– S’engager pour une éducation complète à la sexualité de qualité en Afrique de l’Ouest
Un vaste corpus de recherches démontre aujourd’hui qu’une éducation sexuelle de qualité impacte très positivement à long terme la vie des jeunes filles et des jeunes garçons.
Equipop est engagée depuis plusieurs années aux côtés de nombreux partenaires d’Afrique de l’Ouest pour promouvoir l’éducation complète à la sexualité (ECS) et notamment son intégration systématique dans les cursus scolaires. En 2019, Equipop a en particulier soutenu les vingt et une associations du réseau Alliance Droits et Santé dans leurs interpellations politiques et citoyennes.
L’ECS : UNE APPROCHE AUX MULTIPLES BÉNÉFICES QUI PEINE À ÊTRE MISE EN ŒUVRE
Trop de jeunes manquent d’informations fiables sur les relations amoureuses et la sexualité. Beaucoup ont conscience de ce manque et demandent aux responsables politiques et éducatifs de s’engager pour leur permettre un apprentissage structuré de la sexualité et des relations interpersonnelles d’une façon positive, claire et centrée sur leurs intérêts. Ces demandes sont par ailleurs confortées par les résultats de recherche qui prouvent que l’ECS a de nombreux effets positifs sur la santé et le bien-être des jeunes, notamment en favorisant le recul de l’âge du premier rapport sexuel, en diminuant le nombre de partenaires, en réduisant les comportements a risque, en favorisant l’utilisation du préservatif et des contraceptifs. D’autres études fournissent également des indications sur le fait que l’éducation à la sexualité contribue a réduire la violence basée sur le genre, la violence au sein du couple, les discriminations et à renforcer l’égalité femmes-hommes, la confiance en soi et des relations interpersonnelles de qualité.
Malgré ces évidences, peu d’États en Afrique de l’Ouest ont vraiment opérationalisé les Principes directeurs internationaux sur l’éducation sexuelle1 qui ont été publiés pour la premie re fois en 2009. Certains pays ont initié des dynamiques intéressantes comme au Bénin où depuis 2019, l’ECS est officiellement intégrée à tous les niveaux scolaires (de la maternelle à l’université) et dans les écoles de formation initiale des enseignant·e·s. Cette intégration rapide a été facilitée par une grande volonté politique marquée par une rapide appropriation institutionnelle du processus par l’État, à travers l’Institut National de l’Ingénierie de Formation et de Renforcement de Capacités des Formateurs (INIFRCF). Au Burkina également, après une phase d’expérimentation en 2013, les contenus d’ECS sont intégrés progressivement (entre 2015 et 2020) dans tous les curricula du préscolaire, du primaire, du post primaire et des écoles de formation initiale des enseignant·e·s. Cependant, pour que des changements significatifs puissent s’opérer, il est primordial que des coalitions d’acteurs et d’actrices continuent de pousser cet enjeu auprès des gouvernements et veillent à ce qu’ils intègrent pleinement les voix des jeunes et les résultats de recherche, afin que les politiques et programmes soient de qualité et atteignent leurs objectifs.
L’OBJECTIF D’ALLIANCE DROITS ET SANTÉ : MOBILISER LES JEUNES ET LES COMMUNAUTÉS ET OBTENIR DES ENGAGEMENTS POLITIQUES DURABLES
En 2019, avec l’appui technique d’Equipop, les vingt et une associations d’Alliance Droits et Santé ont uni leurs efforts à la fois pour interpeller les gouvernements et pour mobiliser les jeunes et les communautés dans les six pays du réseau (Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal). L’Alliance appelle ainsi à un engagement fort de la part des autorités sanitaires et éducatives des pays membres du Partenariat de Ouagadougou et s’inscrit dans la campagne régionale initiée par l’UNESCO et l’UNFPA. Elle focalise en particulier son dialogue avec les décideurs et décideuses autour de trois demandes :
Mobiliser
• Garantir une démarche qualité en assurant un continuum entre la demande créée par une ECS et les services de droits et santé sexuels et reproductifs déployés par le gouvernement.
• Prendre en compte les besoins de l’ensemble des adolescent·e·s et jeunes, notamment des jeunes filles, en matière d’ECS et de services relatifs aux droits et à la santé sexuels et reproductifs, quel que soit leur âge, sexe, localité, qu’elles et ils soient scolarisé·e·s ou non.
• Assurer des financements domestiques durables pour les programmes d’ECS et les services relatifs aux droits et à la santé sexuels et reproductifs, et les maintenir même en temps de crise.
Parallèlement, afin de soutenir les efforts de plaidoyer du réseau, les membres ont développé une campagne de communication multicanal dénommée #JeVeuxSavoir. Cette campagne a pour ambition de créer les conditions de dialogues citoyens et politiques sur le besoin des jeunes de connaître leurs droits et d’avoir accès à une éducation et des services de qualité en santé sexuelle et reproductive. Elle s’attache à relayer la parole des jeunes et à déconstruire les idées reçues à travers les réseaux sociaux, les médias, ou encore lors de rencontres et d’évènements dans chacun des pays de l’Alliance. Les différents contenus créés avec les partenaires de l’Alliance visent à rappeler à quel point les programmes d’éducation complète à la sexualité ont un impact positif sur la vie des jeunes et des adolescent·e·s. Encore plus après la crise sanitaire du Covid-19, il apparaît que ces programmes doivent être renforcés dans chaque pays, en termes de contenu, d’approche pédagogique, mais aussi d’accessibilité.
#JEVEUXSAVOIR : L’ART POUR BRISER LES TABOUS
L’art fait passer des messages, propose des idées et permet de faire réfléchir. Lorsque la bienséance ou la pudeur sont dangereuses – parce qu’elles privent d’informations cruciales des jeunes, filles et garçons, sur leurs droits et leur santé sexuels – l’art permet d’aborder les sujets qui sont tus. Dans le cadre de la campagne #JeVeuxSavoir, une vingtaine d’artistes bénévoles ont été formé·e·s à déconstruire les idées reçues et lever les tabous entourant l’éducation complète à la sexualité. Sensibles et souvent déjà engagé·e·s pour les droits humains, elles et ils ont relevé le défi de créer des oeuvres visant à apprendre, dénoncer, ouvrir le débat, partager et faire réfléchir les jeunes, leurs parents et plus largement chaque membre de la société. De nombreux thèmes sont abordés — de la contraception aux grossesses précoces, en passant par le consentement sexuel, les menstruations ou la puberté — via la musique, les arts graphiques, l’humour ou la poésie. Avec #JeVeuxSavoir, c’est à tous les niveaux de la société que se déroule le combat pour que les jeunes puissent savoir !