présidée par Jocelyne Adriant-Mebtoul et Nicolas Rainaud, responsable plaidoyer chez Equipop. Les membres de la commission ont notamment conduit une vingtaine d’auditions auprès d’un panel très divers de représentant·e·s des institutions à haut niveau, par exemple des ambassadeur·ice·s dans les capitales ou auprès d’instances multilatérales (ONU, OTAN), les directions d’opérateurs agissant dans des domaines très divers (Agence française de développement, Expertise France, Agence pour l’enseignement français à l’étranger, Institut français), ainsi que la Direction générale du Trésor.

Définir, assumer, financer

Le rapport dresse un état des lieux de la mise en œuvre de la stratégie internationale pour l’égalité 2018-2022, publiée un an avant l’adoption officielle de l’expression « diplomatie féministe » par le MEAE. Au bout de cinq ans, le HCE pointe trois insuffisances principales : la diplomatie féministe française n’a pas de base conceptuelle solide, elle fait l’objet d’un portage politique trop timide, et s’appuie sur des ressources insuffisantes, en termes financiers et de ressources humaines.

Des progrès sont à noter, mais pour passer à une politique étrangère féministe qui soit effective, il faudra franchir un véritable palier. Le HCE émet dans cette optique 18 recommandations articulées autour de trois axes – « définir, assumer, financer » : 

  • définir clairement le concept de « diplomatie féministe » ou « politique étrangère féministe », de manière inclusive et en co-construction avec les organisations féministes ; 
  • affirmer au plus haut niveau l’engagement du gouvernement – notamment dans les instances européennes et internationales ; 
  • doter la stratégie de moyens humains et financiers adéquats.

Dans un contexte de backlash contre les droits de toutes les femmes et des personnes LGBTQI+ dans le monde, y compris en France, le HCE considère que la diplomatie féministe représente un outil crucial, qui doit être porté à tous les niveaux et dans tous les axes de la politique étrangère.

Il y a quelques mois, Equipop avait publié un rapport d’analyse sur le backlash qui formule des recommandations à la France, permettant la mise en œuvre d’actions concrètes pour se diriger vers cet objectif.

Les recommandations du HCE doivent maintenant être prises en compte dans l’élaboration de la prochaine stratégie internationale de la France pour l’égalité entre les femmes et les hommes (2023-2027). Le HCE participera aux échanges tout au long du processus. Equipop continuera de contribuer à ce travail au nom du HCE, mais également en son nom dans les divers groupes de travail, afin, aussi de faire remonter en priorité les attentes des féministes d’Afrique de l’Ouest.