– Adapter les pratiques face au Covid-19
Comme toute organisation, Equipop est fortement impactée par le Covid-19. Nous sommes toutefois dans une situation particulière puisque nos équipes sont basées pour moitié en France et pour moitié dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest.
Tou·te·s nos salarié·e·s, quel que soit leur lieu de vie, sont depuis la semaine dernière en télétravail. Nous avons reporté tous nos déplacements et avons annulé les événements et activités regroupant du public dans le mois à venir. Nous sommes en lien étroit avec la cinquantaine de partenaires avec lesquel·le·s nous collaborons, les invitant à prendre les mêmes dispositions, et réfléchissant ensemble à la meilleure manière d’assurer la continuité des activités et, quand cela est pertinent, d’apporter notre contribution à la crise mondiale que nous rencontrons et aux enjeux spécifiques qu’elle soulève.
Les inégalités accentuées en temps de crise
Nous le savons, les vulnérabilités se creusent en temps de crise et sont accrues par le stress, les pertes de revenus ou encore les inégalités dans la contribution aux charges domestiques et aux soins des malades. Les plus pauvres peinent à accéder aux informations et aux services de santé. Les migrant·e·s actuellement sur les routes de l’exil ou vivant dans des camps, dans des centres d’hébergement ou à la rue voient leurs conditions de vie empirer. La situation des populations dans certains pays, comme ceux d’Afrique de l’Ouest où nous avons de nombreux partenariats, sera particulièrement difficile. Si certains pays sont confrontés à l’extension de la pandémie, leurs systèmes de santé pourront-ils y faire face ? Comment les mesures de protection vont-elle pouvoir être mises en place sur des territoires où l’accès à l’eau est limité ? Par ailleurs, comment les citoyen·ne·s pourront-elles concilier des mesures de confinement avec la nécessité d’assurer leur survie au quotidien ?
Par ailleurs, nous manquons cruellement d’une réponse prenant en compte les besoins spécifiques des femmes dans cette situation alors même que les crises sanitaires précédentes, comme la crise Ebola ou Zika, nous ont montré qu’elles accentuaient encore les inégalités de genre (lire à ce sujet l’article du Lancet “Covid-19 : the gendered impacts of the outbreak”). Les femmes et les enfants, premières victimes de violences conjugales, souffrent davantage des mesures de confinement. L’accès aux services de santé sexuelle et de la contraception devient encore plus compliqué pour nombre de femmes et de jeunes. Les femmes, principales pourvoyeuses de soins, sont particulièrement exposées à la pandémie alors qu’elles ne sont que marginalement impliquées dans les processus de prise de décision et de consultation.
Poursuivre le plaidoyer
La situation actuelle rend évidente la nécessité d’investir massivement dans le renforcement des systèmes de santé et de protection sociale, en s’assurant que la dimension genre soit intégrée aux processus. C’est une priorité identifiée depuis longtemps par de nombreuses associations. Equipop continuera donc à porter ce discours, dans une période qui va probablement donner lieu à des arbitrages budgétaires très importants.
Les dynamiques en cours en faveur de l’égalité femmes-hommes vont, de fait, être ralenties. Le Forum Génération Égalité, prévu à Paris début juillet, ne pourra pas se tenir dans les conditions envisagées jusqu’à présent. Il est d’autant plus important, étant donné le contexte, de s’assurer que la mobilisation de la société civile et des Etats ne fléchira pas.