– FÉMINISTES EN ACTION : RENCONTRES POLITIQUES DE HAUT NIVEAU POUR DÉFENDRE LE SOUTIEN DE LA FRANCE AUX ORGANISATIONS FÉMINISTES

– FÉMINISTES EN ACTION : RENCONTRES POLITIQUES DE HAUT NIVEAU POUR DÉFENDRE LE SOUTIEN DE LA FRANCE AUX ORGANISATIONS FÉMINISTES

En avril 2024, une délégation de sept activistes africaines et latino-américaine a rencontré plusieurs responsables politiques français·e·s de haut niveau à Paris. L’objectif de cette semaine de plaidoyer ? Partager leurs expériences et porter leurs recommandations pour que la France pérennise son soutien financier et politique aux organisations féministes dans le monde. Cette action était soutenue par les six organisations partenaires du fonds “Féministes en Action” (FEA). Pour Equipop, qui a piloté cette activité, c’était un moment fondamental dans l’optique de renforcer les solidarités féministes transnationales ainsi que de défendre les financements féministes dans la dynamique européenne du projet “Walking the talk”. Les messages des sept activistes ont été entendus. Désormais, Equipop et ses partenaires assurent le suivi des engagements depuis Paris.

En janvier 2023, une délégation de sept militantes africaines avait déjà fait le déplacement à Paris à l’invitation de “Féministes en Action” (FEA). Du 22 au 26 avril 2024, Benedicta ALOAKINNOU, Zita Désirée BELEM, Catherine DJIMET, Najat IKHICH, Constanza JAUREGUI TAMA, Gratias KIBANJA LUKOO et Yolande VIA ont repris le flambeau. Leur plaidoyer visait à réinscrire les enjeux féministes dans l’agenda (géo)politique de l’Etat français, mais aussi à dialoguer avec les fondations privées, les médias et les associations.

Trois principaux messages communs : financer, soutenir la participation politique des militantes, garantir leur sécurité

 

Lors de ces rencontres politiques de haut niveau, les sept militantes de la délégation “Féministes en Action” ont partagé les réalités de leur travail quotidien. En première ligne, elles développent des activités fondamentales pour faire avancer les droits des femmes et des minorités de genre. Mais malgré la force de leur militantisme, leurs projets ont des impacts qui se limitent bien souvent à l’échelle individuelle. Faute de moyens suffisants, les militantes peinent à impulser des changements structurels, alors qu’elles sont confrontées à des obstacles d’ordre systémique. C’est pourquoi, afin d’assurer un soutien politique et financier sans concession, l’action de la France doit suivre trois axes principaux : 

 

Axe n°1 – Financer durablement les organisations féministes à la hauteur des enjeux et des besoins réels : la France doit poursuivre ses financements féministes pour permettre aux militantes de lutter contre la prégnance des pesanteurs socioculturelles, créer des réseaux à grande échelle et transformer les institutions nationales.

 

Axe n°2 – Soutenir la participation des militantes dans les espaces de décision : si les femmes ne sont pas impliquées dans les processus de décisions, ces décisions ne seront jamais prises en leur faveur. La France doit donc soutenir financièrement la participation des féministes dans les espaces multilatéraux, mais aussi garantir une traduction effective des échanges dans ces espaces.

 

Axe n°3 – Garantir la sécurité des militantes à l’épreuve de nouvelles menaces : les menaces qui pèsent sur les féministes sont lourdes et particulièrement virulentes car elles sont quotidiennement prises pour cibles par les mouvements anti-droits, y compris sur internet. Ces violences ne doivent pas rester sans réponse. La France doit considérer les militantes féministes comme des défenseuses des droits humains, créer un fonds d’urgence spécifiquement dédié à leur protection et faciliter les procédures de visa. 

Messages entendus, engagements réitérés

 

Les “Féministes en Action” ont fait entendre leurs messages à plusieurs niveaux institutionnels ainsi que dans de nombreux médias. Développées plus en détails dans un document de positionnement, leurs recommandations vont permettre à la France de nourrir les réflexions sur la mise en oeuvre de sa politique étrangère féministe. Ces échanges sont par ailleurs précieux à l’heure où les phénomènes de backlash contre les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ se généralisent dans le monde. 

 

A chaque échelon, les décideur·euse·s politiques ont affirmé que la diplomatie féministe restera une priorité pour la France.

Le cabinet du Président de la République a indiqué que les coupes budgétaires arbitrées par le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères (MEAE) ne devaient pas affecter significativement le budget genre de l’Aide Publique au Développement (APD) de la France. De son côté, le cabinet du ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères s’est engagé à sanctuariser la diplomatie féministe, sujet important “y compris au niveau du ministre”, et a réaffirmé la priorité donnée par le ministère au FSOF pour l’année 2024. Enfin, le MEAE s’est engagé à faciliter les procédures d’octroi de visas pour les activistes féministes. Quant à elle, la direction générale de l’AFD s’est engagée à prioriser les coupes budgétaires de sorte à préserver les financements féministes, le FSOF ainsi que les projets touchant à l’égalité de genre. Enfin, les député·e·s se sont engagé·e·s à défendre les financements féministes, notamment en organisant un échange transpartisan avec les membres de la Commission Affaires Etrangères de l’Assemblée Nationale, ainsi que par le biais de questions au Gouvernement.

Et maintenant ? La vigilance est de rigueur

 

Si les responsables politiques ont réaffirmé leur soutien, notre vigilance ne doit pas baisser. A l’heure actuelle, aucun engagement n’a été pris au-delà de l’année 2024. 

Or, le Fonds de Soutien aux Organisations Féministes (FSOF) est une initiative transformatrice qui commence à porter ses fruits. Le fonds “Féministes en Action” est également un projet efficace et fructueux qui soutient plus de 230 organisations féministes dans une trentaine de pays. L’utilité de ce type de mécanisme n’est plus à prouver. La flexibilité des fonds intermédiés permet aux organisations féministes d’obtenir les financements dont elles ont besoin pour créer un projet de société féministe, égalitaire, et inclusif. 

L’heure de vérité sonnera à l’automne 2024, lorsque le gouvernement publiera la nouvelle stratégie féministe française. Afin de hisser les actes au niveau des discours, la France doit accompagner cette stratégie de financements.   

 

Pour les années à venir, nous appelons le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, l’Agence Française de Développement, ainsi que le Ministère de l’Economie et des Finances à renouveler les projets FSOF de façon pluriannuelle, à garantir la pérennité des fonds intermédiés et à préserver les financements féministes des coupes budgétaires. Enfin, nous appelons les député·e·s à voter une nouvelle loi pluriannuelle dont le texte garantit l’augmentation du budget de l’APD genrée.