– Jeunes en Vigie : transformer le système de santé pour que les filles ne soient plus laissées-pour-compte

– Jeunes en Vigie : transformer le système de santé pour que les filles ne soient plus laissées-pour-compte

En 2019, Equipop poursuit son appui aux actions en faveur de la participation citoyenne des jeunes et des femmes avec le projet Jeunes en Vigie soutenu par l’Initiative 5%. Ce projet vise une meilleure réponse du système de santé aux besoins spécifiques des filles et au respect de leurs droits, en particulier concernant le traitement des trois pandémies — VIH/Sida, tuberculose, paludisme — avec le souci d’intégrer finement les droits et la santé sexuels et reproductifs.

Les filles et jeunes femmes, du fait de leur âge et de leur sexe, sont en prise avec des rapports de pouvoir fortement inégalitaires. Ces rapports de pouvoir peuvent impacter leur santé de différentes manières, par exemple en limitant leur accès à certaines ressources comme l’alimentation ou en les exposant à des violences spécifiques. Parallèlement, le système de santé et plus généralement les programmes et politiques peinent à répondre à leurs besoins particuliers. Cela est dû à de multiples facteurs : sous-investissement en faveur de cette population « laissée pour compte », attitudes discriminantes du personnel soignant et de la communauté, non prise en compte de leurs paroles… Leur accès à l’information, aux conseils, à une prise en charge médicale et psychosociale adaptée est ainsi très réduit.

LA SANTÉ DES FILLES ET JEUNES FEMMES, UN DÉFI DE SANTÉ PUBLIQUE, UN ENJEU DE DROITS HUMAINS

Au Burkina Faso et au Sénégal, la situation et les indicateurs s’avèrent préoccupants pour les filles, en particulier concernant leurs droits et santé sexuels et reproductifs. 75% des nouvelles infections à VIH chez les jeunes concernent les jeunes filles, augmentant ainsi par corrélation leurs risques de contraction de la tuberculose. Elles sont aussi des populations particulièrement à risque d’infection palustre et ce risque est accru lorsqu’elles sont enceintes. Or, les filles burkinabè et sénégalaises sont nombreuses à commencer tôt leur vie procréative avec des conséquences, non seulement en termes de transmission du VIH mère-enfant mais également de morbi-mortalité maternelle, néonatale et infantile. A 19 ans, 57% des Burkinabè et 34% des Sénégalaises ont déjà eu un enfant ou sont enceintes.

Il existe aujourd’hui un consensus sur la nécessité de mieux prendre en compte les filles et les jeunes femmes dans la lutte contre les trois pandémies (VIH/Sida, tuberculose et paludisme) et sur l’effet levier que cela pourrait constituer en faveur de la résilience des systèmes de santé. Néanmoins, ces orientations ont encore du mal à se traduire en pratique. S’appuyant sur les lignes directrices existantes, sur des expériences capitalisées, ainsi que des partenaires complémentaires et engagés en faveur des droits et de la santé des adolescentes, ce projet contribue à renforcer les systèmes de santé au Burkina Faso et au Sénégal. A travers une approche qui place les filles et les jeunes femmes au coeur de l’action, le projet Jeunes en Vigie, en partenariat avec Burcaso et SOS/JD au Burkina, et JED et le RAES au Sénégal, renforce l’accès de ce public à des services de santé de qualité intégrés et adaptés à leurs besoins spécifiques, et respectant leurs droits.

L’AUDIT SOCIAL EN SANTÉ ET LE SOUTIEN DES RÉSEAUX DE JEUNES FÉMINISTES : DEUX VOIES POUR DES TRANSFORMATIONS SYSTÉMIQUES

Dans le cadre des projets comme au sein des systèmes de santé, les patient·e·s, en particulier quand elles sont femmes et jeunes, sont souvent considérées comme des « sujets bénéficiaires » rarement comme des « usager·e·s doté·e·s de droits » encore moins comme des « citoyen·ne·s engagé·e·s ». Il y a pourtant dans cette évolution possible de statuts des leviers pour améliorer la qualité des services, en renforçant le respect des droits individuels et favorisant l’action collective. Ce changement de posture suppose plusieurs préalables : l’information et la formation des filles usagères des services de santé, la sensibilisation des prestataires de santé et des personnes en situation de décision, la création d’espaces de dialogue. Le projet Jeunes en Vigie veille à répondre à ces différents enjeux.

Le dispositif développé permet tout particulièrement aux filles d’exprimer en toute confiance leurs vécus, les défis rencontrés en raison de leur âge et de leur sexe, leurs besoins pratiques et intérêts stratégiques. La création de ces espaces sécurisés — avec des personnes formées à les écouter et à soutenir la structuration de leurs revendications — sera un élément clé pour améliorer les services et soins proposés par le système de santé. Dans cette dynamique, les audits sociaux conduits par des filles usagères à travers des enquêtes de terrain au sein des services sanitaires et des entretiens menés auprès de leurs paires permettent tout aussi bien de mettre en avant des bonnes pratiques de certains centres de santé que de pointer des atteintes aux droits ou de mauvais fonctionnements d’autres établissements. Les jeunes activistes féministes sont également étroitement associées au projet. Elles participeront à former les usagères à leurs droits ainsi qu’à sensibiliser les personnels de santé à des approches non sexistes. Enfin, elles intégreront les données recueillies à leurs revendications politiques afin de porter les paroles des filles au plus haut niveau des prises de décision.