– Forte mobilisation pour les droits humains
Depuis deux ans, Equilibres & Populations est engagée dans un plaidoyer actif pour que l’expression « droits humains » remplace celle de « droits de l’Homme », qui invisibilise les femmes. Retour sur ce 10 décembre 2016, journée internationale des [droits de l’Homme], au cours de laquelle la mobilisation en faveur des droits humains s’est encore amplifiée.
En 1948, lorsque les Etats membres de Nations unies signèrent la Déclaration universelle des droits de l’Homme à Paris, Eleanor Roosevelt insista pour que la version anglaise ne soit pas intitulée « man’s rights » mais bien « human rights ». Depuis, l’immense majorité des traductions ont préféré cette formulation, plus inclusive. La France, elle, continue d’utiliser l’expression « droits de l’Homme » qui, avec ou sans majuscule, invisibilise les femmes.
Il y a deux ans, Equilibres & Populations a décidé de s’investir dans la création du Collectif « Droits Humains pour tout-e-s », conçu pour promouvoir le remplacement de l’expression « droits de l’homme » par « droits humains ».
Un nombre de soutiens croissant
Après avoir structuré un argumentaire qui démontre méthodiquement que les raisons de conserver l’expression « droits de l’Homme » ne sont pas pertinentes, le collectif avait lancé un appel en 2015. Très vite, 70 associations avaient manifesté leur soutien, dont Coordination SUD. Puis deux évènements mobilisateurs ont eu lieu à Paris, dont le dernier le 10 décembre 2015.
A travers sa participation dans le collectif, Equilibres & Populations a donc poursuivi son plaidoyer dans les différents processus auquel elle participe, notamment dans le domaine de l’aide publique au développement française. Ce 10 décembre 2016, que l’on pourrait renommer « première journée internationale des droits humains », la mobilisation s’est élargie.
Concours d’éloquence
Le collectif « Droits Humains pour tout-e-s » a organisé un concours d’éloquence en partenariat avec la Mairie de Paris, dans une salle de la mairie du IIIème arrondissement. Marguerite Bannwarth, chargée de communication et de plaidoyer à Equilibres & Populations, a animé cette matinée au cours de laquelle les candidat-e-s se sont succédé-e-s à la tribune. L’évènement a démontré qu’il y a de multiples façons de promouvoir l’utilisation de l’expression « droits humains » : par des arguments juridiques, des arguments de langage, etc, et avec un trait d’humour !
Le jury était présidé par Hélène Bidard, adjointe à la maire de Paris, qui l’année dernière a fait changer « droits de l’Homme » en « droits humains » dans le titre officiel de sa fonction. Le premier prix a été remis à Anne-Sophie Reinhardt, qui a montré qu’une personne peut être conditionnée par la sémantique, et se sentir tour à tour inférieure ou supérieure en fonction du langage utilisé.
Tribune politique
Deux jours avant ce concours d’éloquence, 81 parlementaires avaient publié une tribune pour que « la France réaffirme son universalisme en choisissant pour terminologie officielle « droits humains » plutôt que celle de « droits de l’Homme ». Catherine Coutelle, à l’initiative de cet appel, avait annoncé qu’elle s’engageait fortement sur la question au cours de l’évènement organisé par le Collectif « Droits Humains pour tout-e-s » en décembre 2015. Un an plus tard, le résultat est là : parmi les 81 signatures, on retrouve celles de président-e-s de commissions majeures de l’assemblée nationale. Cela prouve que le plaidoyer politique en faveur des droits humains a désormais dépassé le domaine de la société civile.
Par conséquent, Equilibres & Populations va poursuivre ce plaidoyer, en essayant d’élargir la base de soutien, pour, à moyen terme, faire définitivement évoluer les pratiques. Lorsque l’on lit des phrases telles que « la violence contre les femmes est une violation des droits de l’homme » dans des textes onusiens tout à fait officiels, on comprend l’ampleur de la tâche. Faire adopter l’expression « droits humains », cela signifie mieux poser les bases pour comprendre comment sont perpétuées les inégalités entre les femmes et les hommes. C’est donc un des moyens de les faire reculer, au même titre que les actions sur la santé ou l’éducation qu’Equilibres & Populations mène en Afrique de l’Ouest.