– Label ampli – “Rien ne nous limite pour adopter de bonnes pratiques” – Interview d’Agathe Blanc, AFJCI
Interview d’Agathe Blanc, Chargée de programme à l’AFJCI (Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire). En tant que membre du Comité de labellisation du Label ampli, elle a réalisé deux missions d’évaluation des organisations, au Niger et en Guinée. Retour d’expérience.
Rappelez-nous ce qu’est l’AFJCI ?
Nous sommes une organisation composée de femmes de carrières juridiques et judiciaires qui militent pour l’amélioration des droits des femmes et filles en Côte d’Ivoire. Nous travaillons à la vulgarisation des textes de loi, nous offrons l’accompagnement juridique, l’assistance judiciaire, notamment pour les victimes de violences basées sur le genre.
Nous avons aussi des actions de plaidoyer pour l’amélioration de l’environnement juridique, ou encore pour une meilleure prise en charge des DSSR (Droits et santé sexuels et reproductifs).
L’AFJCI compte une centaine de salarié·e·s et plus de 200 membres bénévoles. L’association gère 12 cliniques juridiques installées en Côte d’Ivoire. Elles couvrent plus de 50 % du territoire ivoirien.
A noter que l’AFJCI a obtenu le niveau 1 du Label ampli lors du premier appel à candidature.
Que vous a apporté votre expérience de membre du comité de labellisation Label ampli ?
J’ai pris part aux missions d’évaluation des organisations au Niger et en Guinée. À titre personnel, ces missions m’ont permis de me rendre compte de la dynamique et la volonté de toutes les organisations de la société civile (OSC) d’améliorer leurs pratiques à travers l’instauration d’une culture de la qualité en interne. Pour nous, l’enjeu central était d’amener les OSC à entamer une démarche qualité. J’ai pu constater que ces organisations étaient attentives à nos observations et très réceptives à nos remarques. Elles étaient vraiment disposées à franchir la première étape pour entrer dans une dynamique de durabilité.
Quels types de changements avez-vous constaté ?
Si je repense à des années en arrière, les OSC s’inscrivaient dans une démarche d’immédiateté. Là, je vois que les organisations s’inscrivent dans la durabilité et la consolidation de leurs pratiques. L’enjeu pour elles est de mobiliser plus de ressources pour réaliser leurs missions.
Ces organisations menaient des réflexions sur la nécessité de se professionnaliser. Concrètement, certaines s’interrogeaient sur la pertinence d’avoir un responsable de suivi-évaluation. Notre mission sur le terrain a permis de leur démontrer que certains postes sont nécessaires pour que l’organisation puisse poursuivre sa marche vers la professionnalisation.
Une autre incidence concerne la composition du Conseil d’administration. Par exemple, pour une organisation qui travaille sur l’accès des jeunes aux DSSR, nous avons recommandé que le tiers des membres du CA soient des jeunes. Ces éléments concrets aident les organisations à être plus en phase avec leurs objectifs.
Ces missions d’évaluation ont-elles une incidence sur votre vision pour l’AFJCI, organisation dont vous êtes Chargée de programme ?
Cela m’a permis de confirmer que notre vision et nos aspirations pour améliorer nos pratiques sont partagées par de nombreuses autres OSC.
Cela nous met aussi au défi d’améliorer nos pratiques. J’ai vu des jeunes organisations qui en termes de développement organisationnel dépassent le niveau de l’AFJCI qui a pourtant plus de 35 ans ! Ça nous démontre que cette progression dépend avant tout d’une question de volonté. Rien ne nous limite pour adopter de bonnes pratiques. J’ai partagé ce point avec notre présidente pour pouvoir l’inscrire dans notre projet.
Avez-vous des conseils pour les organisations qui souhaitent prétendre au Label ampli ?
Tout part de la démarche qualité et du processus de développement organisationnel. Ce processus accorde beaucoup de crédibilité aux organisations. Si les partenaires constatent que l’organisation n’est pas stable, que l’ossature n’est pas solide, ils font demi-tour. Ils sont plus à l’aise lorsqu’ils savent que nous sommes dans un processus d’amélioration de la qualité.
Cela rassure aussi les membres de l’organisation. Nos bénévoles notamment sont rassurés lorsqu’ils savent que l’organisation travaille à améliorer ses pratiques.
Comment les organisations labellisées peuvent-elles contribuer à accroître la visibilité du Label ampli ?
Il y a la communication classique sur tous les supports Label ampli reçus. Nous l’avons mis en pied de page de tous nos courriers. Nous pouvons également en parler davantage sur les réseaux sociaux.
Mais la première étape est la communication interne pour faire connaître le Label ampli. Il faut que les membres de l’organisation connaissent le label. Il faut que tout ce qui est institutionnel, le CA comme le staff, s’approprient le label. Si le CA s’approprie le Label, il va l’inscrire durablement dans la vision de l’organisation.
Et bien entendu, lors des évaluations avant le lancement d’un projet, quand le partenaire déroule sa grille, nous lui présentons le Label pour qu’il sache quels éléments nous avons validés. C’est là que tout se joue.