– 50ème Commission sur la Population et le Développement : échec des négociations sur les DSSR
Equilibres & Populations et des membres d’Alliance Droits et Santé ont participé à la 50ème Commission sur la Population et le Développement aux Nations Unies. La session s’est conclue par un échec : des divergences fortes en ce qui concerne les DSSR et l’éducation complète à la sexualité ont empêché les Etats membres d’aboutir à un accord final.
« J’ai le regret de retirer le projet de résolution intitulé “évolution de la structure par âge de la population et développement durable” parce que nous n’avons pas pu aplanir nos divergences et parvenir à un compromis » : c’est sur ces paroles de la présidente qatari que s’est terminée vendredi 7 avril la semaine de négociations de la cinquantième édition de la Commission Population et Développement, au siège des Nations Unies, à New York.
Le mois précédent, les Etats membres avaient pourtant trouvé un compromis à la fin de la Commission sur le Statut des Femmes (CSW).
Ce n’est pas fondamentalement surprenant, dans la mesure où les questions abordées à la CPD sont plus précises qu’à la CSW, et portent précisément sur des points qui font l’objet de fortes divergences entre les Etats. Mais cet enchaînement négatif montre que la mobilisation en faveur des DSSR et des droits des femmes au niveau international reste indispensable. A défaut, les positions conservatrices gagneront inévitablement du terrain dans les années à venir.
Blocages sur des concepts pourtant déjà agréés
Comme on pouvait le craindre, le rôle pivot des Etats-Unis a été prépondérant. Défenseurs des droits des femmes pendant plusieurs années, les Etats-Unis ont désormais un parti-pris très conservateur.
Il y a un mois, ils s’étaient montrés moins proactifs – preuve que l’administration Trump est effectivement en train de mettre en oeuvre concrètement ses positions théoriques. A la CPD, les Etats-Unis ont donc modifié l’équilibre des négociations onusiennes, en confortant les positions des Etats arabes ou africains, et en rejetant de manière systématique les propositions en rapport avec les DSSR ou l’éducation complète à la sexualité. Le résultat illustre cette bascule dans les rapports de force : du langage qui avait par le passé été accepté dans le cadre des Nations unies, et qui donc n’est plus censé être sujet à controverse, a cette fois-ci été refusé.
La France, au nom de 31 pays, a déploré cette absence de consensus lors de la cérémonie de clôture, tout en rappelant l’importance des droits sexuels, notamment des adolescent·e·s, et de l’éducation complète à la sexualité pour capitaliser sur le dividende démographique.
L’implication croissante des acteurs et actrices d’Afrique de l’Ouest
Equilibres & Populations, en partenariat avec le gouvernement français, a co-organisé un évènement autour des besoins en santé sexuelle et reproductive des jeunes en Afrique de l’Ouest. Tenue le premier jour des négociations, cette session a donné la parole à la Ministre de la Population du Niger, au Ministre de la Jeunesse du Burkina Faso, au Secrétaire d’Etat français au Développement et à la Francophonie, au Directeur exécutif de l’UNFPA, au Coordonnateur de SOS Jeunesse et Défis, association burkinabè membre du réseau Alliance Droits et Santé, et à Aurélie Gal-Régniez, Directrice exécutive d’Equilibres & Populations.
La participation du Coordonnateur de SOS Jeunesse et Défis, Célestin Compaoré, qui s’étendait à l’ensemble de la semaine, a été facilitée par Equilibres & Populations. Les Etats d’Afrique de l’Ouest francophone étant peu représentés dans les négociations onusiennes, il était important que la société civile commence à jouer un rôle en la matière. Cela permettra, à moyen terme, non seulement de s’assurer que la parole diplomatique à New York est en accord avec les politiques et programmes mis en oeuvre au niveau national, mais aussi de renforcer le camp de la défense des DSSR – ce qui, comme on l’a malheureusement constaté au cours de cette CPD, redevient crucial.