– Jeunes leaders SANSAS : mobilisation sociale et politique pour leurs droits reproductifs !
Pendant 15 mois, Equipop et JED (organisation sénégalaise experte en développement communautaire, éducation populaire et approches transformatives), ont accompagné des jeunes leaders du projet Sansas dans la mise en œuvre de plans de plaidoyer. A destination des décideur·euse·s et élu·es locaux (conseils communaux et départementaux) et nationaux (Ministères, Parlementaires), ces plaidoyers portent sur les sujets retenus à l’issue des Lab d’incubation menés au niveau national et district.
Des labs d’incubation aux plans de plaidoyer
En 2022 et 2023, des “labs d’incubation” ont été organisés dans chacune des zones d’intervention du projet Sansas (Goudomp, Bounkiling, Sédhiou, Mbour et au niveau national à Dakar). Des Jeunes Leaders, des autorités politiques et religieuses et différents partenaires clefs y ont participé. L’objectif ? Etablir un diagnostic inter-communautaire et intergénérationnel sur les inégalités de genre et les DSRAJ (droits et santé reproductifs des adolescent·e·s et des jeunes).
Ces Labs ont suscité de nombreux échanges. Notamment grâce à l’élaboration participative d’un diagnostic de la situation, permettant de définir collectivement des priorités et des plans d’action pour améliorer la santé des ados et des jeunes.
Pour renforcer les capacités des jeunes leaders en technique de plaidoyer et pour préparer les activités, une séquence a été réalisée sur ce sujet lors du camp d’été Sansas auprès de 70 jeunes leaders. Des ateliers préparatoires plus approfondis se sont déroulés à Sédhiou et Mbour fin octobre 2023 avec l’ONG RAES et l’organisation JED. Les échanges ont permis plusieurs temps de réflexion collective : comment activer une mobilisation politique ? Quelle posture adopter lorsqu’on interpelle des autorités, politiques ou religieuses ? Comment entretenir un sens du collectif porteur entre les jeunes leaders ?
Les jeunes leaders sont maintenant prêt·e·s à passer à l’action !
Vers la démocratie en santé au niveau national : intégration des OSC de jeunesse dans les instances de décision
Le plaidoyer national vise l’amélioration des politiques publiques relatives aux DSRAJ au Sénégal. Cette amélioration passe par l’intégration des organisations de la société civile (OSC) de jeunesse dans les instances de décision nationales du Ministère de la Santé qui traitent de santé de la reproduction et d’égalité de genre. Ce plaidoyer s’inscrit donc dans une dynamique plus large de “démocratie en santé”, permettant aux jeunes d’être parties prenantes des débats et des décisions prises concernant leur propre santé au même titre que d’autres acteur·ice·s concerné·e·s : élu·e·s et fonctionnaires nationaux·les et locaux·les, et agent·e·s de santé.
Pour la mise en oeuvre de ce plaidoyer national, Equipop sera accompagnée par plusieurs organisations sénégalaises dont entre autres JED, qui coordonne le déploiement des plaidoyers, YouthWomenforAction (YWA), organisation féministe qui promeut l’autonomisation et la participation des jeunes filles au développement et Action4change, qui travaille à l’intégration des jeunes, notamment des jeunes filles aux instances de décision.
Un plan d’action pour accompagner l’empouvoirement et outiller les OSC
Concrètement, cela passe entre autre par :
– le fait d’amener le directeur de la DSME (Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant) à signer une note officielle d’intégration de 5 OSC de jeunesse dans le comité de pilotage SRMNIA (santé de la reproduction maternelle, néonatale, infantile, des adolescents et la nutrition)
– le fait de capitaliser sur les pratiques inspirantes déployées en matière de démocratie en santé et redevabilité dans la sous région et au Sénégal en particulier.
Accompagner l’empouvoirement des OSC de jeunesses participe d’un chemin d’émancipation individuel et collectif qui s’inscrit dans une démarche politique. L’objectif ? Que les jeunes puissent investir les espaces de pouvoir pour des sociétés plus égalitaires.
Des actions collectives de mobilisation sociale et politique des jeunes au niveau national viendront accompagner ce dispositif, afin de faire entendre leurs voix et de défendre l’approche jeunes et la qualité des soins de santé reproductive. L’accès à des services de santé de qualité, adaptés aux besoins des jeunes, notamment des jeunes femmes demeure un point majeur de revendications.
Ce plan d’action national permet également de nourrir les plaidoyers au niveau local menés en direction des élu·es et décideur·euses politiques des communes et départements.
Des plaidoyers ancrés dans les zones d’intervention répondant aux besoins exprimés par les jeunes
Dans la zone de Sédhiou, la problématique qui est ressortie concerne les grossesses en milieu scolaire et leur lien avec les violences sexuelles et sexistes (VSS). Pour passer à l’action et porter les messages les plus adaptés aux réalités locales, il est nécessaire d’avoir une bonne connaissance des enjeux. Un travail de collecte de données sera donc réalisé, avec des organisations de lutte contre les VSS, pour mieux comprendre qui sont les jeunes filles concernées par ces grossesses précoces et non désirées, quelles sont les causes de ces grossesses et quelles en sont les conséquences sur leur santé physique, mentale et leur scolarité. Sur cette base, les jeunes leaders porteront ensuite des messages de plaidoyer auprès des chefs d’établissements et inspecteurs d’académies pour prendre position en faveur de la révision de la circulaire 007383 du 27 mars 2023, visant à maintenir dans les établissements les élèves en cas de grossesse et assurer la reprise de leur scolarité après l’accouchement.
Dans la zone de Mbour, l’engagement porte sur la possibilité des jeunes à pouvoir se rendre dans les structures de santé en toute sécurité et de pouvoir accéder à des services de santé reproductive de qualité, dans la confidentialité et le respect de leurs droits. Dans cette zone particulièrement touristique, l’exploitation sexuelle des jeunes est importante; il s’agira donc également de visibiliser ces enjeux pour proposer des moyens et des réponses. Le plan d’action mis en oeuvre poursuivra 3 objectifs :
– renforcer l’environnement de protection des jeunes et adolescent·e·s contre les violences
– amener la mairie de Mbour à dégager une ligne budgétaire pour renforcer les capacités des prestataires de santé sur 1/ la question de l’exploitation sexuelle et 2/ l’approche jeunes en matière de santé reproductive
– assurer le suivi de l’engagement du maire autour des enjeux d’exploitation sexuelle dans les services de protection de l’enfance.
Les jeunes leaders et JED : en route pour l’action !
Equipop et JED prendront le temps d’organiser les stratégies et l’opérationnalisation des actions, en faisant de l’intégration du genre dans les plans de plaidoyers une priorité. Cela se traduit par la création des conditions et des opportunités permettant aux jeunes (notamment filles), en tant qu’individus, d’avoir les mêmes droits et opportunités en fonction de leurs besoins. Le tout dans un environnement empreint de respect.
Afin d’embarquer l’ensemble des acteur·ice·s concerné·e·s par la santé des ados et des jeunes, et pour renforcer l’appropriation des activités mises en œuvre, des réunions de concertation seront organisées dans les zones d’intervention.
Les jeunes et l’ensemble des parties prenantes sont déjà très mobilisé·e·s dans ce travail qui vise à amplifier la voix des jeunes et à interpeller les autorités afin d’avoir un réel impact sur les politiques publiques et faire respecter les droits et santé reproductifs !