– Egalité femmes-hommes : grande cause, petit bilan
En amont de la journée internationale des droits des femmes, et à cinq semaines du premier tour de l’élection présidentielle, Equipop, Oxfam France et CARE France, avec la participation d’associations expertes des droits des femmes telles que la Fondation des Femmes, le Planning familial et ONE France ont réalisé un bilan de « la grande cause nationale du quinquennat » d’Emmanuel Macron. Ce rapport s’inscrit dans la mobilisation collective des associations féministes françaises #EcoutezNousBien.
Le Rapport dans les médias
Equipop a contribué à la valorisation du Rapport dans les médias.
Les associations ont analysé les lois, réformes, discours et initiatives prises ces cinq dernières années sur les grands marqueurs de la politique en faveur de l’égalité femmes-hommes : la parité politique et les budgets de l’Etat, la lutte contre les violences, l’égalité professionnelle, la politique étrangère, les droits sexuels et reproductifs. Notre grille d’évaluation est simple : les actions ont-elles répondu aux besoins et sont-elles à la hauteur d’une “grande cause nationale” ?
Le verdict est sans appel. Le bilan global du quinquennat est insuffisant pour un Président qui se déclarait “candidat féministe” en 2017. Selon notre barème, seuls les domaines des droits et de la santé sexuels et reproductifs et de la diplomatie féministe ont atteint le niveau « encouragements”. Le bilan est “insuffisant” en matière de lutte contre les violences, d’égalité professionnelle et économique, de parité politique et de budgets alloués à l’égalité femmes-hommes.
« Avec ce rapport, Equipop et ses partenaires font un état des lieux des actions en matière d’égalité femmes-hommes, et de tout le chemin qu’il reste à parcourir pour changer profondément notre société. Aujourd’hui, tout devrait pousser les candidat·e·s à faire des enjeux féministes un marqueur fort de leur programme, et pourtant, ces sujets sont les grands absents de la campagne présidentielle. Dans les jours qui viennent, nous irons donc à la rencontre des équipes de campagne et du gouvernement sortant pour faire entendre nos recommandations ». Lucie Daniel – Experte Plaidoyer chez Equipop
Bilan : des mesures qui ont manqué d’ambition et qui n’ont pas été suffisamment financées
Les actions menées, même si certaines sont à saluer, n’ont globalement pas été à la hauteur des enjeux et encore moins si on les met au regard d’une présidence qui se voulait « féministe ».
Notre rapport évalue le respect des engagements ainsi que l’efficacité des mesures prises ces cinq dernières années, en s’appuyant sur 5 marqueurs :
- Le budget et les institutions : INSUFFISANT
Le budget dédié à l’égalité femmes-hommes a certes augmenté mais il reste trop faible pour « la grande cause du quinquennat » : 0,25% du budget général en 2022. Les femmes sont plus représentées en politique, néanmoins le pouvoir reste une affaire d’hommes.
- La lutte contre les violences : INSUFFISANT
Malgré de nouvelles mesures, le bilan est très insuffisant. Les moyens alloués à la lutte contre les violences conjugales sont très loin du milliard d’euros nécessaire selon les associations spécialisées. Les dispositifs de protection ne concernent que 2% des cas de violences conjugales en France et l’accueil et la prise en charge des femmes sont toujours très problématiques.
- L’égalité professionnelle et la lutte contre les inégalités économiques : INSUFFISANT
Entre effets d’annonce, demi-mesures, voire mesures contre-productives, le compte n’y est pas. A ce rythme, les inégalités économiques entre les femmes et les hommes ne sont pas près de se résorber.
- La diplomatie féministe : ENCOURAGEMENTS
Pour la première fois, le gouvernement a annoncé l’adoption d’une « diplomatie féministe ». Attention toutefois, les financements ne sont pas à la hauteur de l’ambition affichée. La France reste 26ème/30 au classement des pays donateurs intégrant l’égalité dans leur aide.
- Droits sexuels et reproductifs : ENCOURAGEMENTS
Le bilan est encourageant avec l’adoption de mesures très attendues comme l’allongement des délais pour l’IVG ou l’élargissement de l’accès à la PMA. Mais ces enjeux ont souffert de lenteurs et de contradictions.
Les principaux chiffres clés du rapport
Budget et institutions: les fondamentaux de l’égalité
- La politique en faveur de l’Egalité femmes-hommes représente 0,25% du budget de l’Etat.
- 80% des ministères du gouvernement sont dirigés par des directeurs de cabinet hommes.
Lutte contre les violences :
- En moyenne, 1 femme tuée par son conjoint ou ex tous les 3 jours sous le quinquennat d’Emmanuel Macron.
- 4 femmes victimes de violences sur 10 qui en font la demande n’ont aucune solution d’hébergement
- 1% des viols et tentatives de viols feraient l’objet de condamnation.
- Le nombre actuel de téléphone grand danger ne représente que 1 à 2% des cas de violences conjugales.
- Le budget alloué aux violences conjugales est trois fois inférieur aux besoins identifiés par les associations spécialisées.
Egalité professionnelle et lutte contre les inégalités économiques :
- La moyenne à l’index de l’égalité professionnelle des entreprises françaises en 2021 est de 86/100, pourtant les travailleuses françaises sont toujours moins bien payées que les hommes.
- 230 000 places de crèches manquantes en France, et 40% des parents d’enfants de moins de 3 ans sont sans solution de garde.
- Le congé paternité en Espagne est 4 fois plus long que le congé paternité français.
- Il faudrait plus de 150 ans de travail à une infirmière française pour gagner ce que gagne en moyenne un PDG du CAC40 en un an.
Diplomatie féministe :
- La France est 26e/30 au classement des pays donateurs de l’aide vers les droits des femmes.
- Le Quai d’Orsay est dirigé par 4 hommes (0 femme), et près de ¾ des ambassades sont dirigées par des hommes.
- Plus de 60% des personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde sont des femmes, dont 47 millions de femmes qui ont basculé sous ce seuil à cause de la pandémie de Covid19.
Droits sexuels et reproductifs :
- Le délai pour avoir recours à une IVG est passé de 12 à 14 semaines en France.
- L’endométriose touche en France 10% des femmes en âge de procréer, soit 1,5 à 2,5 millions de femmes.
- Près de 2 millions de femmes et de filles font face à des difficultés d’accès aux protections hygiéniques pour des raisons avant tout financières.