Du 2 au 7 avril 2025, le Centre de Formation Professionnelle (CIFOP) de Mboro, au Sénégal, a accueilli 135 Jeunes Filles en Mouvement (JFM) venues de Mbour, Fimela et Matam. Accompagnées des équipes de Jeunesse et Développement (JED), d’Equipop, et d’une consultante féministe Sénégalaise, ces jeunes filles ont vécu un lab d’incubation unique en son genre.
Des stratégies de plaidoyer co-créer avec l’approche genre et féministe
Dès les premiers instants, le Lab s’est voulu un espace de réflexion libre et bienveillant, où les jeunes filles ont pu mettre des mots sur ce qu’elles vivent, ressentent et veulent transformer. Durant les 5 jours, des temps de discussion autour de notions parfois floues ou mal comprises comme : féminisme, patriarcat, sororité, genre… on permis de clarifier les représentations.
L’empouvoirement étant le cœur de l’approche d’Equipop, les JFM ont été accompagnés à comprendre comment mener un plaidoyer efficace, cohérent et ancré dans les réalités locales. C’est à partir de leurs propres constats, savoirs sur les violences sexuelles et sexistes dans leurs régions que les JFM ont commencé à réfléchir : Quels sont les enjeux ? Quelles en sont les causes profondes ? Que manque-t-il pour que les choses changent ?
Les discussions ont été nourries de témoignages, de partages d’expérience et de beaucoup d’écoute et de bienveillance. Peu à peu, chaque groupe régional a défini un problème central et construit autour de lui une stratégie de plaidoyer.
- À Mbour, il s’agissait d’améliorer la prise en charge des survivantes de viol.
- À Fimela, de lutter contre les grossesses non désirées en renforçant l’éducation à la vie affective et sexuelle.
- À Matam, les JFM ont choisi de revendiquer l’application stricte de la loi criminalisant le viol pour briser le silence et l’impunité.
Les JFM, des actrices de changements
À travers une méthode participative et dynamique qu’est l’EquipopLab, les idées ont été testées, débattues, sélectionnées collectivement. Les jeunes filles ont appris à transformer leurs intuitions en actions concrètes, à argumenter, à prioriser. Elles ont créé des storyboards, réalisé des prototypes, et préparé des présentations publiques de leurs projets. Certaines ont même utilisé le théâtre pour raconter leur réalité, et interpeller sur les injustices vécues. Des moments d’émotions fortes tant les sujets abordés sont importants pour les JFM.
L’énergie collective, la volonté commune de s’attaquer aux violences, à l’injustice, et faire entendre la parole des jeunes filles ont animé les JFM et permis d’avoir un moment où les jeunes filles ont pu prendre toute leur place, se projeter comme actrices du changement, légitimes et compétentes pour défendre leurs droits et ceux des autres filles de leurs régions.
Le lab d’incubation des Jeunes Filles en Mouvement à Mboro est une étape fondatrice dans un parcours plus large. Le projet ajoute un accompagnement socio professionnel et psycho social personnalisé de chacune de ces 135 jeunes filles (réalisé par JED) afin de les guider dans la construction de leurs vies.
Focus sur les plans de plaidoyer
Matam
Les JFM de Matam interpellent le gouverneur pour mettre fin au silence et à l’impunité des viols, en exigeant le respect de la loi qui criminalise le viol. Leur projet, centré sur la libération de la parole et la mobilisation politique, s’appuie sur des cercles de paroles mensuels réunissant des jeunes filles aux profils variés, accompagnées d’une psychologue féministe. Les enseignements de ces échanges nourriront une lettre de plaidoyer collective remise au gouverneur avec un objectif clair : obtenir des engagements concrets pour la protection et la justice.
Mbour
À Mbour, Saly et Malicounda, les JFM plaident pour une meilleure prise en charge des survivantes de viol, en mobilisant la communauté et en interpellant les autorités municipales. Formées et accompagnées par des alliées féministes, elles mèneront des dialogues communautaires, collecteront des données locales, puis organiseront un panel pour aboutir à la signature d’un mémorandum par les maires. Leur objectif : obtenir des engagements concrets, pour le financement des soins médicaux, juridiques et psychosociaux pour les survivantes.
Fimela
À Fimela, les JFM agissent pour prévenir les grossesses non désirées en milieu scolaire en plaidant pour l’implication des acteur·rice·s clés de l’écosystème de la VSS pour une participation active et soutenue aux activités scolaires, en particulier les événements culturels et les FOSCO. Leur stratégie combine mobilisation communautaire (marches, conférences, rencontres locales) et interpellation des autorités éducatives, pour garantir une éducation sexuelle complète et renforcer la prévention dans les espaces scolaires et culturels. L’objectif : obtenir des engagements concrets des autorités locales pour protéger l’avenir des jeunes filles.
