– Rapport d’activité – 2023-2024

– Rapport d’activité – 2023-2024

En ce moment, impossible de passer à côté des manifestations d’un patriarcat ultranationaliste et réactionnaire qui se met beaucoup en scène, partout sur le globe. Des regroupements hétéroclites d’États, d’organisations issues de l’extrême droite, de mouvements religieux fondamentalistes et de grandes fortunes conservatrices s’appuyant sur des financements importants continuent à dessiner un agenda anti-genre et antidémocratique. Ces acteurs infiltrent les espaces de prise de décision et de dialogue jusqu’à s’inviter dans des rassemblements pour l’égalité de genre comme en a témoigné la présence de l’ex-présidente hongroise, figure emblématique des mouvements anti-droits, à la dernière édition de Women Deliver à Kigali.

 

En 2023-2024, Equipop a consacré une grande partie de ses efforts à décrypter cette menace et à appeler à la mobilisation en publiant des études, interpellant les médias, animant des discussions publiques. Car il n’existe pas de remède tout prêt pour contrer cette offensive mais une conviction : la voie est politique et chaque personne, chaque organisation a un rôle à jouer. La neutralité n’est pas une option. Plus que jamais, il nous faut réfléchir à comment organiser nos sociétés et faire monde en commun. En matière d’imaginaire, il s’agit de contrer les tentations de replis identitaires mortifères, de lutter contre l’ultra-marchandisation et de mettre en lumière nos interdépendances. Pas question ici d’abandonner l’idée d’un universel comme horizon désirable, mais, garder en tête qu’il ne se décrète pas et reste toujours en formation dans un dialogue à nourrir en partant de la multiplicité des luttes dans le monde. En matière de mobilisation, au-delà d’une convergence incantatoire, il s’agit d’oeuvrer à de larges alliances transnationales autour d’objectifs communs qui parviennent à combiner des modes d’action divers (plaidoyer, campagnes sur les réseaux sociaux, recours en justice, occupation de l’espace public…). Le respect de nos singularités, l’attention aux relations de pouvoir qui inévitablement agissent sur la manière dont on se solidarise et la conscience des liens entre les inégalités sexistes, racistes et économiques doivent nous guider.

 

Dans la mise en oeuvre de cette feuille de route, les mouvements et associations féministes jouent un rôle crucial et elles le font tous les jours. Elles apportent des visions critiques précieuses pour comprendre la complexité des problèmes contemporains et inventent de nombreuses réponses très concrètes. C’est pourquoi Equipop est particulièrement fière d’avoir soutenu financièrement dans dix pays, et en particulier en Afrique de l’Ouest où les crises se multiplient, quarante-quatre associations de première ligne. Avec ce soutien, ces activistes sécurisent leurs locaux, prennent soin de leurs bénévoles, lancent leurs propres médias, sensibilisent les jeunes aux violences sexistes, font pression sur leurs décideurs pour des politiques plus ambitieuses en faveur des droits et de la santé sexuels et reproductifs, travaillent avec la recherche pour produire des connaissances. Nous sommes également fières d’avoir facilité des rencontres et des partenariats au niveau régional et international. C’est toutes ensemble que nous avons défendu un agenda progressiste dans plusieurs espaces politiques, y compris en poussant les portes pour les activistes qui ont peu accès à ces lieux de pouvoir. Enfin, au plus près des réalités, nous avons expérimenté de possibles solutions aux problèmes sociaux avec des mouvements citoyens, des professionnel·le·s socio-sanitaires, des associations et des chercheur·e·s.

 

Tout ce travail ne peut être mené qu’à travers de multiples collaborations reposant sur la confiance et la volonté de participer ensemble à un monde juste et durable. Merci de faire partie de cette communauté d’action !

 

Aurélie Gal-Régniez
Directrice exécutive