– REMANIEMENT MINISTÉRIEL : UN TRÈS MAUVAIS SIGNAL À UN AN DU FORUM GÉNÉRATION ÉGALITÉ

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– REMANIEMENT MINISTÉRIEL : UN TRÈS MAUVAIS SIGNAL À UN AN DU FORUM GÉNÉRATION ÉGALITÉ

Le remaniement ministériel du 6 juillet, qui s’est achevé dimanche dernier avec la nomination des secrétaires d’Etats, continue de susciter de vives critiques parmi une grande diversité d’associations, de mouvements et de citoyen·ne·s, à la fois en France et à l’étranger. Equipop ajoute sa voix à ces réactions et souligne la portée internationale du signal envoyé par le gouvernement français : le Forum Génération Égalité, organisé l’année prochaine à Paris, ne pourra pas se construire autrement que dans une dynamique d’écoute et de reconnaissance des mouvements féministes.

Les nominations de Gérald Darmanin au Ministère de l’Intérieur et d’Éric Dupond-Moretti au Ministère de la Justice ont suscité l’indignation d’associations féministes de tout bord et de personnalités très diverses. De nombreuses prises de parole ont eu lieu, dans les médias, sur les réseaux sociaux (Caroline De Haas, Anne Hidalgo, Rachida Dati), soulevant les questions éthiques, politiques et sociales posées par ces nominations. 

Afin de mettre fin aux violences à l’égard des femmes, l’analyse est partagée par toutes et tous : il faut en premier lieu créer les conditions qui permettent aux femmes de s’exprimer librement, et surtout d’être entendues. La responsabilité politique est d’impulser des dynamiques qui accompagnent ces changements. La nomination de ces deux ministres légitime des prises de positions qui vont radicalement à l’encontre des changements escomptés, et constitue un pas en arrière dans le combat pour l’égalité, à tel point que les féministes estiment que la « Grande cause du Quinquennat » a été enterrée.  

Les réactions à cet événement ne se cantonnent pas aux analystes de la politique française. Le 15 juillet, dans Le Monde, un collectif de 91 intellectuelles et militantes féministes de 35 pays, dont Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, et Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de littérature, ont dénoncé « un virage politique anti féministe, dont la portée dépasse largement les frontières de la France. Il vient renforcer le backlash [« retour de bâton »] contre les femmes, dont nous sommes victimes sur tous les continents, en violation de nos droits fondamentaux ».

Equipop, qui place son action dans les dynamiques féministes, à la fois en Afrique de l’Ouest, en France et à l’international, suit également de près la politique extérieure française depuis plus de 25 ans. Equipop s’est toujours placée dans une optique de co-construction, afin de promouvoir la thématique de l’égalité femmes-hommes dans l’agenda diplomatique. De nombreuses étapes ont été franchies au fil des années, et la France a progressivement affiché sa volonté de leadership en la matière sur la scène internationale. Ce mois-ci devait se tenir à Paris le Forum Génération Égalité, co-organisé par la France, le Mexique et ONU Femmes, afin de célébrer les 25 ans de la 4eme Conférence mondiale pour les droits des femmes de Pékin. En raison de la situation sanitaire, le Forum n’aura lieu qu’en 2021, mais il a toujours vocation à être le plus grand rassemblement mondial sur l’égalité femmes-hommes depuis plusieurs années. 

Pour que le Forum soit une réussite, toutes les parties s’accordent sur le fait qu’il doit engendrer des changements systémiques, et susciter un dialogue entre États et sociétés civiles. Le premier objectif ne pourra pas être atteint si la France, hôte de cet événement, n’est pas exemplaire et à plus forte raison si le cap politique national est anti-féministe. Deuxièmement, le Forum sera inutile voire contreproductif si les réactions des féministes ne sont pas entendues – et cela, au-delà des enjeux de politique intérieure française. 

Depuis un an que nous savons que le Forum aura lieu en France, nous soulignions l’enjeu majeur d’assurer une participation des féministes dans toute leur diversité. L’annonce du remaniement fait désormais planer le risque non pas d’une inertie, mais, comme l’expriment les 91 signataires de la tribune du Monde, le risque d’une large mobilisation des féministes contre le Forum : « [le remaniement] appelle à une union de nos voix et de nos efforts. Nous ne tolérerons ni reculs ni marginalisation de nos luttes. Notre colère ne faiblira pas car nos droits et notre dignité ne sont pas négociables. Face au backlash, la solidarité internationale doit s’intensifier aux quatre coins du monde. Nous nous y employons ».

Il est donc urgent de changer de cap. Le Forum Génération Égalité est une grande opportunité d’impulser des changements importants : il ne faut pas la rater.