– 50ème CPD : la France et Equipop mettent en avant la santé sexuelle et reproductive des jeunes
Le 3 avril 2017, le gouvernement français et Equipop co-organisaient une session pour souligner l’importance de répondre aux besoins des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive. Devant une salle pleine, l’accent a été mis sur l’Afrique de l’Ouest, grâce à une représentation de haut niveau.
Deux semaines après la fin de la CSW, une autre commission du Conseil Economique et Social (ECOSOC) des Nations Unies se réunit à New York : la commission Population et Développement, 50ème du nom. Alors que les sessions plénières et les négociations qui aboutiront au texte final se déroulent sur cinq jours, le gouvernement français et Equilibres & Populations ont organisé lundi un « évènement parallèle ».
Son objectif était triple. D’une part, il s’agissait de mettre en lumière la thématique en elle-même : les besoins spécifiques des jeunes en santé sexuelle et reproductive, enjeu transversal de progrès social, de santé publique, de démographie, de développement et de stabilité politique. Deuxième objectif : s’intéresser aux cas de l’Afrique de l’Ouest, région où cet enjeu se pose avec une acuité particulière. Enfin, et c’est tout aussi important, créer une dynamique politique, grâce à un niveau de participation élevé.
De fait, deux ministres d’Afrique de l’Ouest ont pris la parole : Rakiatou Christelle Kaffa Jackou, la ministre de la Population du Niger, et Smaïla Ouedraogo, ministre de la Jeunesse du Burkina Faso. La France était pour la première fois représentée à la CPD par un membre du gouvernement, en la personne de Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat au Développement et à la Francophonie.
Le directeur exécutif d’UNFPA, l’agence onusienne compétente sur ces questions, avait également tenu à s’exprimer personnellement lors de cet évènement. La société civile ouest-africaine a fait entendre sa voix par l’intermédiaire de Célestin Compaoré, coordinateur de SOS Jeunesse et Défis, association partenaire d’Equilibres & Populations au Burkina Faso et membre à ses cotés du réseau Alliance Droits et Santé. La directrice exécutive d’Equilibres & Populations, Aurélie Gal-Régniez, a introduit et modéré les débats.
Une priorité partagée, un engagement politique fort
Les deux ministres du Niger et du Burkina Faso ont insisté sur l‘importance, dans leurs pays respectifs, où plus de la moitié des adolescentes ont leur premier rapport sexuel entre 15 et 19 ans, souvent dans le cadre du mariage, de répondre aux besoins de cette population-clé en termes d’informations et de services adaptés. Le Niger a en particulier présenté un programme multisectoriel ambitieux développé avec l’appui de la Banque mondiale dans le cadre du « Projet régional d’Autonomisation des femmes et de dividende démographique au Sahel (SWEDD) », qui vise à la fois l’autonomisation des jeunes filles, l’accès aux moyens de contraception et la promotion de l’éducation sexuelle.
Le Burkina Faso, quant à lui, a mis en avant son programme de développement des centres d’écoute et d’orientation pour les jeunes. Le secrétaire d’Etat français au développement s’est dit « extrêmement frappé du courage politique des dirigeants des pays africains qui assument l’idée de réformer leurs sociétés et qui mettent en place des politiques publiques pour promouvoir l’émancipation des femmes et se doter des moyens de leur développement ». Il a dénoncé l’attaque dangereuse faites aux droits des femmes par la politique américaine du Gag Rule et a affirmé la volonté de la France de s’associer à l’initiative « She decides » lancée par les Pays-Bas.
Les stratégies à promouvoir
Un consensus a émergé sur l’intérêt de certaines stratégies. Le renforcement des capacités des jeunes à faire des choix informés a ainsi été identifié comme une priorité. Dans ce cadre, la mise en œuvre d’une éducation complète à la sexualité reste un défi crucial, a rappelé le directeur exécutif de l’UNFPA. Mais répondre aux besoins des adolescent·e·s ne va pas sans la promotion d’un environnement habilitant et l’accompagnement du changement des mentalités et des lois. « Il faut aussi éduquer les adultes », a répété le ministre du Burkina Faso. Cela passe notamment par la formation du personnel médical pour qu’il soit en mesure de dispenser des services adaptés aux jeunes, confidentiels et sans jugement.
Cela passe plus largement par la promotion d’un dialogue social avec l’ensemble des citoyennes et des citoyens sur cet enjeu de société. Enfin, le lien entre promotion de la santé sexuelle et de la procréation des jeunes et promotion de l’égalité femmes-hommes a été souligné en de nombreuses occasions. Ces deux approches nécessitent de déconstruire des stéréotypes fortement ancrés dans nos sociétés et de reconsidérer le partage du pouvoir en leur sein.
Des bases pour le futur
Cet évènement, tenu le premier jour d’une longue semaine de négociations entre les Etats des Nations unies, a permis de souligner des questions fondamentales, pourtant susceptibles de ne pas être traitées frontalement dans le texte final de la CPD. Dans cette perspective, le travail d’Equilibres & Populations, en appui aux délégations nationales, va se poursuivre toute la semaine.
Et, bien sûr, au-delà de cette semaine et au-delà de l’enceinte des Nations unies, Equilibres & Populations et ses partenaires membres d’Alliance Droits et Santé poursuivront leur travail d’accompagnement des politiques et des programmes pour traduire en actions cette volonté politique affirmée.