Rencontres au sommet pour défendre le soutien aux mouvements féministes des Suds

Rencontres au sommet pour défendre le soutien aux mouvements féministes des Suds

Dans le cadre du projet Féministes en Action, une délégation composée de sept militantes féministes africaines s’est rendue à Paris du 23 au 27 Janvier pour mener un plaidoyer en faveur des mouvements féministes des Suds.

Pendant cinq jours, Adeline NEGOB (Association pour l’Epanouissement de la Femme, Tchad), Dieynaba N’DIOM (Initiative pour la Santé de la Reproduction, Mauritanie), Mamounata KI/OUEDRAOGO (Réseau pour la Promotion et l’Autonomisation de la Femme Rurale, Burkina Faso), Marie-Paule OKRI (Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes, Côte d’Ivoire), Najet AARI (Association Tunisienne des Femmes Démocrates, Tunisie), Rolande ABSAYAH (Association au secours des Filles Mères, Cameroun) et Totine KOLANI (Initiative Féminine pour le Développement, Togo), ont enchaîné les rencontres avec les décideur·euse·s françaises. Elles ont pu ainsi porter leurs messages et partager leurs expériences en tant qu’organisations féministes avec, entre autres, Madame Isabelle ROME, Ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances ; des membres de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes du Sénat ; Madame Marie-Hélène LOISON, Directrice générale adjointe de l’AFD ou encore Monsieur Raphaël DANG, Conseiller au cabinet de la Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.

Réalités des organisations féministes et accès aux financements au cœur des échanges

Les militantes féministes africaines ont saisi l’opportunité de ces rencontres pour partager les enjeux en cours, dans leurs pays, sur les droits des femmes : protection des droits acquis face aux backlashs et à la montée des conservatismes, impunité des auteurs de violences liée à la non-application des lois existantes en matière de violences basées sur le genre, etc. Une occasion d’engager un dialogue sur la politique étrangère féministe de la France et sur comment cette dernière peut encourager les pays avec lesquels elle coopère à appliquer les lois relatives aux droits des femmes.

L’importance de mobiliser davantage de financements pour les organisations féministes fut le message central porté par les féministes lors de ces rencontres. Cette augmentation des financements est clé pour les organisations afin de leur permettre de relever les nombreux défis qui se présentent à elles. Pour mener à bien leurs actions, les organisations mobilisent des équipes bénévoles rendant précaire le suivi des activités et les changements initiés. La question de la professionnalisation de ces organisations par le biais de ressources humaines stables et dédiées est donc clé. Cela passe inévitablement par des budgets prennant en compte ces ressources humaines.

Sans compter qu’il est nécessaire d’assouplir les modalités d’accès aux financements. En effet, celles-ci tendent à limiter l’accès des « petites » organisations (organisations ayant un budget annuel de moins de 30 000 dollars) aux financements, alors même que ces « petites » organisations représentent presque la moitié des organisations féministes dans les pays des Suds selon l’Association for Women’s Rights in Development (AWID)[1]. Autre point abordé : l’importance de penser à des dispositifs pour assurer la sécurité des militantes féministes dont les prises de position peuvent parfois leur valoir des menaces de mort.

[1] Où est l’argent pour l’organisations des mouvements féministes ? 2021

Un premier rdv réussi qu’il faut maintenant traduire en actions concrètes

A l’issue de cette semaine de plaidoyer, c’est le sentiment d’avoir été entendu qui prédominait au sein de la délégation. Cette première série de rencontre n’est qu’un début, chacune des féministes et des organisations a la ferme volonté de continuer à agir au sein de leur pays pour transformer ces rencontres en actions concrètes en faveur des mouvements féministes des Suds : communication auprès des ambassades, plaidoyer pour la création d’un label de professionnalisation des organisations dans la gestion des budgets pour un accès facilité des organisations féministes à d’autres fonds… Tout un programme pour que les féministes poursuivent leurs mobilisations et leurs actions transformatives pour des sociétés plus justes.

Photos : Juliette Dupuis Carle