– Label ampli – “Un processus pour devenir une ONG exemplaire ” – Interview de François BROU, ONEF
François Brou est chargé de projet pour l’ONEF (Organisation nationale pour l’enfant, la femme et la famille). Créée en 1994, en Côte d’Ivoire, elle intervient dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la promotion des droits des femmes et de l’agriculture. Dirigée par une femme Madame Gogoua Rachel, elle compte une dizaine de salarié·e·s et des bénévoles. Elle est basée à Abidjan et possède deux bureaux ainsi que des représentations dans des villes à l’intérieur du pays.
Pour quelles raisons avez-vous souhaité soumettre l’ONEF à la labellisation ?
D’autres ONG d’Alliance Droits et Santé en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays de la région s’étaient déjà engagées dans la démarche. Nous ne voulions pas être en marge. Très rapidement, nous avons compris qu’il ne fallait pas laisser passer cette opportunité pour affirmer la bonne gouvernance et la bonne gestion de l’ONEF.
Dans l’exercice, on s’est rendu compte qu’au-delà du fait de chercher à obtenir le Label ampli, tout le processus permet de prendre conscience de nombreux points que nous n’aurions sans doute pas vu. C’est ainsi une opportunité pour améliorer notre management. En effet, la démarche impliquait aussi bien les équipes techniques terrain que le conseil d’administration. Nous avons dû nous mobiliser ensemble pour tenter de répondre à tous les points exigés pour l’obtention du Label.
Comment s’est déroulé le processus de labellisation ?
Au premier appel à candidature, nous avions demandé le niveau 1. Mais l’ONEF n’a pas été retenue. Nous avons principalement buté sur des questions de déclarations sociales des salarié·e·s. Nos processus de déclaration n’étaient pas systématiques. L’information a été remontée au conseil d’administration. Depuis, bien entendu, les choses sont en train de rentrer dans l’ordre. Nous l’avons intégré dans nos procédures. Au fur et à mesure, nous mettons des ressources pour nous mettre en conformité.
Quand on vous a refusé le niveau 1, pourquoi n’avez-vous pas baissé les bras ?
Deux éléments nous ont amené à ne pas baisser les bras.
D’abord, nous étions convaincu·e·s par la plus-value de ce label. C’est un cachet important pour nous.
Le second, c’est que d’autres organisations ont atteint le niveau 1. Nous avons été fouetté·e·s dans notre orgueil de voir que d’autres ONG plus jeunes avaient obtenu le label. Comment pouvions-nous avancer sans l’avoir ? c’était impossible !
Qu’est-ce que le Label ampli a apporté à votre organisation ?
Il y a eu des avancées très concrètes, comme la mise en conformité des déclarations sociales des salarié·e·s ou encore la régulation des réunions en interne de la direction exécutive et du Conseil d’administration. Statutairement, les réunions sont trimestrielles. Mais les membres du CA sont dans leurs activités et il est très difficile de les réunir, il y avait toujours des conflits d’agenda. Lorsqu’on envoyait des rapports par email, nous n’avions que peu de retours et quasiment plus d’échanges entre les membres du CA. La démarche de labellisation a ramené les gens à leurs engagements. Elles et ils ont repris possession de leur importance stratégique pour l’ONEF.
La labellisation induit aussi une analyse en profondeur de la gestion, au niveau tant stratégique qu’opérationnel. Nous avons passé tous nos plans et processus au peigne fin pour revisiter tous nos éléments et les remettre aux normes.
A la vérité, la mobilisation des ressources, notamment financière pour mettre en œuvre les activités, est de plus en plus difficile. Il faut donc se donner tous les moyens pour capter des financements. Lorsqu’on soumet des appels à financement, le bailleur voit le label. Il sait ainsi que nous sommes accompagnés par un groupe composé d’Equipop et d’Alliance Droits et santé. C’est un gage de crédibilité et de transparence. Ils savent que nos comptes et procédures sont suivis et certifiés. Ça leur permet de s’engager avec nous pour des partenariats.
Vous pensez déjà à postuler au niveau 2 ?
Bien entendu !
Pour l’instant, nous faisons la communication au sein de l’ONEF pour essayer de sensibiliser tous nos agents, pour les informer sur le label et son importance. Nous voulons faire savoir que nous sommes dans un processus pour devenir une ONG exemplaire.
Dès que s’ouvre le troisième appel à candidature, nous sommes dans la dynamique pour tenter le niveau 2 !
Je pense aussi qu’il serait intéressant de faire davantage de partage d’expérience avec d’autres organisations labellisées. Nous avons déjà la newsletter Label ampli qui nous apporte beaucoup d’informations. Mais nous pourrions aller plus loin : pourquoi pas analyser en profondeur les retombées, entamer des procédures pour postuler en commun à des fonds…