
Renforcer les pratiques médiatiques pour mieux lutter contre les violences sexistes et sexuelles
Du 18 au 21 mars, Equipop a animé un atelier sur la communication féministe à l’endroit de journalistes féministes. Pendant quatre jours, les participant.es se sont réunies pour réfléchir aux pratiques médiatiques dominantes, déconstruire les représentations sexistes dans l’information, et renforcer leurs compétences pour produire une information plus juste et transformative sur les violences sexistes et sexuelles (VSS).
Cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet SE DÉFENDRE, mis en œuvre par un consortium d’organisations féministes composé de Voix de Femmes, l’Association des Femmes Juristes du Burkina Faso (AFJ/BF), l’Initiative Pananetugri pour le Bien-être de la Femme (IPBF) et Equipop. Le projet vise à soutenir les femmes burkinabè et leurs organisations dans leurs luttes contre les violences sexistes et sexuelles, en adoptant une approche féministe centrée sur l’empouvoirementla résilience et la transformation sociale.
Travailler avec les médias pour changer les récits
Au Burkina Faso, les journalistes jouent un rôle essentiel dans l’information des citoyen·ne·s, la sensibilisation sur les enjeux sociaux et la promotion des valeurs d’équité et de justice. Par leur travail quotidien, ils contribuent à façonner les perceptions collectives, à influencer les comportements et à faire émerger les voix souvent marginalisées.
Les médias occupent ainsi une place centrale dans la construction des représentations sociales : ils peuvent participer à la normalisation des violences faites aux femmes — ou, au contraire, à leur dénonciation et à l’ouverture d’espaces de dialogue et de changement.
Conscient·e·s de cette responsabilité, les journalistes féministe engagé·e·s pour l’égalité ont répondu présent·e·s à l’appel du projet SE DÉFENDRE, qui place la synergie avec les médias au cœur de ses priorités. L’atelier organisé en mars a salué et renforcé cet engagement, en permettant aux participant·e·s, toutes et tous déjà investi·e·s sur le terrain, d’approfondir des thématiques clés liées à la couverture médiatique des violences sexistes et sexuelles (VSS) :
- Comprendre les mécanismes qui renforcent l’invisibilisation des victimes et des survivantes, afin de mieux les représenter dans l’espace médiatique ;
- Identifier les biais présents dans les mots, les images et les angles journalistiques, pour éviter la reproduction involontaire de stéréotypes ;
- Développer une communication plus équilibrée, humaine et respectueuse, sans sensationnalisme ni complaisance ;
- Explorer les principes d’une approche médiatique sensible au genre, fondée sur l’éthique, la rigueur professionnelle et le respect de la dignité humaine
Les médias jouent un rôle central dans la construction des représentations sociales. Ils façonnent les mentalités, influencent les comportements, et participent à la normalisation ou à la dénonciation des violences faites aux femmes. C’est pourquoi l’une des priorités du projet SE DÉFENDRE est de travailler en synergie avec les journalistes engagées pour l’égalité de genre, afin de faire évoluer les récits dominants.
Pendant l’atelier, plusieurs thématiques ont été explorées :
- L’identification et la déconstruction des biais médiatiques dans le traitement des violences sexistes et sexuelles ;
- Le choix des mots et des narratifs, qui peut renforcer ou au contraire remettre en question les stéréotypes de genre ;
- Les principes d’un journalisme féministe, fondé sur l’éthique, la rigueur et la solidarité avec les survivantes ;
- Les mécanismes d’empathie envers les agresseurs : comment les médias participent (souvent inconsciemment) à protéger la réputation des hommes accusés, au détriment des femmes survivantes ;
- Les outils pour recentrer les récits sur les victimes et les survivantes, tout en respectant leur dignité et leur parole.
Vers un réseau de journalistes féministes
Au-delà du renforcement de capacités, cette formation a jeté les bases d’un réseau de journalistes féministes au Burkina Faso : un espace de sororité professionnelle, de collaboration et d’échange entre journalistes désireux·euses de faire du journalisme un véritable levier de transformation sociale.
Les participant·e·s ont exprimé leur volonté de s’impliquer durablement dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, à travers leurs productions journalistiques, mais aussi à travers des plaidoyers, des alliances intersectorielles et des actions de sensibilisation.
Pour une parole médiatique qui libère, protège et transforme
L’atelier s’est clôturé sur une note d’engagement fort : mettre la puissance des mots et des récits au service des droits des femmes. Car la lutte contre les VSS ne se joue pas seulement dans les tribunaux ou dans les centres de soins, elle se joue aussi dans les colonnes des journaux, à la radio, à la télévision, sur les blogs et les réseaux sociaux.
Equipop, aux côtés de ses partenaires, s’engage à accompagner les actrices et acteurs du changement dans cette démarche, convaincue que les médias ont un rôle essentiel à jouer pour encourager des discussions constructives, valoriser les initiatives positives et contribuer à l’émergence d’une société plus équitable et respectueuse des droits de tou·te·s.
Dans le cadre du projet SE DÉFENDRE, Equipop a initié un cycle de formations spécifiquement pensé pour renforcer les capacités des journalistes et professionnel·le·s des médias sur les enjeux de communication féministe et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Ce programme vise à offrir des espaces d’échanges, de mise en pratique et de réflexion critique, afin de soutenir des approches médiatiques éthiques, sensibles au genre et adaptées aux contextes locaux. Les prochaines étapes incluront des ateliers complémentaires, des webinaires thématiques et des rencontres stratégiques avec les responsables des médias, afin de consolider les engagements pris collectivement et de favoriser une dynamique durable.