Un tournant pour l’avancée de la Santé et les Droits Sexuels en Afrique à Freetown, en Sierra Leone

Un tournant pour l’avancée de la Santé et les Droits Sexuels en Afrique à Freetown, en Sierra Leone

Plusieurs centaines de représentant·es de la société civile féministe et des décideurs·ses du Continent étaient réuni·e·s pour échanger sur les priorités de la santé et les droits sexuels en Afrique lors de la 10e Conférence Africaine sur la Santé et les Droits Sexuels (ACSHR). Des engagements forts ont été pris par le gouvernement sous la houle de la Première Dame et de son Excellence Juulius Maada Bio en faveur « d’une maternité sans risque » dépénalisant l’avortement. Une décision historique pour le gouvernement sierra-léonais et un fort message envoyé aux pays invités.  

``Mon gouvernement a approuvé à l'unanimité un projet de loi sur la maternité sans risque qui comprendra une série de dispositions essentielles pour garantir la santé et la dignité de toutes les filles et femmes en âge de procréer dans ce pays``, Julius Maada Bio lors de son discours de clôture de la 10ème Conférence africaine sur la santé et les droits sexuels à Freetown.

Renforcer les liens entre les féministes des différents pays et porter leur voix sur la scène internationale

Plus de 700 participant·e·s féministes venu·e·s de 41 pays étaient rassemblé·e·s pour discuter de la thématique « Accélérer l’élimination de la violence sexuelle et basée sur le genre en Afrique ». Equipop y était avec des membres du réseau des jeunes féministes d’Afrique de l’Ouest, du réseau Alliance Droits et Santé, et d’autres partenaires de la Coalition DSSR du FGE notamment. Cette convention nous a permis de réunir plusieurs organisations féministes sierra-léonaises pour un temps d’échange sur les priorités en faveur de l’amélioration des droits des femmes de leur pays. L’opportunité a été saisie afin d’initier un dialogue entre elles et les représentantes du Réseau des Jeunes Féministes d’Afrique de l’Ouest.

Militantes engagées au cœur du changement vers des sociétés plus égalitaires, mobilisées pour que leurs corps ne soient plus le terrain des violences patriarcales, sexuelles, sexistes et des pratiques traditionnelles néfastes, et actives sur le terrain jusqu’au plus bas échelon communautaire et familial, cette conférence était une occasion exceptionnelle pour les militantes féministes africaines de mieux connaitre le contexte régional, les acteur·trices et les initiatives clés en matière de santé et droits sexuels. Elle fut aussi et surtout l’opportunité pour elles de rencontrer leurs paires du continent, de partager leurs expériences, bonnes pratiques et difficultés, et surtout de porter leur voix à un haut niveau de plaidoyer, tant en matière de mobilisation des ressources, qu’en ce qui concerne la prise et la mise en œuvre d’engagements des décideur·euse·s, pour réaliser les ODD 3, 4 et 5 notamment. Nous pouvons relevé le fort leadership et les discours encourageants en faveur de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, de nombreuses·eux décideur·euse·s de haut niveau présent·e·s, à commencer par le président de la république de Sierra Leone S.E. Mr Julius Maada Bio et de la Première Dame S.E. Mme Fatima Maada Bio.

Plus largement, pour Equipop et ses partenaires féministes francophones, cette conférence a permis de questionner davantage sur l’inclusion, notamment en terme de « language justice » des actrices des droits des femmes dans les conventions internationales, mais pas seulement. Au cœur des discussions, l’accès aux sources de financements par les organisations populaires (grassroot organizations) et plus précisément sur la nécessité de ne pas glisser vers l’ONGisation des jeunes mouvements féministes et de jeunes femmes.

Inclusivité en demi-teinte pour les féministes francophones

Si tou·te·s les participant·e·s semblaient s’accorder sur l’enthousiasme réservé à la prestation de l’une des chanteuses africaines les plus populaires du moment, et également engagée contre les violences faites aux femmes et aux filles, Yémi Aladé ; nous ne saurons dire avec autant de certitude si l’objectif d’établir un consensus régional et multipartite pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles africaines a été atteint durant cette conférence.

En effet, malgré la tenue d’une session sur le suivi du FGE en Afrique, co-organisé par CIFF et Equipop membre de la coalition DSSR, la question de la mise en œuvre des engagements par les états d’Afrique de l’ouest reste notamment posée. La participation de haut niveau d’autres Etats aurait probablement permis d’interpeller directement les décideur·euse·s national·aux afin d’obtenir des clarifications sur les feuilles de route prévues aux niveaux nationaux. De plus, si la conférence a été admirablement inclusive des féministes vivant avec handicap, la participation active et de qualité des féministes francophones a été mitigée. Les féministes des pays d’Afrique de l’ouest francophone étaient très peu représentées, y compris en tant qu’intervenantes et, celles qui étaient présentes étaient confrontées à des difficultés de traductions, en particulier lors des sessions non plénières. Enfin, la présence à ce type de rassemblement féministe inclusif, de personnalités notoirement anti-LGBTQ+ peut interpeller. 

Néanmoins dans l’ensemble, nous pouvons assurer que tou·te·s les participant·e·s sont reparti·e·s de la conférence, mieux connecté·e·s entre eux·elles et, enrichi·e·s des multiples expériences partagées par cette multitude d’acteurs et actrices agissant pour l’amélioration des droits et de la situation des filles et femmes africaines. Même si la barre a été placée très haute, nous attendons la prochaine édition encore plus retentissante, inclusive et multipartenaires. Entres autres, dans le cadre du Projet « Amplifier le changement en faveur de l’égalité » des jeunes féministes en Afrique de l’Ouest Francophone, des espaces d’échanges, des sessions de renforcement de capacité, sont prévus afin de poursuivre le dialogue entre les féministes de Sierra Leone et des 8 pays du projet.