– Interview : Xavier Hospital, engagé pour une Éducation Complète à la Sexualité de qualité en Afrique de l’Ouest et du Centre
Xavier Hospital est Conseiller régional en éducation pour la santé, en Afrique de l’Ouest et du Centre, à l’UNESCO.
Quels sont, du point de vue de l’UNESCO, les principaux défis pour l’Éducation Complète à la Sexualité (ECS) en Afrique de l’Ouest ?
Commençons par saluer les efforts des pays qui renforcent activement leurs programmes d’ECS. Ensuite, il faut bien reconnaître qu’en dépit des études soulignant ses avantages, beaucoup d’enfants et de jeunes de la région n’ont pas encore accès à une ECS de bonne qualité. Il y a plusieurs raisons à cela, dont la résistance de certains parents, enseignant·e·s ou des décideur·euse·s, résultant de malentendus sur la nature, le but et les effets de l’ECS. Au sein du secteur de l’éducation, on constate des lacunes dans l’analyse et la planification sectorielles, dans l’enseignement et l’apprentissage, et dans la coordination entre les secteurs. Les gouvernements nationaux ont besoin de stratégies appropriées pour intégrer l’ECS et les réponses à la violence de genre en milieu scolaire dans les plans sectoriels de l’éducation. Les enseignant·e·s doivent être mieux formé·e·s. Enfin, une meilleure collaboration avec d’autres secteurs, notamment celui de la santé, est nécessaire pour garantir l’accès des jeunes à des services appropriés.
L’UNESCO et l’UNFPA sont en train d’impulser un mouvement en faveur de l’ECS en Afrique de l’Ouest et du Centre : pouvez-vous nous présenter cette campagne ?
On rencontre de plus en plus de responsables nationaux reconnaissant le rôle que peut jouer l’ECS pour créer des citoyen·ne·s en bonne santé, éduqué·e·s et à même de contribuer au bien-être économique et social de leur société. Ces responsables ont besoin qu’un cadre politique favorable leur permette de passer à l’échelle des programmes d’ECS de bonne qualité, raison pour laquelle l’UNESCO et l’UNFPA ont lancé le processus vers un engagement des ministres de l’éducation et de la santé pour l’ECS et les droits et la santé sexuels et reproductifs en Afrique de l’Ouest et du Centre. Plusieurs organisations régionales se sont réunies au sein d’un Groupe de travail technique pour conduire le processus d’engagement. Il s’agit d’agences des Nations unies, des communautés économiques régionales, de réseaux de jeunes, de la coopération bilatérale et bien sûr d’organisations de la société civile telles qu’Equipop.
D’après-vous quelle est la place des organisations de la société civile et de structures comme Equipop dans cette dynamique régionale ?
Il faut mobiliser un grand nombre d’acteurs et d’actrices et des structures comme Equipop jouent un rôle très important dans le processus d’engagement de la région. Leur connaissance du terrain et des acteur·rice·s les place en bonne position pour identifier des partenaires stratégiques, pour orienter et conduire des activités de plaidoyer, pour s’assurer que la voix de la société civile soit bien entendue dans les processus de consultation et pour garantir que les enjeux importants ne soient pas oubliés. Au niveau national, des organisations comme Equipop peuvent renforcer la coordination entre partenaires, élément très important pour conduire un plaidoyer et des programmes d’ECS cohérents et placés sous l’égide des gouvernements nationaux.