– Mobilisation au Mali et au Burkina pour mettre fin à l’excision et aux mariages précoces
Equipop et son partenaire l’AMSOPT sont engagés, depuis 2010 dans la région de Kayes au Mali, dans une dynamique de promotion de l’abandon durable des mutilations sexuelles féminines (MSF) et du mariage précoce (MP). 2018 voit le démarrage d’une nouvelle étape avec le lancement du projet « Protéger les prochaines générations », qui permet d’étendre l’action à la région de l’Est du Burkina Faso avec l’association SOS Jeunesse et Défis.
Une stratégie globale et coordonnée pour mettre fin à l’excision et aux mariages précoces
Dans cette nouvelle phase du projet, au Mali, les activités visent à consolider les dynamiques d’abandon des MSF et du mariage précoce dans plus de 150 villages, qui ont bénéficié des phases précédentes, et dont 140 se sont engagés officiellement et publiquement à mettre fin à l’excision. Un volet mobilisation politique, porté par les jeunes, vient compléter les activités de terrain en vue d’accélérer le processus d’adoption d’une loi interdisant les MSF au Mali. Au Burkina Faso, le dispositif de mobilisation sociale, la prise en charge médicale des conséquences de l’excision et la participation des autorités locales, qui ont précédemment fait leurs preuves au Mali, vont être répliqués.
Les activités de la nouvelle phase sont lancées :
– Au Burkina Faso, la formation des équipes de terrain et des leaders communautaires a eu lieu, la mobilisation des autorités sociales et sanitaires est en cours et les premières actions de sensibilisation dans les villages ont démarré. Les prochaines étapes concerneront la formation des personnels de santé et des médecins à la prise en charge des séquelles de l’excision et le démarrage des prises en charge médicales.
– Au Mali, les jeunes champion·ne·s et leaders ont été identifié·e·s et formé·e·s. Près de 50 enseignant·e·s ont bénéficié d’un renforcement de capacités sur les MSF. Quant aux actions de mobilisation politique, elles démarreront au 1er trimestre 2019 avec les nouveaux et nouvelles élu.e.s issu·e·s des élections présidentielles d’août 2018 et législatives prévues en novembre 2018.
Le Mali et le Burkina Faso : deux contextes législatifs différents en matière d’excision
En termes législatifs, le Burkina Faso est doté depuis le 13 novembre 1996 d’une loi qui interdit la pratique de l’excision et en punit les auteur·e·s et complices d’une amende de 900 000 francs CFA et de 3 années d’emprisonnement (10 ans si la victime décède). Au Mali, depuis plusieurs années, de nombreux acteurs et actrices de la société civile, dont l’AMSOPT, mais aussi des institutions et des agences des Nations Unis ont travaillé à la rédaction d’un avant-projet de loi contre les Violences Basées sur le Genre (VBG). Cet avant-projet a été remis en 2017 au Ministère de la Promotion de la Femmes pour être porté à l’Assemblée nationale. Toutefois, des résistances existent toujours contre l’adoption d’une loi pénalisant les MSF et les mariages précoces.
Des rencontres entre parlementaires sont prévues dans le cadre du projet afin de faciliter les échanges et permettre un transfert d’expériences. Les parlementaires burkinabés démontreront à leurs homologues malien·ne·s que même si la loi seule est insuffisante pour mettre fin aux MSF, elle joue un rôle majeur pour créer un environnement favorable à l’abandon.
Les jeunes au centre de la mobilisation politique
En s’appuyant sur la capitalisation de la phase précédente et convaincus du rôle essentiel que les jeunes ont à jouer dans les changements sociaux favorables à l’abandon des pratiques néfastes à la santé, Equipop et ses partenaires mettent les jeunes au centre d’un dispositif de mobilisation politique. Au Mali, de jeunes champion·ne·s et leaders seront formé·e·s et accompagné·e·s dans la mise en œuvre de campagnes sur les réseaux sociaux et d’actions de plaidoyer en direction des parlementaires et autorités étatiques. L’objectif est de contribuer à faciliter l’adoption d’une loi contre l’excision, et plus largement la création d’un environnement favorable à leurs Droits et Santé Sexuels et Reproductifs.
L’implication de la diaspora dans le projet se poursuit
En France, l’accompagnement des diasporas au processus d’abandon des MSF et du MP dans les pays d’origine est essentiel. D’abord, les diasporas maliennes et burkinabées ont un pouvoir socio-économique très fort dans les communautés d’origine et leur avis est crucial dans la validation des décisions. Ensuite, les impliquer dans le projet est un moyen d’en faire des relais positifs de l’abandon ou, si tel n’est pas le cas, de neutraliser une éventuelle influence négative face au changement. Enfin, informer les diasporas de l’abandon de la pratique permet également d’éviter l’envoi de petites filles vivant en France au village d’origine de leurs parents pour y subir une MSF. Plus globalement, la création de ponts entre les communautés en Afrique et en Europe participe au processus de changement collectif basé sur des échanges d’expériences et le dialogue, et est un élément essentiel à un changement social durable.