– Tou·te·s mobilisé·e·s contre les violences sexistes et sexuelles
Partout dans le monde, les violences sexistes et sexuelles constituent pour des millions de femmes et de filles une réalité tragiquement banale. Leur ampleur et leurs effets peinent à être reconnus par la société, les instances judiciaires et les pouvoirs politiques. Pour le 25 novembre, journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, nous joignons notre voix à l’ensemble des associations qui, en France comme en Afrique de l’Ouest, dénoncent ces violences et nous appelons à une augmentation des moyens alloués pour les combattre.
Très tôt dans l’épidémie Covid-19, les associations féministes du monde entier ont alerté les gouvernements sur le risque de répercussions importantes sur les femmes, leurs droits et leur santé. Alors que la charge mentale des femmes s’alourdissait dans les foyers, les professionnelles de santé ont été en première ligne des réponses Covid-19, tout en étant écartées des espaces de prise de décision. Dans le même temps, les violences sexistes et sexuelles ont fortement augmenté. Dès les premières mesures de confinement, les associations ont constaté une hausse des appels à l’aide sur leurs lignes d’écoute. Aujourd’hui, la réponse des États est encore loin d’être suffisante.
Une année de hausse des violences sexistes et sexuelles dans le monde
En France, un an après le Grenelle contre les violences conjugales, le mouvement féministe Nous Toutes a lancé un nouvel appel à l’action, suite au succès de la mobilisation de 2019. A défaut d’avoir pu organiser de grands rassemblements, les féministes françaises se sont mobilisées dans l’espace public localement et sur la toile massivement. Les motifs d’inquiétude et de colère n’ont pas décru en un an : le nombre de féminicides reste scandaleusement élevé et la culture du viol ne faiblit pas. A cela s’ajoute le risque de fragilisation d’un dispositif central dans la prise en charge des violences. Le 3919, numéro d’appel national pour les femmes victimes de violences, pourrait bientôt faire l’objet d’une mise en concurrence, ce qui risquerait de diminuer la qualité de son service et de faire vaciller le réseau national d’associations qui le gère depuis sa création.
En Afrique de l’Ouest, des jeunes militantes féministes se mobilisent pour dénoncer les violences et faire évoluer les lois, comme au Sénégal où a enfin été promulguée une loi criminalisant le viol en janvier de cette année, ou au Mali où des marches contre les violences conjugales ont largement rassemblé en septembre. Dans la même dynamique, associations et activistes ont interpellé les décideur·e·s sur l’impact de la crise Covid-19 sur les droits et la santé des femmes, en s’appuyant sur une enquête menée dans 7 pays. Leurs revendications s’articulent autour de la participation des femmes dans les instances d’élaboration et de gestion des ripostes Covid-19, la prévention et la prise en charge des violences, et le maintien des services de santé sexuelle et reproductive.
Equipop publie une série d’interviews de 8 militantes féministes et personnalités associatives engagées dans cette mobilisation à partir du 25 novembre à l’occasion des 16 jours d’activisme pour mettre fin à la violence faite aux femmes.
Prendre la mesure du défi, prendre les mesures qui s’imposent
En 1995, les mouvements féministes du monde entier ont permis d’obtenir de grandes avancées pour les droits des femmes lors de la conférence de Pékin. Un peu plus de 25 ans plus tard, cet agenda ambitieux souffre encore d’un manque de volonté politique. Les mouvements féministes ne peuvent se satisfaire du statu quo, et encore moins d’un “retour de bâtons” contre leurs droits fondamentaux : il est temps que les Etats prennent la mesure de l’enjeu et financent de véritables politiques publiques de lutte contre les violences. La France accueillera en 2021 le forum Génération Égalité, avec ONU Femmes et le Mexique, qui aboutira au lancement de six coalitions d’action pour les droits des femmes. Dans la continuité de sa mobilisation lors de la présidence française du G7 en 2019, Equipop souhaite, aux côtés de ses partenaires, impulser de nouvelles dynamiques inter-associatives, en France et en Afrique de l’Ouest, pour faire entendre la voix des mouvements féministes lors de ce rendez-vous. En tant que co-organisatrice du forum et championne de la coalition d’action pour les droits et la santé sexuels et reproductifs, la France doit se saisir pleinement de la lutte contre les violences faites aux femmes, aussi bien à travers ses politiques publiques nationales qu’à travers sa politique étrangère.