IMAGINER ENSEMBLE UNE CAMPAGNE POUR TRANSFORMER LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

IMAGINER ENSEMBLE UNE CAMPAGNE POUR TRANSFORMER LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

Et si on imaginait ensemble à quoi pourrait ressembler une campagne ambitieuse et collective pour transformer les politiques de paix et de sécurité en Afrique de l’Ouest ? C’est le pari qu’ont relevé une trentaine de participant·e·s venu·e·s du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Niger, du Sénégal, Togo, du Tchad mais aussi du Cameroun, de la République Démocratique du Congo et d’Algérie. Du 30 juin au 02 juillet, s’est déroulé un   Lab d’incubation à Cotonou; , les réflexions ont fusé pour esquisser les contours d’une campagne régionale autour des agendas Femmes, Paix et Sécurité et Jeunesse, Paix et Sécurité (FJPS).



Réancrer les agendas FJPS dans les luttes locales

 

Les agendas Femmes, Paix et Sécurité, et Jeunes, Paix et Sécurité, pourtant portés par les Nations Unies depuis respectivement 2000 et 2015, restent souvent perçus comme des outils technocratiques éloignés des luttes quotidiennes des femmes et des jeunes dans les contextes de crise. À Cotonou, les récits ont ancré ces références dans des réalités concrètes : violences sexistes et sexuelles (VSS), déplacements forcés, inégalités structurelles, mais aussi résistance, entraide et intelligence politique. Ces trois journées ont été un espace d’analyse, de projection et de co-construction stratégique.

 

Si les spécificités de chaque pays sont uniques, des constats communs émergent : manque de données fiables, méconnaissance des lois, absence de vulgarisation des plans d’action nationaux, faibles budgets alloués, et invisibilisation des violences vécues par les femmes et les jeunes dans les zones de conflit. Les participant·e·s ont souligné la méconnaissance généralisée des PAN 1325/2250, leur faible appropriation par les populations, et le manque de ressources pour leur mise en œuvre par exemple.

 

Dans plusieurs pays, les lois existent, mais ne sont ni vulgarisées, ni appliquées, et les violences restent invisibilisées par manque de données fiables. La parole des jeunes et des femmes, surtout en contexte de crise, continue d’être marginalisée dans les processus de décision. Face à cela, le Lab a permis de réaffirmer une priorité commune à tous les pays rassemblés : réancrer les agendas FJPS dans les combats menés sur les territoires. Ils doivent dépasser le stade d’outils onusiens abstraits, pour devenir de vrais leviers de transformation politique et sociale.

Des réalités multiples, un objectif commun

 

Face à ces défis, les participant·e·s ont exprimé une volonté forte de travailler ensemble, de penser au-delà des frontières et de porter une voix politique collective. 

 

Imaginer ensemble une campagne régionale de plaidoyer, c’est possible. À partir d’une grille d’analyse partagée, chaque pays a présenté ses enjeux, ses combats et ses propositions. Les personnes présentent à ce Lab ont défini les premières lignes d’une campagne régionale qui part des vécus et récits des communautés locales, adresse les failles des politiques publiques de sécurité, revendique des budgets, des données, et une place effective des femmes et des jeunes dans les processus de décision et change les récits dominants sur la paix et la sécurité.

 

Au fil des discussions, les participant·e·s ont fait émerger des propositions audacieuses, portées par un objectif commun : mettre fin aux violences sexuelles et sexistes par des actions concrètes et stratégiques. Des idées concrètes ont émergé : une campagne médiatique pour revendiquer un fonds spécial pour les victimes de VSS a suscité l’adhésion. Certaines ont proposé d’organiser une caravane régionale pour mobiliser les communautés et faire signer une pétition. D’autres ont imaginé un documentaire de plaidoyer adressé aux autorités politico-judiciaires. Une campagne digitale ciblée, la création de centres intégrés, ou encore une approche hybride à travers le projet Radar Paix & Inclusion ont également été discutées. Un dialogue multi-acteurs, associant OSC, leaders communautaires, partenaires et gouvernements, a été pensé comme levier stratégique complémentaire.

2025 : notre moment politique

 

Avec l’anniversaire des 25 ans de la résolution 1325 en octobre prochain, et les 10 ans de la résolution 2250 en décembre, cette année 2025 s’annonce être catalysatrice de moments collectifs. Cette campagne s’inscrit dans un moment stratégique, elle vise à demander une transformation de la lecture actuelle des agendas FJPS à toutes les échelles. L’opportunité est là : porter une voix régionale forte.

 

La campagne incubée à Cotonou s’inscrit dans un calendrier stratégique, mais surtout dans une vision politique à long terme. Elle est née d’une volonté partagée : ne plus laisser les États et les bailleurs parler de paix et de sécurité sans les femmes ni les jeunes. Et ne plus construire la paix et la sécurité sans les personnes les plus concernées.