– Women Deliver – De Charlevoix à Biarritz et au-delà : le G7, accélérateur de l’égalité entre les sexes ?
Plusieurs activistes féministes se sont retrouvé·e·s à Vancouver, au Canada, pour participer à Women Deliver 2019. Parmi les différents événements qui ont jalonné cette conférence, une table ronde le 4 juin a été consacrée au rôle que pourrait jouer le G7 pour accélérer les efforts en matière d’égalité femmes-hommes.
Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes, a livré un message très clair dans son discours d’ouverture : aucun pays n’a réalisé l’égalité des sexes. Elle a souligné l’importance d’agir collectivement et de bâtir de larges alliances. Elle a félicité la France et le Canada d’avoir construit des ponts entre les deux présidences du G7, tout en rappelant le devoir d’exemplarité des Etats du G7 en matière d’égalité femmes-hommes : chaque avancée est un signal d’espoir pour les femmes du monde entier.
Les investissements dans la société civile sont essentiels
Katja Iversen, directrice de Women Deliver, a décrit l’objectif du Conseil consultatif sur l’égalité des sexes de 2019 : proposer un ensemble de mesures législatives progressistes en faveur de l’égalité des sexes. Elle a souligné le rôle crucial de la société civile dans la réalisation d’avancées pour les femmes et les filles. La nécessité de rassembler largement autour d’un changement vers l’égalité femmes-hommes a également été mis en évidence par Michael Kauffman, chef de file de plusieurs réseaux proféministes : les hommes doivent être des alliés, il faut interroger les masculinités. Toute la société tirera bénéfice de ces évolutions.
Le mouvement W7 doit avoir une place à la table des négociations
Dans la continuité du message de Katja Iversen, Aurélie Gal-Regniez, directrice d’Equipop, a rappelé les revendications du Women 7. Premièrement, plus de financements pour les organisations féministes, davantage de ressources mais aussi des modalités de partenariat adaptées. Deuxièmement, une participation accrue et systématique des femmes et des filles à l’élaboration des politiques. Sur ce deuxième point, elle a expliqué la nécessité et l’intérêt pour les gouvernements d’évoluer vers une réelle co-construction des politiques publiques avec les associations féministes. Quant à la préparation du sommet de Biarritz, deux défis majeurs restent à relever en termes de participation de la société civile au G7 : assurer la participation du W7 à la ministérielle Finances et sécuriser un échange avec les chef·fes d’Etat à Biarritz .
Irmine Ayinhouton, jeune féministe d’Afrique de l’Ouest, s’est exprimée au nom des “ sans-voix”, toutes ces femmes et ces filles qui n’ont pas voix au chapitre. Elle a rappelé à son tour que les femmes et les filles devaient être systématiquement associées à la construction des politiques qui les concernent et à la table des négociations, à commencer par le G7 : “ce qui se décide sans nous se décide contre nous”!.
Rendez-vous est pris à la ministérielle Finances et au Sommet de Biarritz.
L’émergence des diplomaties “féministes” et les enjeux de la passation du G7 aux Etats-Unis
Lyric Thompson, de l’ICRW (International Center for Research on Women), a rappelé les attentes du W7 en matière de politique étrangère, alors que la France affirme défendre une diplomatie “féministe”, à l’instar du Canada, ou de la Suède. Elle a souligné quelques principes fondamentaux et notamment: garantir la participation des femmes et des filles dans les instances de décision, soutenir des approches et des actions qui visent une réelle transformation sociale, et augmenter les financements des associations féministes, à tous les niveaux. Elle a également souligné l’importance de se mobiliser ensemble en amont de la passation de la présidence française du G7 aux Etats-Unis en 2020, notamment sur la question des droits et de la santé sexuels et reproductifs (DSSR).
Poursuivre les efforts au-delà des engagements du Canada et de la France
Les ministres responsables de l’égalité des sexes pour la France et le Canada, Marlène Schiappa et Maryam Monsef, ont réitéré les engagements de leurs gouvernements respectifs pour faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une priorité absolue. Le Canada a annoncé une augmentation de son aide publique au développement à hauteur de 1,4 milliards de dollars par an pour les droits et la santé des femmes, et la création d’un nouveau fonds de soutien aux associations féministes, faisant du pays le premier investisseur en faveur des organisations de femmes dans le monde. La France a quant à elle confirmé un engagement de 120 millions d’euros pour les associations féministes.
La ministre Schiappa a souligné que l’égalité femmes-hommes est une cause mondiale. La mobilisation pour cette cause se poursuit, non seulement dans le cadre du G7, mais aussi dans la perspective du 25e anniversaire de la Conférence de Pékin, qui sera célébré en France en juillet 2020.