– Gouvernement Barnier : la diplomatie féministe ne doit être ni abandonnée, ni dévoyée
Les droits des femmes et l’égalité de genre doivent faire l’objet de financements substantiels, au niveau national et dans le cadre d’une diplomatie féministe. Ils ne doivent en aucun cas être instrumentalisés à des fins de politiques anti-immigration. Suite à la nomination de Michel Barnier, Equipop veillera à ce que les engagements des précédents gouvernements soient maintenus.
Le 7 juillet dernier, la coalition du Nouveau Front Populaire est arrivée en tête des résultats des élections législatives anticipées. Pendant plusieurs semaines, Emmanuel Macron a mené des consultations à l’issue desquelles seuls des noms d’hommes ont été évoqués pour le poste de premier ministre. Les deux candidatures de femmes – Laurence Tubiana et Lucie Castets – ont été refusées par le président. Le 6 septembre, Emmanuel Macron a fait le choix de nommer au poste de premier ministre Michel Barnier, issu du parti Les Républicains (LR), arrivé en 4e position et ne réunissant que 7% des voix.
Michel Barnier vient d’un parti politique de sensibilité conservatrice, notamment sur les enjeux liés aux droits et à la santé sexuels et reproductifs, comme le droit à l’avortement (en témoignent les amendements déposés par les sénateurs LR contre la constitutionnalisation de l’IVG) ou encore les droits des personnes LGBTQIA+ (Michel Barnier s’était lui-même opposé à la dépénalisation de l’homosexualité en 1981). Lorsqu’il était candidat à la primaire LR en 2022, M. Barnier a porté des idées et des mesures proches de celles de l’extrême droite, proposant par exemple un référendum et un moratoire sur l’immigration, et remettant en cause la légitimité de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Au niveau européen, le groupe PPE dans lequel siègent les député·e·s LR n’a pas de ligne claire sur les droits des femmes et s’abstient voire s’oppose régulièrement aux textes visant à faire avancer l’égalité de genre.
Cette nomination a de quoi rendre sceptique sur la place qu’occuperont les droits des femmes dans le futur gouvernement, tant au niveau de la politique intérieure de la France qu’au niveau de sa politique étrangère. Par ailleurs, le gouvernement Barnier ne peut se former que parce que le RN annonce ne pas le censurer a priori, et il ne tiendra qu’à cette condition.
Les gouvernements successifs des quinquennats d’Emmanuel Macron ont fait des droits des femmes un sujet de communication majeur. Les engagements précédemment pris en matière d’égalité de genre et de diplomatie féministe doivent être a minima maintenus et mis en oeuvre.
Equipop sera très attentive à la composition du prochain gouvernement, à ses orientations politiques ainsi qu’au budget qui devrait être voté d’ici la fin de l’année. Nous interpellons les parlementaires pour qu’ils et elles jouent pleinement leur rôle de contrôle et d’animation du débat démocratique lors des futures échéances (présentation de la politique générale, adoption du budget, etc.) Equipop sera également vigilante au fait que les droits des femmes ne soient pas instrumentalisés. Il ne faut ni enterrer la diplomatie féministe française, ni la dévoyer au service d’un agenda anti-immigration.