– La santé des jeunes : pas sans elles, pas sans eux
Depuis les années 2000, Equipop appuie des associations et des projets qui cherchent à améliorer la santé des jeunes, en particulier leurs droits et santé sexuels et reproductifs avec une attention particulière aux jeunes femmes et adolescentes. Cet objectif reste central dans les partenariats et les actions d’Equipop.
Il soulève des questionnements collectifs à approfondir : quelle place pour les jeunes dans les projets et les politiques ? Comment construire de réels partenariats avec les jeunes dans leur diversité ? Que peuvent apporter les approches féministes à la participation des jeunes ?
Un des fils directeurs des projets dans lesquels Equipop s’investit en matière de droits et santé sexuels et reproductifs des jeunes et adolescent·e·s est de s’appuyer sur des principes proches de ceux prônés par l’éducation populaire. Le principe central de ce modèle est d’agir avec les jeunes et non à leur place. Il repose sur la conviction que tout être humain peut construire une compréhension éclairée des problèmes qui le concernent et du monde en général, à condition d’accéder aux informations disponibles et de développer une lecture critique en relation avec ses semblables. Cette approche a fait ses preuves notamment en matière d’éducation complète à la sexualité.
Soutien aux organisations de jeunes engagé·e·s
Equipop est en partenariat avec l’AJCAD Mali, Association des Jeunes pour la Citoyenneté Active et la Démocratie depuis 2013. Les membres de l’AJCAD sont de jeunes activistes engagé·e·s à faire résonner les voix des jeunes dans les instances de prise de décision au Mali. L’organisation vise à accélérer l’engagement civique des jeunes à travers la mobilisation citoyenne et médiatique. AJCAD investit aussi des espaces décisionnels régionaux et internationaux de haut niveau, comme dernièrement au cours du sommet Afrique-France.
S’inspirer de l’éducation populaire amène à reconnaître qu’un autre type de savoir, celui issu de l’expérience des jeunes, est aussi valable que le savoir technico-scientifique. L’éducation populaire en matière de santé des jeunes pourrait alors être perçue comme alimentant un dialogue entre les connaissances des jeunes, celles tirées des expériences de mouvements et collectifs qui défendent les droits à la santé, et celles des docteur·esse·s, technicien·ne·s et chercheur·e·s. Elle permet de créer collectivement des connaissances en questionnant les modes de transmission hégémonique des savoirs et suppose de s’appuyer sur des outils didactiques alternatifs comme le théâtre, le jeu ou l’art.
Partenariat stratégique avec JED : association d’éducation populaire
L’ONG sénégalaise Jeunesse et Développement (JED) et Equipop nourrissent un partenariat stratégique depuis plusieurs années portant sur l’enjeu de la participation des jeunes à la construction des sociétés et plus spécifiquement sur la promotion des droits et de la santé des femmes et des jeunes filles. JED, présent sur tout le terri- toire sénégalais, considère la jeunesse comme le meilleur vecteur de transformation sociale. Ses actions d’éducation, de formation, d’insertion, de promotion des Droits et de la Santé Sexuels et Reproductifs (DSSR), de défense de l’environnement bénéficient à plus de 10 000 adolescent·e·s et jeunes.
#JeVeuxSavoir : les jeunes au coeur du plaidoyer pour l’ECS
La campagne de mobilisation citoyenne et politique #JeVeuxSavoir, développée et diffusée par les organisations membres du réseau Alliance Droits et Santé, vise à accélérer les engagements des Etats d’Afrique de l’Ouest à fournir une Éducation Complète à la Sexualité de qualité. Plusieurs piliers de cette campagne ont assuré une pleine participation des jeunes : travail avec des artistes, recueil et valorisation de témoignages de jeunes dont les vies ont été transformées par l’accès, ou le non accès aux informations sur l’ECS, interpellations des pouvoirs publics directement par des groupes de jeunes formés et outillés…
#OnDoitAgir – photos et dessins au service de la démocratie sanitaire
#OnDoitAgir est un projet d’empouvoirement des jeunes porté par quatre associations béninoises (le Scoutisme, le ROAJELF, JVS et l’OCJ). Ce projet permet aux jeunes de prendre conscience collectivement de leurs droits en matière de DSSR et de les revendiquer auprès des autorités locales et nationales. A travers la photo et le dessin, les jeunes ont montré leurs réalités et porté leurs voix. Collectivement, elles et ils ont porté des plaidoyers pour dénoncer les obstacles qui les privent du respect de leurs DSSR et pour exiger des engagements de la part des responsables locaux et nationaux.
De la participation au partenariat pour lutter contre les inégalités de santé
Remettre en cause un fonctionnement inégalitaire de la société et, en particulier les atteintes aux droits des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive, reste la préoccupation centrale des associations soutenues par Equipop. Ceci suppose de travailler sur le pouvoir d’agir des jeunes. Il s’agit de construire des partenariats avec les jeunes pour leur permettre de s’impliquer, de construire avec des professionnels, d’acquérir du « pouvoir » dans l’élaboration et la mise en œuvre de projet, mais aussi de peser dans la conception des programmes et politiques qui les concernent. Le pouvoir d’agir individuel se réinvestit alors dans une mobilisation collective qui vise à faire avancer les droits d’un groupe social marginalisé. C’est ce que font plusieurs partenaires à travers les audits sociaux par exemple. Au niveau d’Equipop, construire un réel partenariat passe par utiliser nos privilèges et notre pouvoir d’influence pour imposer systématiquement la participation des jeunes et spécifiquement des jeunes femmes dans les espaces où se construisent les programmes et les politiques de santé. C’est ce à quoi nous nous employons systématiquement. Cela passe également par soutenir sur le long terme des associations de jeunes qui combattent pour leurs droits !
L’audit social : un outil pour la participation des jeunes au débat citoyen sur la qualité des services de DSSR
L’Etat est « redevable » envers ses citoyen·ne·s, et en particulier envers les plus jeunes, d’assurer le respect de leurs droits et l’accès non-discriminatoire à des services publics de qualité. Grâce à l’audit social, un groupe de citoyen·ne·s se met en action pour évaluer la qualité et la performance des services publics, souvent au niveau local, et demander des comptes aux autorités.
Au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, Equipop soutient des initiatives d’audit social menées par les jeunes. Ces audits reposent sur des outils flexibles et adaptatifs inspirés des score-card, et utilisent un système de critères créé avec les jeunes. Ce mode d’évaluation permet de noter un service, d’identifier les défis liés à la qualité et à l’accès et de trouver des solutions ou de formuler des recommandations à l’endroit des services publics.
Ce document présente les principales recommandations tirées de l’évaluation score card réalisée par les jeunes évaluateur·trice·s. Mises en œuvre, elles peuvent contribuer à faciliter et améliorer l’accès, l’accueil, et la qualité des services en SSR-PF pour les jeunes.
ZOOM ROAJELF Bénin
Le ROAJELF (Réseau Ouest Africain des Jeunes femmes Leaders-Bénin), partenaire d’Equipop depuis 2018, rassemble des jeunes femmes béninoises qui agissent pour promouvoir leurs droits et le leadership féminin. Leurs actions visent la participation des femmes et des filles aux processus de décisions et au développement de la sous-région Ouest-Africaine.
Le ROAJELF-Bénin a bénéficié d’un appui financier et d’un soutien organisationnel, renforçant ainsi ses capacités de gestion et d’action, lui permettant d’acquérir une meilleure visibilité auprès des bailleurs et des acteurs de la sous-région. Le ROAJELF-Bénin apporte à son tour un soutien à des structures féministes émergentes au Bénin, comme en 2021 lors de l’organisation du Camp Obirin, qui a rassemblé une cinquantaine de jeunes filles béninoises pour les former à l’empouvoirement collectif.
Vers une approche féministe de la participation des jeunes
« Ce qui se fait sans nous, se fait contre nous », martèlent aujourd’hui les jeunes, reprenant la célèbre phrase de Nelson Mandela. Pour aller au-delà du slogan et favoriser une réelle participation, il s’avère indispensable de continuer à se poser des questions fondamentales. Parmi elles, la question de la représentativité reste cruciale. Comment s’assurer que les jeunes dans leur diversité participent : ce sont souvent en effet les jeunes les mieux intégrés socialement et les mieux formés intellectuellement qui peuvent investir leurs énergies dans les projets et les consultations. En particulier, comment s’assurer que les jeunes femmes soient représentées également et que les dynamiques enclenchées contribuent effectivement à lutter contre les inégalités de genre ? Les bonnes intentions ne seront pas suffisantes pour faire de la participation des jeunes un réel vecteur d’émancipation et d’égalité. Les approches féministes pourront y aider collectivement.