– 100 propositions parlementaires pour une « diplomatie féministe »
Deux députées ont présenté le 4 avril dernier un rapport d’information sur la place des droits des femmes dans la diplomatie française. Celui-ci formule 100 préconisations à destination du gouvernement pour une “diplomatie féministe” et soulève la question des moyens financiers. Parmi les priorités thématiques abordées, les droits et la santé sexuels et reproductifs (DSSR) figurent en bonne place. Ce rapport de qualité devient de fait un document de référence pour le plaidoyer des acteurs et des actrices qui s’engagent sur ces questions.
Le 4 avril 2018, la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale a examiné le rapport de la mission d’information sur la place des droits des femmes dans la diplomatie française, menée par les députées Laurence Dumont et Mireille Clapot. Alors que la montée en puissance des conservatismes vient remettre en cause des droits que l’on pensait acquis et que le président de la République a déclaré l’égalité femmes-hommes Grande Cause nationale, ce rapport en appelle à l’affirmation d’une “diplomatie féministe”.
100 préconisations en faveur des droits des femmes
Nourri par plusieurs mois de rencontres et d’auditions, dont celle d’Equipop, ce rapport formule 100 propositions visant à faire de la France une actrice “phare” de la défense des droits des femmes sur la scène internationale, et ce à tous les niveaux : bilatéral, régional et multilatéral. Une section est par exemple réservée à l’Alliance Sahel, nouveau mécanisme appelé à jouer un rôle important dans la politique de développement française.
S’inscrivant dans la lignée de la Stratégie internationale de la France pour l’égalité entre les femmes et les hommes (2018-2022) dévoilée le 8 mars, ce rapport soulève la question fondamentale des moyens financiers nécessaires à la réalisation effective de cette stratégie ambitieuse. Nous saluons à ce titre les préconisations visant à “assortir la nouvelle stratégie internationale égalité femmes-hommes d’un budget” et à adopter un objectif d’aide publique au développement (APD) “sensible au genre” plus élevé que les 50% prévus par la stratégie. Le présent rapport met en effet en avant un objectif de 60% d’APD “sensible au genre” avec 15% de l’APD devant financer des projets dont l’objectif principal est la réalisation de l’égalité femmes-hommes. Ces recommandations vont dans le même sens que celles d’Equipop.
Les droits sexuels et reproductifs : une priorité face aux menaces conservatrices
Parmi les grandes priorités thématiques fixées par ce rapport figurent les droits et la santé sexuels et reproductifs (DSSR), au même titre que l’éducation et la lutte contre les violences faites aux femmes. Le rapport souligne que ces thématiques sont étroitement liées et qu’il est donc impératif de les traiter de manière coordonnée. Les députées suggèrent par ailleurs de faire de la présidence française du G7 en 2019 un tournant en la matière.
Par conséquent, ce rapport d’information constitue d’une part un excellent document de référence pour le plaidoyer d’organisations de la société civile telles qu’Equipop. D’autre part, c’est une base solide pour le suivi par les parlementaires des engagements gouvernementaux, notamment dans le cadre de la mise en oeuvre de la nouvelle stratégie genre. Ce suivi passe, entre autres, par la reconstitution du groupe d’études “genre et droits des femmes à l’international (proposition #62).