– Afrique de l’Ouest : les jeunes et l’approche décentralisée au centre du plaidoyer
En 2017, le plaidoyer porté par Equipop qui cherche à lier tous les niveaux du local au global, a particulièrement travaillé sur deux priorités : la prise en compte des jeunes, et l’approche décentralisée.
Dans six pays d’Afrique de l’Ouest, Equipop et ses partenaires de la société civile se mobilisent pour que les politiques publiques s’orientent vers la santé et les droits des femmes et des filles, et que des budgets significatifs soient sécurisés. Indéniablement, les choses bougent et des engagements sont pris, comme par exemple par l’intermédiaire du ministre de la Santé burkinabè, le Professeur Nicolas Meda, au nom des Etats membres du Partenariat de Ouagadougou pour la plani – cation familiale au sommet FP2020 à Londres.
« Nous avons 3 engagements principaux : politique en affirmant
que la planification familiale est un droit humain (…), financier en nous engageant à augmenter le budget soutenant les programmes de planification familiale de 10% par an par pays jusqu’en 2020 et programmatique avec notamment (…) le développement de la délégation des tâches et l’augmentation de la qualité des services dans les pays. »
Professeur Nicolas Meda
Ministre de la santé burkinè
Mais tout autant que de pousser les responsables à prendre des engagements, le plaidoyer d’Equipop en Afrique de l’Ouest consiste à veiller à ce qu’ils soient respectés.
Ce plaidoyer se doit de couvrir de nombreux sujets afin d’assurer la cohérence de l’approche, et il s’appuie également sur des domaines ayant un effet levier et permettant d’amorcer les changements nécessaires de façon plus rapide : cette année, l’accent a été mis sur la prise en compte des jeunes, et sur la « décentralisation » (comment et pourquoi impliquer les communes).
Les droits et la santé sexuels et reproductifs des jeunes – Un enjeu sous-régional de poids
Les six pays d’Afrique de l’Ouest membres du Partenariat de Ouagadougou et associés au sommet de Londres FP2020 ont tous des populations majoritairement jeunes avec un accès très limité aux services de DSSR (67% de la population a moins de 25 ans, près de la moitié moins de 15 ans). Face à cette situation et grâce aux actions de plaidoyer, les autorités nationales ont pris des mesures fortes et développé des programmes en faveur des droits en santé sexuelle et reproductifs des jeunes :
- Prise en compte de leurs besoins dans les plans d’accélération pour la planification familiale dans chaque pays,
- Développement des programmes de gratuité pour la planification familiale chez les jeunes,
- Introduction de l’éducation complète à la sexualité en milieu scolaire,
- Création de cadres nationaux
- Et participation aux instances internationales de concertation pour les jeunes.
L’enjeu majeur réside maintenant à ce que ces programmes se transforment en actes et produisent de réels changement. C’est notamment pour cela qu’Equipop soutient tout particulièrement le travail des associations et mouvements de jeunes en Afrique de l’Ouest.
Impliquer les autorités communales
Après le constat effectué de l’absence des autorités communales dans la promotion de la planification familiale, Equipop a entamé des actions de plaidoyer en collaboration avec d’autres acteurs de la société civile. Le but : obtenir leur adhésion et leur implication dans la promotion de la planification aux côtés des autorités nationales. Ce plaidoyer a porté ses fruits et aujourd’hui, au Burkina-Faso, par exemple, nombreux sont les maires convaincu·e·s, qui ont fait de la PF une priorité de leurs plans communaux de développement. En effet entre 2014 et 2017, 33 maires ont alloué 1,36 milliards de francs CFA pour les services de PF dans leurs communes au profit des femmes et des jeunes filles en âge de procréer ! Au delà de l’accroissement des ressources qui bien qu’indispensable reste encore modeste, le travail avec les maires permet la constitution d’un pool de « champion·ne·s » qui à son tour sensibilise à l’importance des enjeux de PF les citoyen·n·es de leur communauté et d’autres personnalités dans leurs réseaux locaux et nationaux. Pour Equipop et ses partenaires, il s’agit donc de poursuivre ce travail de sensibilisation des maires et de le renforcer en les appuyant dans la mobilisation des ressources et la définition et la conduite d’actions en faveur de la PF, et plus largement de la santé et des droits des femmes.
Bien sûr, le processus de décentralisation ne doit pas être un simple déplacement du problème d’un échelon supérieur à un échelon inférieur. C’est pourquoi Equipop œuvre pour que la démarche soit appropriée à tousles niveaux. Le lien entre mobilisation des responsables politiques et mobilisation des citoyen·ne·s, à ce titre primordial, s’effectue notamment par l’intermédiaire du réseau des champion·ne·s PF d’Alliance Droits et Santé. Enfin, les plaidoyers effectués dans chacun des six pays se complètent d’actions menées au niveau sous-régional, et Equipop appuie ses partenaires de la société civile ouest-africaine afin qu’ils s’intègrent progressivement aux processus onusiens centraux sur les questions de droits et santé des femmes et des filles.