_Retour sur le Sommet de l’Avenir 2024 : Agir pour une gouvernance mondiale inclusive et féministe !
Le Sommet de l’Avenir 2024, tenu à New York les 22 et 23 septembre, a rassemblé les leaders mondiaux autour de l’adoption du Pacte de l’Avenir. Trop ambitieux pour les un·e·s et trop peu progressiste pour les autres, ce document d’une trentaine de pages vient “réaffirmer l’engagement des États-membres envers l’Agenda 2030 et la construction d’un monde plus prospère et inclusif”, abordant des sujets aussi divers que les changements climatiques, l’égalité des genres, les missions de maintien de la paix, l’intelligence artificielle ou encore la finance internationale.
Dans un contexte de crise de confiance envers le multilatéralisme onusien, et où de grands progrès demeurent à faire en matière d’inclusivité et de représentativité des premiers·ères concerné·e·s, Equipop a soutenu la participation de ses partenaires féministes et jeunes d’Afrique de l’Ouest francophone avec l’objectif de transformer durablement les systèmes de gouvernance, en intégrant les perspectives féministes et en assurant une participation significative des femmes et des jeunes dans les prises de décisions internationales.
Le Pacte de l’Avenir : des avancées prometteuses, mais des défis persistants
Le Sommet de l’Avenir a débouché sur un pacte offrant des pistes d’action pour promouvoir une gouvernance mondiale plus inclusive. Ce pacte engage les États à entreprendre des actions concrètes en matière d’égalité de genre, de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ainsi que de droits sexuels et reproductifs (DSSR). Ces engagements sont prometteurs, notamment pour la suite de l’Agenda 2030 et les initiatives post-sommet. Cependant, malgré ces avancées, plusieurs points d’attention demeurent.
Les négociations du pacte ont montré les limites des engagements des États, notamment face aux pressions exercées par les gouvernements conservateurs qui se sont opposés au pacte en dernière minute (cf. Russie, Syrie, Nicaragua, Bélarus, Iran et Corée du Nord). Certaines définitions, comme celles de la discrimination ou de la vulnérabilité, ont été affaiblies afin d’exclure les populations LGBTQI+. De plus, un changement de vocabulaire a été observé, avec un glissement des « politiques sociales » vers des « politiques familiales », occultant ainsi les questions cruciales liées à la jeunesse, à l’éducation et à la santé.
Enfin, le pacte demeure non contraignant, ce qui soulève des interrogations quant à la réelle volonté des États de mettre en œuvre ces recommandations. Si des questionnements ont été posées autour d’une restructuration du Conseil de Sécurité (cf. plus d’inclusivité ; droit de veto) et d’une réforme des institutions financières internationales, il n’est pas certain que le pacte ait pu remédier à la crise de confiance envers le multilatéralisme onusien et aux défaillance du système.
Visibiliser les voix féministes au cœur des discussions internationales
Pour Equipop, l’un des objectifs centraux a été de s’assurer que les voix des jeunes et des féministes, notamment celles issues de l’Afrique de l’Ouest francophone, soient entendues et prises en compte. En amont du Sommet, l’organisation a mobilisé une trentaine de jeunes et de partenaires féministes à travers des espaces d’échanges en ligne pour élaborer un document de positionnement commun. Ces efforts ont permis de formuler des recommandations claires et précises, portées par celles qui vivent et combattent au quotidien les effets des inégalités de genre et des violences sexistes.
Lors des Journées d’Action précédant le Sommet de l’Avenir, Equipop a organisé un side event intitulé « Nos futurs féministes ». Ce moment a été l’occasion pour les jeunes militantes de partager leurs visions et leurs aspirations en matière d’égalité de genre, de droits sexuels et reproductifs (DSSR), et d’autonomie corporelle, y compris dans des contextes de crises sécuritaires. Ces principales recommandations ont par ailleurs été mises en avant dans le cadre du side-event organisé par ONU Femmes et la coalition d’action DSSR et autonomie corporelle du Forum Génération Égalité (FGE). Lors de cette conférence une militante féministe est intervenue et a partagé son savoir expérientiel, contribuant ainsi à l’élaboration de solutions concrètes dans ce cadre global de réflexion.
Un soutien constant aux activistes féministes
Bien que le processus vers le Sommet de l’Avenir semble avoir été impulsé par un réel effort et une plus grande volonté d’impliquer les jeunes et les personnes minorées dans le processus de négociation, le défi pour les OSC et leurs partenaires réside dans l’obstacle structurel qu’est la marginalisation de la société civile lors des négociations multilatérales qui ont pour cible principale les États-membres. S’y ajoute une certaine dissonance entre à la fois le discours sur l’implication des jeunes, la réalité du nombre limité de participation et le manque des mécanismes de soutien mis à disposition (cf. obtention de visa, soutien financier), qui peut générer des frustrations (cf. Dialogue de la Jeunesse).
Dans ce contexte complexe, où la présence de la société civile demeure une plus-value en termes de veille, de contrepoids aux mouvements anti-droits et de connexion entre plaidoyers nationaux et internationaux, le rôle d’Equipop est d’offrir un accompagnement et un soutien adaptés aux activistes, qui y font entendre des voix souvent minorées dans les débats globaux. Equipop, en tant qu’organisation dans la défense des droits des femmes et de la justice sociale, a su adapter ses pratiques pour mieux soutenir ses partenaires dans ce type d’espace. Que ce soit par un appui technique, financier ou stratégique, l’organisation se fixe pour objectif d’améliorer continuellement les conditions de participation des jeunes et des féministes de l’Afrique de l’Ouest francophone dans les discussions internationales.
Le plaidoyer, pour à la fois une Participation Significative et Inclusive des Jeunes (PSIJ) et une Justice Linguistique, constitue d’ailleurs un axe stratégique fort pour Equipop. L’inclusion de ces voix dans les espaces de gouvernance internationale est essentielle pour garantir des décisions plus justes et égalitaires. C’est ainsi que l’organisation entend contribuer à une transformation durable des systèmes de gouvernance mondiaux, en assurant une prise en compte réelle des revendications des femmes et des jeunes dans les politiques publiques, ainsi ouvrant la voie vers une gouvernance plus inclusive, intersectionnelle et féminsite, axée sur l’égalité et la justice sociale.
Un engagement renforcé pour l’avenir
Equipop réitère son engagement à soutenir les mouvements féministes et les activistes, tant au niveau national qu’international. La nécessité de financements flexibles et à long terme pour les organisations féministes, ainsi que le suivi des engagements pris lors du Sommet, est cruciale pour garantir des avancées durables. Les processus ICPD+30 et Pékin+30 en 2025, ainsi que la Conférence sur le financement du développement international, sont autant d’opportunités pour renforcer le plaidoyer en faveur des droits des femmes et des jeunes.
De plus, Equipop appelle à la mobilisation des ressources auprès des bailleurs pour traduire ces engagements dans des cadres normatifs contraignants. Comme l’a affirmé Foteini Papagioti lors du side-event organisé par Equipop, il est indispensable de continuer à investir dans ces dynamiques collectives pour garantir que les droits des femmes et des jeunes soient au cœur des agendas internationaux.
Dans cette optique, l’alliance féministe francophone, annoncée lors du Sommet de la Francophonie, est une étape supplémentaire vers l’adoption d’approches féministes dans les politiques publiques. Il est plus que jamais crucial de renforcer ces alliances et d’assurer un suivi des engagements pris, afin de construire un avenir où l’égalité et la justice sociale ne seront plus de simples aspirations, mais des réalités concrètes.