Amplifier les voix féministes 

Amplifier les voix féministes 

En Afrique de l’Ouest, comme dans d’autres régions du monde, on assiste à un renouvellement des combats en faveur de l’égalité de genre, avec l’émergence de voix féministes jeunes qui lient de nouveaux répertoires d’action aux luttes historiques pour les droits des femmes.

Les activistes et associations pour les droits des femmes sont paradoxalement très peu soutenues financièrement, bien qu’elles soient des actrices de changement très efficaces. La part de l’aide publique au développement qui leur est généralement destinée est minimaliste. En Afrique de l’Ouest francophone, les organisations féministes n’échappent pas à la règle, tout particulièrement lorsqu’il s’agit de mouvements de jeunes féministes. Pourtant face à des courants conservateurs forts, leur apport à la construction de sociétés justes est crucial. Dans cette perspective, Equipop met à disposition des ressources pour soutenir l’action collective des mouvements féministes d’Afrique de l’Ouest.

RENFORCER L’ACTION COLLECTIVE AVEC LE RJFAO

Depuis 2018 et grâce à plusieurs projets, Equipop apporte son soutien au Réseau des jeunes féministes d’Afrique de l’Ouest (RJFAO), composé d’activistes féministes de 8 pays d’Afrique de l’Ouest francophone. En mettant à disposition du réseau et de ses membres des ressources permettant de se réunir, de mener des discussions communes sur les principes et valeurs féministes, ou de se mobiliser collectivement dans des plaidoyers communs, Le réseau entreprend notamment des réflexions sur le bien-être des militantes, leur santé mentale et les dynamiques de solidarité que ses membres peuvent mettre en place entre elles. Depuis sa création en 2018, le Réseau des jeunes féministes d’Afrique de l’Ouest a gagné en résonance, en visibilité et commence à fédérer de plus en plus largement. Il s’agit désormais de continuer à se consolider en allant dans le sens de l’intégration à une dynamique féministe globale en Afrique de l’Ouest francophone. Initialement composé d’une trentaine de membres depuis sa création, le réseau s’engage actuellement dans un élargissement progressif pour accueillir de nouvelles énergies féministes.

SOUTENIR LES DYNAMIQUES FÉMINISTES MULTIPLES QUI SE FORMALISENT EN AFRIQUE DE L’OUEST

Les énergies féministes en Afrique de l’Ouest francophone sont foisonnantes. Dans chacun des pays, des actrices s’organisent dans des actions collectives et transformatrices. Equipop soutient plusieurs initiatives féministes nationales, en proposant à ces mouvements différents fonds, et un accompagnement selon leurs besoins pour renforcer leurs pouvoirs d’agir et d’organisation. 

Il s’agit également d’encourager la synergie entre toutes ces actrices et systématiser les espaces de rencontre et de discussion entre jeunes féministes. Ces espaces per- mettent aux féministes de mener un travail préliminaire sur leurs représentations, y com- pris sur les questions considérées comme moins consensuelles (droit à disposer libre- ment de son corps, droits LBTQIA+, travail du sexe, etc.), afin de prendre le temps de développer une parole et une analyse fémi- niste, en phase avec leurs actions de défense des droits des femmes. C’est également un moyen de renforcer leur sororité et de permettre une diffusion des savoirs féministes entre militantes aux profils et expertises divers. Equipop facilite la création de ce type d’espaces d’échanges, comme c’est le cas lors de l’organisation de cafés-débat féministes, ou en soutenant les organisations mettant en place des rencontres nationales féministes.

CONSOLIDER L’INFLUENCE DES JEUNES FÉMINISTES POUR AMPLIFIER LEUR VOIX ET LEUR POUVOIR

L’influence des mouvements de jeunes féministes ne peut être traitée sans questionner les rapports de pouvoirs dans les sociétés dans lesquelles elles interviennent, et la manière dont leurs demandes sont prises en compte dans la conception et la mise en œuvre des politiques et programmes. Le changement vers des sociétés égalitaires nécessite ainsi qu’elles puissent avoir accès aux sphères de décision, pour porter leurs revendications, mais aussi remettre en question ces dynamiques de pouvoir. Dans cette optique, Equipop travaille donc à faciliter l’accès de ses partenaires féministes aux réseaux et aux ressources dont elle dispose, dans une logique de transfert et de partage du pouvoir et de l’influence. Pour cela, Equipop entend contribuer à positionner les féministes comme des actrices incontournables dans la définition des politiques publiques, en restant vigilante aux risques d’institutionnalisation et de dépolitisation du combat féministe. Le rôle qui peut être joué par les acteurs et actrices de la solidarité internationale est important : il s’agit de questionner les pratiques de financements, notamment en mettant en avant le principe de non mise en concurrence des actrices féministes, ouvrir les espaces de décision et de pouvoir aux actrices féministes dans leur diversité, en appuyant leur participation aux différents processus politiques, et systématiser une lecture féministe des enjeux publics.

Burn out et épuisement militant : comment lutter contre ce phénomène ? 

Les militantes féministes – qui allient obligations familiales et professionnelles à leur engagement, dans des contextes où les réactions de la société et de l’entourage face au féminisme sont parfois hostiles – font souvent face à une phase d’épuisement. Cette forme de burn-out est souvent accentuée par du cyber- harcèlement ou des violences en ligne. L’action collective est l’une des pistes pour lutter contre ce phénomène, et faciliter le travail sur la question du bien-être des militantes, comme l’explique Cornélia Glélé, féministe béninoise : «Cela survient fréquemment surtout à cause du cyber harcèlement qu’on subi. On craque, on se sent incomprise. Cherchez du réconfort au profit d’autres féministes. Déconnectez-vous au besoin et prenez le temps pour vous. »