-Briser le silence : Riposter et se reconstruire après les violences gynécologiques et obstétricales
Les 16 Jours d’activisme contre la Violence Basée sur le Genre (VBG) sont un moment clé pour sensibiliser et mobiliser autour des différentes formes de violences faites aux femmes. En 2024, sous le thème « Riposter et se reconstruire après les violences », nous soulignons non seulement l’importance de la résistance face à l’injustice, mais aussi les stratégies de guérison face aux violences gynécologiques et obstétricales (VGO). Un combat que nous menons activement au Sénégal à travers notre projet « Notre corps, notre santé ».
Les 16 Jours d’activisme : sensibilisation et mobilisation collective
Lors des 16 Jours d’Activisme, nous intensifions nos efforts de sensibilisation pour informer le public sur l’ampleur des VGO et encourager les survivantes à briser le silence. Nous menons diverses actions pour informer le public, encourager les survivantes à sortir du silence et promouvoir le soutien.
En partenariat avec des médias communautaires et féministes, nous organisons des débats et des émissions qui permettent de diffuser des témoignages de survivantes, d’expert-es et d’activistes. Une campagne digitale sur les réseaux sociaux accompagne ces initiatives, avec des témoignages, infographies pour toucher un large public. Un webinaire de lancement réunira des spécialistes et des militant·e · s pour discuter des mesures à prendre face aux violences et pour soutenir les survivantes. Par ailleurs, des séances de sensibilisation sont organisées dans les écoles, comme celle menée à l’école Mermoz, pour éduquer les jeunes générations et changer les mentalités.
Les violences gynécologiques et obstétricales : une réalité silencieuse
Les violences gynécologiques et obstétricales (VGO) désignent toutes les formes de maltraitance physique, psychologique et verbale infligées aux femmes lors des soins médicaux liés à la gynécologie et à l’obstétrique. Elles englobent des actes comme les agressions physiques, le non-respect du consentement éclairé, les humiliations verbales, et la médicalisation excessive lors de l’accouchement. Ces violences, souvent invisibles, se produisent dans un cadre censé être protecteur, celui de la santé, et constituent une grave atteinte à la dignité des femmes et à leurs droits humains fondamentaux.
Au Sénégal, comme ailleurs, il est urgent de les dénoncer et de les combattre. Ces violences plongent les femmes dans une souffrance, tant sur le plan corporel qu’émotionnel. Mais elles ne sont pas seulement le résultat de pratiques médicales inappropriées ; elles font également partie d’un système patriarcal plus large, où les femmes sont souvent soumises à des rôles et attentes sociales restrictifs.
Ces violences sont vécues au quotidien par de nombreuses femmes. Fatou, 32 ans, nous confie :
« Lors de mon accouchement, j’ai été insultée et humiliée. On me disait que je devais faire plus d’efforts pour accoucher, et que, au contraire, quand je prenais mon plaisir, tout semblait facile et agréable pour moi. On me faisait comprendre qu’une femme doit souffrir pour accoucher. Ce jour-là, j’ai compris que mon corps ne m’appartenait plus. Ce traumatisme m’a suivi bien après l’accouchement. »
De son côté, Mame Diarra, 28 ans, raconte :
« Lors de mon examen gynécologique, je n’ai même pas été prévenu de ce qui allait se passer. J’ai été blessée physiquement, mais c’est la honte et l’impuissance que j’ai ressenties qui m’ont le plus marquée. Aujourd’hui encore, j’ai du mal à parler de ce que j’ai vécu. »
Ces témoignages illustrent l’ampleur des violences gynécologiques et obstétricales et la souffrance qu’elles engendrent chez les femmes. Mais ces actes ne sont pas isolés : ils s’inscrivent dans un continuum plus large de violences basées sur le genre.
Riposter et se reconstruire : un engagement commun
La reconstruction après les violences est un chemin difficile, mais possible. Ndeye, 45 ans, témoigne : « Après tout ce que j’ai vécu, j’ai décidé de partager mon histoire. Fréquenter les cercles de paroles m’a aidée à comprendre que je n’étais pas seule et que la guérison est possible, avec du temps et du soutien. Aujourd’hui, je milite pour que d’autres femmes puissent se faire entendre et guérir. » Ces récits montrent qu’après la souffrance, il est possible de se relever, de reprendre le contrôle de son corps .
Dans cette démarche de guérison et de résilience, il est essentiel de soutenir les femmes dans leur processus de reconstruction. Dans le cadre de notre projet « Notre corps, notre santé », nous avons mis en place plusieurs actions concrètes pour lutter contre ces violences invisibilisées et accompagner les femmes dans leur chemin de guérison :
- Cercles de paroles et accompagnement des survivantes
Co-facilité par les organisations ANJ SR/PF et ROALJEF Sénégal, ces cercles de paroles offrent un espace sécurisé où les femmes peuvent partager leurs expériences intimes. Ces moments d’écoute sont essentiels pour briser le tabou autour des VGO. C’est un premier pas important vers la guérison.
- Sensibilisation et formation des professionnels de santé
En partenariat avec Enda Santé, nous organisons régulièrement des sessions de formation à l’attention des soignant·e·s pour les sensibiliser à la notion de consentement éclairé et à l’importance du respect de la dignité dans les soins. Cette action est fondamentale pour prévenir les violences gynécologiques et obstétricales et garantir une prise en charge respectueuse.
- Comité de recherche et visibilisation des données
Un comité spécialisé collecte et analyse les données concernant les VGO au Sénégal, dans le but de renforcer nos actions de plaidoyer qui sont de fait basées sur des données probantes. Ces données sont cruciales pour orienter les politiques publiques et améliorer la prise en charge des victimes.
Ces initiatives visent à briser le silence et à offrir un cadre sécurisé et respectueux aux survivantes, tout en attestant le respect du corps et de la dignité des femmes.
Rejoignez-nous pour un avenir sans violences
Nous vous invitons à rejoindre notre lutte pour un avenir où les femmes, partout dans le monde, puissent vivre dans un environnement de soins et au-delà respectueux de leurs droits. Ensemble, luttons contre les violences gynécologiques et obstétricales et bâtissons un avenir plus juste, plus égalitaire et plus respectueux des droits de toutes les femmes.