– « C’est le rêve d’une fille » par Chanceline Mevowanou

– « C’est le rêve d’une fille » par Chanceline Mevowanou

A l’occasion de la journée internationale des droits humains, nous vous partageons le texte plein d’espoir écrit et lu par Chanceline Mevowanou, militante féministe béninoise, à l’occasion du festival Brisons le Silence organisé en novembre dernier par l’association Filactions et du Voyage d’échanges féministe organisé par Equipop.

C’est le rêve d’une fille.
Une fille d’ici,
Une fille de là-bas,
Une fille d’ailleurs,
Une fille de quelque part :

 

Un jour, je serai libre.
Un jour, nous serons libres.
Libres, libres ensemble.

 

Un jour, nous allons nous réveiller moins anxieuses, moins stressées.

Nous serons enfin traitées comme des personnes dignes et souveraines
Qui s’appartiennent à elles-mêmes,
Qui parlent pour elles-mêmes.

Un jour, nous aurons la paix.
La paix de vivre dans nos maisons,
Sans peur ni crainte.

La peur de subir.
La peur d’un propos.
La peur d’un geste déplacé.

Nous pourrons bouger, manger, dormir
Sans avoir à faire attention,
Sans devoir remettre quelqu’un à sa place.

C’est le rêve d’une fille.
Une fille d’ici,
Une fille quelque part,
Une fille là-bas.

 

Un jour, nous n’aurons plus à nous inquiéter
Dans la rue, à l’école, au travail,
Des mains qui nous touchent sans accord,
Des avis non sollicités.

 

Un jour, les voix dans nos têtes qui murmurent :
“Tu l’as peut-être cherché”,
“Tu n’es pas assez”,
Seront réduites au silence.

 

Un jour, nous serons nos propres alliées,
Nos refuges.

 

Un jour, nous aurons la joie.
La joie de porter ce que nous voulons,
Danser, bouger, planer,
Faire ce qu’on veut de nos corps, de nos vies.

 

Un jour, nous ne serons plus ignorées.
Nous serons vues.
Entendues.

 

Un jour, nous n’aurons plus à nous battre, à résister, à réclamer.
Notre humanité ne sera plus discutée.

 

Un jour, le patriarcat, le sexisme, la misogynie, l’homophobie…
Seront oubliés.

Ils seront rangés dans les livres d’Histoire,
Et les enfants demanderont :
“C’était quoi ?”

 

Un jour, la rue appartiendra à celles qui rient,
A celles qui courent sans se cacher,
A celles qui dansent sans crainte,
A celles qui sont libres, entières et complètes.

 

Nos corps seront célébrés, respectés, aimés.

 

Un jour, les montagnes parleront de nos victoires.
Les rivières chanteront nos libérations.
Les forêts, longtemps témoins silencieuses,
Tendront leurs mains pour nous applaudir.

 

Un jour, le vent portera nos noms.
Les étoiles raconteront nos histoires.

 

Un jour, nous marcherons ensemble, main dans la main.
Nos voix s’élèveront,
Plus fort que tous ces silences imposés.

Nous construirons des ponts, des chemins,
Où chaque femme trouvera sa place,
Où aucune ne sera laissée derrière.

 

Un jour, nous nous retrouverons dans l’unité,
Dans la joie, dans la paix,
Là où régnera la justice,
Là où fleurira l’égalité,

 

Nos rêves ne seront plus des luttes, mais des réalités.

Chanceline Mevowanou est une militante féministe béninoise et la fondatrice de Jeunes Filles Actrices de Développement, une organisation féministe basée au Bénin. Spécialiste en communication et en management de projets, elle est engagée dans les luttes pour l’élimination des violences basées sur le genre et pour la justice de genre.

Le Voyage d’échanges féministe a été organisé dans le cadre du projet Générations Féministes : Lyon et sa métropole, territoires d’égalité, soutenu financièrement par l’Agence Française de Développement et la Fondation de France.