– CSW 2017 : Une mobilisation d’ampleur dans un contexte difficile
Vendredi 24 mars s’est achevée à New York la 61ème Commission sur le Statut des Femmes. Equilibres & Populations a suivi les négociations, plus tendues que jamais. Dans un tel contexte, le texte final est relativement satisfaisant sur le fond – un résultat en partie dû à l’activisme de certains Etats, tels que la France, et la vigilance de la société civile.
Chaque année, la commission sur le statut des femmes (CSW) est le grand rendez-vous sur les questions d’égalité femmes-hommes au niveau international. Au-delà du partage d’expériences sur une thématique prédéfinie, qui était cette année “l’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution”, l’enjeu principal demeure, année après année, d’évaluer les rapports de force diplomatiques.
Or, pour la 61ème réunion de la commission, le contexte était plus tendu que jamais. C’était en effet la première réunion depuis l’élection de Donald Trump. On anticipait une position américaine beaucoup plus conservatrice que les huit années précédentes. Le risque de blocage des négociations était donc réel, puisque la voix américaine devait venir renforcer celles de la Russie, du Vatican, et d’autres Etats qui ralentissent systématiquement l’adoption d’un langage progressiste en matière de droits des femmes
Des négociations interminables
De fait, les tractations diplomatiques ont été extrêmement délicates durant les semaines de négociations. Certains soirs, les discussions se sont prolongées jusqu’à 5 heures du matin, comme un symbole de la difficulté à faire converger les visions.
Au final, même si les pays nordiques, par exemple, ont menacé de ne pas signer le texte final, la commission a bien fini par accoucher de ses “conclusions agréées”. Et, sur le fond des sujets, ce texte est loin d’être catastrophique.
C’est en ce qui concerne les thématiques centrales à l’action d’Equilibres & Populations que la situation est la moins tranchée. Si la commission appelle les gouvernements à assurer l’accès à “la santé sexuelle et reproductive et aux droits reproductifs”, c’est une manière de ne pas prononcer l’expression “droits sexuels”, qui, bien plus large, garantit le respect effectif des droits des femmes. Cependant, un tel statu quo était largement prévisible, et presque souhaitable au regard des risques de recul dans le domaine.
Pour démontrer son souhait de défendre ces sujets, et de ne pas laisser les Etats conservateurs gagner du terrain, la France a porté une déclaration au nom de 22 pays de l’Union Européenne, rappelant que les droits sexuels et reproductifs sont des prérequis indispensables pour le développement des hommes, des femmes et des jeunes filles.
Quelques avancées notables
Dans d’autres domaines, on peut constater des avancées. La Commission appelle les gouvernements à développer et adopter des stratégies attentives au genre, afin d’augmenter la résilience des femmes aux impacts, notamment économiques, du dérèglement climatique.
La violence et le harcèlement à l’encontre des femmes a également été évoqué, avec un focus particulier sur la nécessité de renforcer les lois et politiques promouvant le retour des victimes de harcèlement et de violences sur le marché du travail.
Enfin, le langage concernant “les familles” est constructif, dans le sens où il reconnaît la réalité de la diversité des structures familiales.
Equilibres & Populations constate par conséquent que, malgré une pression de plus en plus forte, certaines demandes des associations féministes ont été entendues.
Nous continuerons à suivre de près les négociations ayant trait aux droits des femmes : nous serons à nouveau à New York dès la semaine prochaine, à l’occasion de la 50ème Commission sur la Population et le Développement.