– Les caravanes féministes de causeries communautaires : rencontres avec Ramatoulaye et Irad
Depuis près d’un an, les militantes féministes de 8 pays d’Afrique de l’ouest, engagées avec Equipop dans le cadre du projet “Jeunes Féministes en Afrique de l’ouest”, sillonnent les routes de leurs pays. Elles partent à la rencontre des femmes et des filles en zones rurales pour écouter leurs préoccupations, difficultés, priorités et besoins spécifiques en termes de droits. Ce sont les caravanes féministes de causerie communautaires. Cette semaine, Equipop vous emmène à la rencontre de deux de ces militantes : Ramatoulaye et Irad !
Ramatoulaye est une militante féministe ivoirienne engagée contre les violences que subissent les femmes au sein de sa communauté et dans son pays. Irad est une militante féministe ivoirienne également engagées dans plusieurs réseaux de femme dont le Réseau des Médiatrices de Paix de Côte d’Ivoire.
Ensemble , en mars dernier, elles ont pris la route de l’Ouest afin de se rendre à Duékoué et Bangolo, où elles ont rencontré des femmes travailleuses dans les champs de manioc, et les jeunes filles de Bangolo. Sur la route, elles nous livrent les raisons de leur engagement.
Ramatoulaye TRAORÉ
“ En matière de droits des femmes, à chaque fois que je peux apporter ma contribution, je n’hésite pas.”
- Pourquoi as-tu rejoint le projet des caravanes ?
J’ai trouvé que l’initiative était belle. En tant qu’activiste des droits des femmes, j’ai trouvé l’occasion belle pour aller à la rencontre de femmes rurales.
Ma seconde motivation c’était le partage. Je savais que j’allais pouvoir partager mes connaissances, en matière des droits des femmes, et apprendre également d’elles. J’envisageais déjà les groupes de paroles comme des espaces où nous pourrions donner des pistes de solution aux femmes qui vivent quotidiennement des violences. Mon engagement féministe ne me laissait pas d’autre choix que de rejoindre les caravanes !
- Qu’est ce que tu as appris des femmes rencontrées ?
Le contraste zone urbaine, zone rurale a été saisissant ! Avec elles, j’ai eu la certitude que je ne m’étais pas trompé de combat. Elles m’ont appris qu’elles étaient les véritables cibles de nos engagements, de notre combat.
J’ai plus appris d’elles qu’elles n’ont appris de moi ! Elles luttent également pour les droits des femmes avec beaucoup de solidarité.
Chaque rencontre est différente. On apprend de leurs vies, on réoriente nos positionnements.
- Les 2 salves de rencontres ont été menées dans des localités de l’ouest de la Côte d’Ivoire, les femmes ont-elles des préoccupations communes ? Font-elles face aux mêmes enjeux ?
Les situations sont les mêmes. Quand on parle de violence, tout de suite on entend “viol”, “violences conjjugales”. Les femmes les plus âgées que nous avons rencontrées ont toutes été mariées très tôt, n’ont pas été scolarisées, elles ont plus de risques de subir des violences. Leur foyer, endurer pour le foyer c’est ce qu’on leur a appris.
La prégnance du viol, peu importe les localités, les victimes sont nombreuses et diverses en âge. Lors de la première salve des caravanes, nous avons noté beaucoup de grossesses en milieu scolaire (+ de 400 en une année scolaire, à Man). Là- bas les grossesses scolaires sont un vrai enjeu.
La manière d’adresser ces enjeux est différente en fonction des localités : à Man il y a beaucoup d’associations féministes contrairement à Duékoué, Bangolo et Danane, ou il n’y a pas d’associations féministes mais communautaires de quartiers.
Irad GBAZALE
- Pourquoi as-tu rejoint le projet des caravanes ?
C’est une passion de mener ces caravanes, c’est mon milieu c’est mon quotidien.
Une fois de plus, je voulais me mettre au service des droits des femmes, lutter pour leurs droits.
Les initier aussi dans différents domaines, leur apporter un savoir sur les mouvements des femmes. Elles ne doivent pas être en marge de toutes ces actions, les motiver dans leur engagement.
Elles mènent les actions sans savoir qu’elles sont féministes.
- Qu’est ce que tu as appris des femmes rencontrées ?
J’ai beaucoup appris de leurs partages d’expériences, de leurs vies.
- Les 2 salves de rencontres ont été menées dans des localités différentes de l’ouest de la Côte d’Ivoire, les femmes ont-elles des préoccupations communes ? Font-elles face aux mêmes enjeux ?
Elles ont les mêmes préoccupations : les violences qu’elles subissent, les agressions sexuelles, les viols, les dénis de ressources. Le règlement à l’amiable, imposé lors des agressions sexuelles, par le droit coutumier est une injustice qu’elles dénoncent toutes.
Elles ont beaucoup mis l’accent sur la santé, l’accès aux soins qui est difficile et coûteux pour elles.