
– Solidays 2025 “Braquer le patriarcat” : face à la montée de l’extrême droite, soutenir les solidarités féministes !
Du 27 au 29 juin 2025, Equipop a participé au festival Solidays, organisé par Solidarité Sida à l’Hippodrome de Longchamp. Pour cette sixième participation, et dans un contexte politique mondial marqué par la régression des droits humains, notre équipe, accompagnée des bénévoles engagé·es de l’Équipe Hope, a proposé un stand interactif et militant sur le thème : « Braquer le patriarcat ! ». L’objectif : rendre visibles et compréhensibles les enjeux de financement liés aux droits des femmes, à l’égalité de genre et aux solidarités féministes auprès d’un jeune public.
Cette mobilisation s’est inscrite dans une stratégie plus large de plaidoyer citoyen et international. Quelques jours après le festival, Equipop et ses partenaires francophones se sont rendus à Séville pour la 4e Conférence internationale sur le Financement du Développement (FfD4), afin de porter une parole collective : défendre l’égalité de genre et exiger des financements directs, pérennes et accessibles pour les organisations féministes locales. Dans un contexte de montée des mouvements anti-droits, notre message reste clair : la réforme de l’architecture financière mondiale est indispensable pour construire une solidarité inclusive, durable et fondée sur la justice de genre.
Solidays a ainsi représenté un moment stratégique de mobilisation citoyenne en amont de cette échéance internationale.
Un contexte international de plus en plus hostile aux droits des femmes et des personnes LGBTQIA+
Solidays 2025 s’est tenu dans un climat préoccupant. À l’échelle internationale, les droits des femmes, les droits et la santé sexuels et reproductifs, et la lutte contre le VIH/sida sont gravement fragilisés. La fin du programme PEPFAR aux États-Unis a entraîné un arrêt brutal de financements essentiels, notamment pour les associations communautaires. Dans plusieurs pays, les militant·e·s féministes et les personnes LGBTQIA+ sont visées par des politiques répressives.
En Europe, les offensives conservatrices se multiplient. En Hongrie, la Pride de Budapest a été interdite en 2025, dans un climat déjà marqué par des lois restreignant la visibilité des personnes LGBTQIA+ et limitant l’accès à une éducation à la sexualité inclusive. Ces dynamiques participent à banaliser, dans d’autres pays européens, des discours anti-droits de plus en plus présents dans le débat public.
La France n’est pas épargnée. La suppression de 2 milliards d’euros de l’aide publique au développement (APD) constitue un désengagement brutal, aux conséquences directes sur les programmes de santé sexuelle et reproductive, les associations féministes et la lutte contre le VIH. Dans le même temps, les débats sur l’éducation à la sexualité et les droits des personnes transgenres sont instrumentalisés par des groupes réactionnaires. Ce contexte rend notre présence à Solidays plus nécessaire que jamais.
Un stand engagé pour décrypter les enjeux de financement
C’est dans ce contexte qu’Equipop a proposé un espace de sensibilisation fort et pédagogique. Sur notre stand, transformé en univers de justicières féministes façon « Robin·e·s des bois », les festivalier·e·s ont été invité·es à explorer les mécanismes de financement de la solidarité internationale, à comprendre ce qui se cache derrière les coupes budgétaires, et à s’informer sur les initiatives de fonds féministes.
Dès leur arrivée, les passant·es étaient accueilli·es dans un parcours interactif rythmé par des jeux, des défis, des mises en situation et des échanges engagés. Plus de 500 jeunes ont ainsi été sensibilisé·es tout au long du week-end.
En première ligne du stand, une grande roue attirait les regards et engageait les festivalier·es dans une série de quiz et de défis pour s’éduquer à l’histoire du féminisme et à la solidarité internationale. L’approche ludique favorisait des échanges spontanés sur des sujets parfois complexes. Les festivalier·es pouvaient aussi participer au Cluedo féministe, une enquête grandeur nature pour démêler les mécanismes du backlash et les alliances conservatrices à l’œuvre. En récoltant des indices, iels découvraient les discours, les stratégies et les réseaux à l’origine du recul des droits. Juste à côté, une version détournée de la pêche aux canards permettait aux participant·es de prendre conscience d’un déséquilibre frappant dans les financements de la solidarité internationale : très peu de financements véritablement féministes, face à une majorité d’acteurs conservateurs ou éloignés des réalités de terrain. Enfin, notre stand paillettes, toujours très apprécié, offrait l’occasion de lancer des discussions à partir de préjugés à déconstruire comme : « Être LGBT c’est à la mode », « Not all men », ou encore « Les féministes sont extrêmes ». Les participant·e·s réagissaient, débattaient et partageaient leurs propres expériences. Ce moment festif devenait ainsi un espace de réflexion collective sur les stéréotypes, les tabous et l’éducation à la sexualité.
À travers cette approche vivante et participative, notre équipe a su transmettre des messages politiques exigeants de manière créative, accessible et engageante. Une centaine de nouveaux·elle·s abonné·e·s ont rejoint nos réseaux sociaux pendant le festival, prolongeant ainsi l’engagement initié sur le stand.

Une tribune politique et des rencontres marquantes
Au-delà de l’animation du stand, Solidays a aussi été une véritable plateforme de mobilisation publique. Clara Dereudre, chargée de plaidoyer, est montée sur scène, face à près de 1000 personnes, pour interpeller les festivalier·e·s sur les menaces qui pèsent aujourd’hui sur nos droits. Elle a dénoncé les attaques répétées contre les mouvements féministes et LGBTQIA+ à travers le monde, tout en rappelant que ces dynamiques réactionnaires touchent aussi la France. Des droits essentiels, comme l’avortement ou l’éducation à la sexualité, restent fragiles, y compris sur le territoire français. Clara Dereudre a également alerté sur le désengagement des pouvoirs publics, qui affaiblit des associations pourtant cruciales pour la santé, les droits et l’égalité. Son message était clair : tout cela n’est pas inéluctable. Chacune et chacun peut agir : en s’informant, en s’engageant, en votant. Car défendre les droits, c’est aussi une responsabilité collective.
Le festival a aussi été un moment précieux pour renforcer nos liens avec des partenaires engagé·es dans les luttes féministes à l’international. Nous avons notamment accueilli la présidente de l’Association Burkinabè de Solidarité, avec qui nous avons échangé sur les réalités de terrain et les stratégies militantes portées par les sociétés civiles en Afrique de l’Ouest.
Enfin, notre équipe a pu échanger avec Anne-Claire Amprou, ambassadrice française pour la santé mondiale. Cette visite a permis de discuter de l’importance de défendre une approche fondée sur les droits humains dans les politiques de santé mondiale, et de rappeler combien il est essentiel que des pays comme la France s’engagent concrètement en allouant des financements conséquents à la solidarité internationale, à la santé mondiale et à l’égalité de genre, en particulier dans le cadre de la reconstitution du Fonds mondial.
Solidays confirme, chaque année, l’importance de porter nos combats là où les jeunes sont. Dans ce contexte de fragilisation des droits et de montée des extrêmes, il est plus que jamais nécessaire de bâtir des alliances solides entre mouvements féministes, acteur·rice·s de terrain, institutions et nouvelles générations. C’est cette dynamique collective qui nous permettra de défendre une solidarité internationale féministe, équitable et durable. Dans les mois à venir, cette mobilisation citoyenne doit se prolonger sur le plan politique et institutionnel.

Et maintenant ?
Alors que se profile la reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, Equipop appelle à une mobilisation large pour garantir des financements pérennes, accessibles, féministes et réellement transformateurs.
Nous défendons une approche qui place au centre les personnes les plus marginalisées, femmes, personnes transgenres, personnes migrantes, afin de construire des politiques de santé publique réellement justes et inclusives. Cette mobilisation doit s’accompagner d’une cohérence forte entre les engagements internationaux de la France, notamment en matière de politique étrangère féministe, et ses décisions budgétaires et politiques à l’échelle nationale.
Retrouvez tous nos temps forts du festival sur Instagram : @equipop_ong
Un immense merci à Aminata, An-Lan, Anouk, Camille, Clara, Esther, Kassandra, Maëlle, Manon, Marie, Mohamed, Pauline, Philippine et Sacha.