– Soutenir la révolution des filles : le Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée

A l’occasion des 16 jours d’activisme contre les VSS, découvrez 7 associations partenaires d’Equipop, engagées contre les violences sexistes et sexuelles en Afrique de l’Ouest.

En 2016, sept jeunes femmes créent le Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée (CJFLG) pour offrir aux filles un espace sûr et sécurisé dans lequel elles peuvent parler librement des violences qu’elles subissent et des changements qu’elles veulent voir advenir dans leur société. Aujourd’hui, le Club compte 11 salarié·e·s et plus de 500 membres dans tout le pays.

Le Club vise à nourrir un mouvement dans lequel les filles, qu’elles soient membres ou non, peuvent faire entendre leurs voix et connaître leurs droits. Ses membres œuvrent ainsi à améliorer la santé sexuelle et reproductive des adolescent·e·s et des jeunes: accès aux informations sur la santé menstruelle et sur les contraceptifs, droit à disposer de son corps et lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

Le Club prépare également les jeunes filles à leur participation dans les prises de décision à tous les niveaux — communautaire, local, gouvernemental — et en particulier sur les sujets qui les concernent. Les jeunes membres sont ainsi actives aussi bien dans la gestion de l’association que dans les activités menées: sensibilisation au sein des communautés, empouvoirement de leurs sœurs, mobilisation des artistes, plaidoyer auprès des autorités, accompagnement et prise en charge des victimes de violences…

«Nous souhaitons créer une grande révolution au niveau des filles. Qu’elles n’aient pas toujours à dire oui. Qu’elles puissent faire passer leur voix, dire ce qu’elles pensent. Qu’elles puissent jouir et profiter pleinement de leurs droits, en toutes circonstances. Nous souhaitons mettre en place les conditions pour que les filles n’aient pas à subir un système oppressif et puissent créer leur propre système, selon leurs conceptions et passions.» Kadiatou Konaté, cofondatrice du CJFLG

ZOOM SUR LE FORUM DE LA JEUNE FILLE GUINÉENNE

Chaque année, le CJFLG organise deux jours d’activités – panels, expositions, représentations théâtrales ou poétiques – qui mettent en lumière des enjeux spécifiques aux droits des femmes et des filles. La première édition en 2021, «Jeunes filles, victimes hier, actrices de changement aujourd’hui», a mis les filles au centre de la lutte contre les violences. Le thème de 2022, «Violences sexuelles en Guinée, quelles issues?» a permis d’amplifier la parole des filles, de rappeler les responsabilités des différentes parties prenantes (gouvernement, associations et mouvements de jeunes, médias) ainsi que d’identifier les obstacles et les actions prioritaires en matière de lutte contre les violences sexuelles.

Le soutien sorore d’Equipop

Les organisations de jeunes peinent à obtenir des financements directs. Le CJFLG mène un plaidoyer pour des fonds flexibles et adaptés aux réalités des différentes communautés, zones géographiques et populations. Via le partenariat stratégique avec Equipop, le Club a pu gérer pour la première fois un fonds de 20000 euros, tout en bénéficiant d’un soutien et d’un renforcement de capacités. Fortes de leur expérience et ayant aujourd’hui accès à plus d’opportunités, les membres du Club ont intégré dans leur plan stratégique le financement direct d’autres initiatives jeunes. En parallèle, elles accompagnent à leur tour les associations qui les portent afin qu’elles apprennent à trouver et gérer des fonds.

Fières de pouvoir agir face aux violences sexistes et sexuelles

La Guinée n’est pas dotée de fonds de prise en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles. L’une des grandes fiertés du Club est justement sa capacité à répondre, en partie, à ce besoin. Depuis maintenant deux ans, elles proposent une prise en charge financière et un accompagnement holistique (juriste, avocat·e, soins sanitaires, psychologue, hébergement, etc.).

Un tournant stratégique

Ce sont des réflexions stratégiques qui animent les membres du Club. Pour demain, elles souhaitent renforcer leur engagement pour l’éducation à la sexualité des filles, élargir leurs activités de réinsertion et d’empouvoirement économique à l’ensemble des jeunes filles victimes de violences et réinventer les modes d’action contre les mutilations sexuelles féminines, dont la prévalence stagne malgré une forte mobilisation de la société civile.