En octobre 2025, la Namibie a accueilli un moment fort d’histoire et d’engagement : les célébrations du 25ème anniversaire de la Résolution 1325 des Nations unies sur les Femmes, la Paix et la Sécurité. Adoptée à l’unanimité en 2000 sous la présidence de la Namibie au Conseil de sécurité, cette résolution a marqué un tournant majeur en reconnaissant le rôle essentiel des femmes dans la prévention des conflits, la consolidation de la paix et la reconstruction post-conflit.
Un quart de siècle plus tard, ce rassemblement co-organisé par l’Union africaine et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) n’a pas seulement été une commémoration : il a offert un espace collectif de réflexion, d’apprentissage et de projection vers les prochaines décennies.
Des progrès indéniables, mais des défis persistants
Le continent africain peut se prévaloir d’avancées notables dans la mise en œuvre de l’agenda “Femmes, Paix et Sécurité” (FPS). Aujourd’hui, 34 États membres de l’Union africaine disposent d’un Plan d’action national, et six communautés économiques régionales ont élaboré des plans régionaux, ce qui représente un leadership indéniable du continent concernant l’agenda. Malgré ces avancées, les femmes et les jeunes demeurent sous-représentés dans les processus de paix. Les conflits actuels, du Soudan à Gaza, du Sahel à la RDC, rappellent l’urgence de repenser en profondeur nos modèles sécuritaires et de paix.
La persistance du militarisme, les crises climatiques et économiques, la désinformation ou encore les violences numériques complexifient davantage les dynamiques de paix. Ces défis soulignent une réalité : la paix ne peut être durable sans transformation des systèmes patriarcaux et sécuritaires qui perpétuent les inégalités et les violences. Ce n’est pas en ajoutant des femmes à des structures inchangées qu’on atteindra la justice et la stabilité, mais en transformant ces structures elles-mêmes.
Windhoek FPS+25 : un tournant pour l’agenda africain
Pendant trois jours, les célébrations à Windhoek ont notamment réuni des responsables politiques, des jeunes leaders et jeunes féministes, des réseaux de la société civile et des représentants d’institutions internationales.
La Présidente de la République de Namibie, Dr. Netumbo Nandi-Ndaitwah, a ouvert la cérémonie en rappelant que :
“La paix n’est pas seulement l’absence de guerre, mais aussi la présence de coopération et de respect de la dignité humaine.”
L’Envoyée spéciale de l’Union africaine pour les Femmes, la Paix et la Sécurité, Liberata Mulamula, a rappelé les racines historiques de la résolution et l’importance de réaffirmer la centralité du leadership féminin africain dans la construction de la paix.
Les échanges ont mis en avant le lien entre les agendas Femmes, Paix et Sécurité et Jeunesse, Paix et Sécurité (JPS), soulignant la nécessité d’un dialogue intergénérationnel et d’une participation réelle des jeunes femmes. Les discussions ont été conclues par l’adoption de la Déclaration de Windhoek FPS+25, une feuille de route collective pour les 25 prochaines années.
À travers le projet “Pour des agendas Féministes, Paix, et Sécurité”, nous avons été présent·e·s avec certain·e·s de nos partenaires féministes pour ces célébrations, en portant des messages forts : penser en synergie les agendas FPS et JPS pour garantir une place réelle aux jeunes femmes, penser au delà d’une inclusion performative des femmes aux tables de décisions mais chercher une transformation des systèmes à l’aide de réflexions féministes.
Et maintenant ?
Ce 25e anniversaire marque une étape décisive. Il ne s’agit plus seulement de mesurer les progrès accomplis, mais de redéfinir l’agenda “Femmes, Paix et Sécurité” pour qu’il réponde aux défis actuels, de la militarisation persistante aux extrémismes violents, en passant par la montée des conservatismes, ou encore la flambée des crises politiques, sanitaires voire climatiques.
Avec le consortium et les partenaires du projet, nous repartons de Windhoek avec une conviction renforcée : inscrire durablement l’horizon d’une paix féministe et transformatrice au cœur des politiques et des pratiques des prochaines années ; une paix portée par le souci de l’implication et la protection effectives des des femmes, filles et jeunes, principales cibles et victimes des violences. Les 25 prochaines années de la Résolution 1325 nous obligent à aller plus loin : à penser la paix autrement, à partir des vécus, des luttes et des savoirs endogènes des femmes africaines.
