– Label ampli – “Devenir une référence en termes de gouvernance” – Interview de Brehima Ballo, AMSOPT
Bréhima Ballo est chargé de programmes à l’AMSOPT-Mali (association malienne pour le suivi et l’orientation des pratiques traditionnelles). Il a porté le processus de labellisation de son organisation pour lui permettre d’atteindre le niveau 2.
Rappelez-nous ce qu’est l’AMSOPT ?
L’AMSOPT est une organisation de la société civile malienne créée en 1991. Elle rassemble des femmes et des hommes engagé·e·s en faveur des droits des enfants, des DSSR et dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Nous avons un siège à Bamako et 4 antennes à l’intérieur du Mali. Nous travaillons sur la communication pour les changements de comportement, le plaidoyer, la prise en charge des survivantes des violences basées sur le genre. Nous comptons 28 salarié·e·s et travaillons avec des organisations spécialisées sur certains registres, par exemple des juristes lorsqu’une fille veut porter plainte.
L’AMSOPT a atteint le niveau 2 du Label ampli. Pourquoi ne pas avoir postulé directement au niveau 3 ?
En prenant en compte nos forces et faiblesses, considérant que nous faisions beaucoup de choses plus informelles que formelles, à l’unanimité notre Conseil d’administration a décidé de postuler au niveau 2. Pour ce niveau, 90 % de nos pratiques correspondaient déjà. Puis, j’ai suivi les conseils dispensés par Pascal Ilboudo, responsable DO (développement organisationnel) d’Equipop, pour améliorer nos processus : redéfinir le plan stratégique, revoir notre manuel de procédures de gestion administratives, financières et comptables, notre plan de communication… Ce travail de préparation nous a permis de pouvoir atteindre ce niveau 2 dans de bonnes conditions.
Mais cet exercice n’a pas été simple. Il faut accepter de se remettre en cause et de s’engager dans une démarche qualité. La première étape est de prendre conscience que l’on doit être une ONG de référence, avec des normes et des requis.
Nous n’avons pas tenté le niveau 3 car nous nous sommes dit : il faut se donner les moyens de bien consolider les soubassements avec le niveau 2. Mais en 2023, nous irons pour le niveau 3. On va se préparer en conséquence. Nous connaissons déjà la démarche, les conditions et les preuves à fournir.
Mais le niveau 3 n’est pas une fin en soi. Même s’il y avait un niveau 4, nous le tenterons. L’important pour nous c’est de devenir une référence en termes de gouvernance.
Ce Label ampli change beaucoup de choses pour vous ?
C’est très intéressant pour être plus crédible d’abord en interne, puis, en externe. Dès que nous allons vers des bailleurs ou partenaires, tous nos documents sont désormais prêts à être fournis. C’est un vrai avantage.
Moi même, j’ai pris confiance, je me sens à l’aise pour travailler avec des partenaires, même avec des grosses structures internationales. Je n’ai plus peur des audits. Toutes nos pièces sont prêtes, administratives, justificatives, tout est propre.
Nous sommes en train de monter en puissance.
Ce Label ampli pourrait avoir une réelle incidence sur l’écosystème des OSC au Mali ?
Il est évident que les organisations qui ont une bonne gouvernance, qui ont développé un certain niveau de qualité, sont celles qui vont durer longtemps, recevoir davantage de financements, d’appui des partenaires qui voient à long terme.
Grâce à cet exercice auquel AMSOPT s’est prêté, nous passons des audits organisationnels auprès de grands bailleurs de fonds, par exemple UNFPA, AFD, Amplify change. Et lors de notre dernier audit, nous avons eu 20 sur 21 ! Les partenaires étaient très contents. L’auditeur international nous a d’abord présenté ses félicitations. Puis il a posé la question : comment avez-vous fait pour vous améliorer à ce point ? J’ai expliqué le processus du Label ampli. Il a compris et nous a donné d’autres conseils pour qu’on puisse être encore meilleur. C’est simple, plus les résultats d’audits sont bons et plus les partenaires sont avec nous.
Au Mali, pour le moment nous sommes 3 organisations labellisées – AJCAD-Mali, AMSOPT, RENAJEM – et nous travaillons déjà ensemble. Il n’y a pas de réseau formel, mais nous nous renforçons mutuellement. Lorsque RENAJEM a échoué pour le niveau 1 l’an passé, nous les avons encouragés pour ne pas lâcher l’affaire. Et en voyant les efforts de l’AJCAD-Mali pour atteindre le niveau 3, je me suis dit : “maintenant, nous aussi on se met au boulot pour atteindre ce niveau-là”.
Des organisations vous ont-elles approchées pour connaître les modalités pour postuler au Label ampli ?
À plusieurs reprises déjà des organisations m’ont sollicité. Lors de la remise des certificats, de jeunes organisations étaient un peu jalouses dans un sens positif : elles se sont dit « nous aussi nous devons faire pareil”. Aussi, une organisation locale a lu mes tweets, et m’a sollicitée pour entrer dans la démarche de labellisation.
J’ai d’abord interrogé leur volonté en interne de pouvoir s’engager dans une démarche qualité. Puis, je les ai mises en contact avec Equipop, pour voir dans quelle mesure ces organisations peuvent être labellisées.