– Défense du droit à l’avortement dans l’UE – Equipop soutient “Ma Voix Mon choix !”

– Défense du droit à l’avortement dans l’UE – Equipop soutient “Ma Voix Mon choix !”

Plusieurs grandes organisations féministes européennes ont lancé “Ma Voix Mon Choix”, une initiative citoyenne européenne qui demande à l’Union européenne d’organiser un accès libre, gratuit et sans danger à l’avortement à toutes les personnes souhaitant y recourir en Europe. Dans un contexte où l’extrême droite, historiquement opposée aux droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, vient réaliser des scores historiques aux élections européennes, Equipop soutient cette initiative cruciale pour garantir l’accès de tou·te·s à ce droit fondamental, et appelle à ce qu’elle soit signée et partagée par le plus grand nombre.

“Ma Voix Mon Choix” : pour un avortement libre, gratuit et sans danger en Europe

 

Le 24 avril dernier, quelques semaines après la victoire historique que représente la constitutionnalisation de la liberté de recourir à l’IVG en France, fruit de la mobilisation massive des mouvements féministes, plusieurs grandes organisations féministes européennes ont lancé l’Initiative citoyenne européenne “Ma Voix Mon Choix”, qui vise à garantir un accès libre, gratuit et sans danger à l’avortement en Europe. 

L’initiative propose la création d’un mécanisme financier par l’Union européenne pour aider les Etats membres qui se portent volontaires pour fournir une possibilité d’avorter légalement et sans risque à quiconque qui, en Europe, n’y a toujours pas accès, ce dans un esprit de solidarité. 

Si elle récolte un million de signatures, cette initiative devra être examinée par la Commission européenne.

 

A l’heure où les droits fondamentaux des femmes et des personnes LGBTQIA+, et en particulier les droits et la santé sexuels et reproductifs, sont la cible d’attaques des acteurs anti-droits et des mouvements d’extrême droite dans le monde et en Europe, et à l’heure où l’extrême droite n’a jamais été aussi nombreuse tant au Parlement européen que sur les scènes politiques nationales européennes, une telle initiative est absolument vitale pour combattre ce “backlash” contre l’égalité de genre. 

Car bien que la dignité humaine, l’égalité de genre et la non-discrimination soient au fondement du projet européen, aujourd’hui en Europe, près de 20 millions de femmes n’ont toujours pas accès à l’IVG.

L’avortement, un droit encore restreint et menacé en Europe

 

Même si la plupart des Etats membres de l’Union européenne ont dépénalisé l’avortement, nombreux sont ceux qui restreignent toujours ce droit, le rendant parfois quasiment inaccessible. Ainsi, en Pologne, l’IVG est interdite sauf en cas de viol, d’inceste ou si la vie de la personne enceinte est en danger, ce qu’elle doit prouver. A Malte, elle n’est autorisée que si la vie de la personne enceinte est mise en danger, ou si le fœtus n’est pas viable. En Hongrie, les personnes voulant avorter peuvent le faire dans un délai de 10 semaines mais doivent en supporter la totalité du coût, écouter le cœur du fœtus et subir un entretien psychologique, autant de freins destinés à les dissuader d’avorter. 

 

Les barrières à l’accès à l’IVG n’existent pas que dans les pays où elle est interdite. La non prise en charge des coûts liés à l’avortement, mais aussi le déficit de personnel pratiquant cette intervention et les disparités géographiques dans l’accès aux soins publics, qui peuvent générer des coûts financiers supplémentaires, sont également des obstacles majeurs à l’accès au droit à l’avortement. En Autriche, le coût de l’IVG, entre 300 et 1000 euros et soumis à une TVA de 20%, est entièrement à la charge de la personne souhaitant avorter. En Espagne, bien que l’avortement soit autorisé sans condition dans un délai de 14 semaines, la majorité des médecins de l’hôpital public sont objecteurs de conscience. Il faut se rendre en clinique privée pour avorter et payer d’importants frais médicaux.

 

Le droit à l’avortement doit également être appréhendé au prisme de l’intersectionnalité car ce sont les groupes marginalisés qui ont aujourd’hui le moins accès à une IVG sûre et légale. Les inégalités dans l’accès à l’information sur la santé sexuelle et reproductive, les discriminations dans l’accès aux soins de santé, et la persistance de biais, de discours et d’attitudes racistes, LGBTQIA+phobes, validistes ou encore grossophobes au sein des institutions médicales, agissent comme autant d’obstacles à l’accès des personnes issues de groupes marginalisés à l’avortement.

 

Par ailleurs, la montée historique des partis d’extrême droite en Europe met en péril les avancées en matière d’égalité de genre et les droits fondamentaux des femmes et des personnes LGBTQIA+. Là où elle est au pouvoir, les politiques publiques que l’extrême droite mène sont une mise en pratique de l’agenda des mouvements anti-droits. En Italie, l’avortement est autorisé dans un délai de 90 jours mais est difficile d’accès voire inaccessible selon les régions, la plupart des médecins invoquant la clause de conscience. Depuis 2022, le gouvernement est dirigé par Giorgia Meloni, du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, et opposée au droit à l’avortement. Il a mis en oeuvre plusieurs mesures restreignant davantage le droit à l’avortement, ayant par exemple récemment autorisé les associations anti-droits à entrer dans les plannings familiaux.

 

Or, les barrières à l’accès au droit à l’avortement en Europe ont des conséquences graves et bien concrètes. Les études s’accordent toutes pour mettre en évidence le fait que ne pas considérer l’avortement comme un droit humain fondamental et un soin de santé essentiel ne réduit pas le recours à l’IVG. Au contraire, cela met directement en danger la santé physique et psychologique, l’intégrité voire la vie de la personne souhaitant avorter, en la forçant à recourir à des alternatives dangereuses ou à garder une grossesse non-désirée, elle-même porteuse de risques pour la personne enceinte et le fœtus. L’inaccessibilité au droit à l’avortement exerce également une pression économique forte sur les personnes souhaitant avorter et leur entourage, et produit un impact conséquent sur leur vie professionnelle et éducative. Enfin, la restriction de ce droit réduit les femmes à un rôle procréatif, et les prive de leur droit à disposer librement de leur corps.

Se mobiliser pour le droit à l’avortement, se mobiliser pour l’égalité de genre

 

La santé, la dignité humaine et les droits fondamentaux ne peuvent être des privilèges. Il est inacceptable qu’encore aujourd’hui, en Europe, de nombreuses femmes meurent des conséquences des lois restrictives sur l’avortement. 

 

En plus de constituer un acte de résistance face à la montée de l’extrême droite en Europe, “Ma Voix Mon Choix” représente un tournant, catalysant des aspirations citoyennes à une reconfiguration des relations entre société civile et institutions européennes vers davantage de redevabilité. L’intiative exercera une forte pression politique sur l’UE pour qu’elle honore ses engagements en matière de droits humains, et s’empare urgemment de la question du droit à l’avortement. En un mois, elle a déjà dépassé les 400 000 signatures, un record pour une ICE.

 

En tant qu’association féministe, Equipop participe à un incessant travail collectif pour documenter et contrer les menaces et les attaques contre les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ en France et dans le monde. Equipop a publié trois rapports substantiels depuis 2023, pour alerter les pouvoirs publics et les citoyen·ne·s sur les enjeux liés au « backlash » contre l’égalité de genre, sur les discours masculinistes en ligne et sur les dangers de la montée de l’extrême droite en Europe pour les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+.

Equipop soutient cette initiative citoyenne pour bâtir une Europe juste, où personne ne risque sa vie, son intégrité, sa santé, sa dignité, sa carrière, son éducation pour pouvoir disposer librement de son propre corps.

 

Ainsi, nous invitons toutes personnes résidant dans l’Union européenne à signer (sur ce lien) et à partager l’initiative “Ma Voix Mon choix”.

 

Nous invitons également toute organisation, média, personnalité, activiste et parti politique engagé pour l’égalité de genre et les droits fondamentaux des femmes et des personnes LGBTQIA+ à se faire le relais de cette initiative, à la promouvoir et à la visibiliser au plus grand nombre.