– Témoignage – Mariette Montcho, présidente du Roajelf et consortium Change Lab #Ondoitagir au Bénin
« Les AOC (Approches orientées changements) doivent être utilisées dans tous les projets de développement car elles sont centrées sur l’humain. »
À vos yeux, qu’est-ce qui distingue les AOC (Approches orientées changements) des autres démarches de suivi de projet ?
Il nous arrive très souvent pendant la mise en oeuvre d’un projet, de nous rendre compte que les activités planifiées ne contribuent pas ou plus à l’atteinte des objectifs sans avoir la possibilité de les réajuster. On se sent coincé·e·s dans la mise en oeuvre du projet, sans aucune marge de manoeuvre. Souvent aussi, à la fin d’un projet, on a du mal à mesurer son impact sur la cible ou sur le territoire d’intervention. Les AOC viennent comme une réponse à cette situation. Ce qui est intéressant avec les AOC, c’est leur capacité à se focaliser sur l’humain et non sur les valeurs quantitatives qui, in fine, laissent un goût d’inachevé après la mise en oeuvre du projet.
Les AOC, contrairement à beaucoup de démarches de suivi, permettent d’aboutir à une participation significative des acteurs et actrices. Elles en font des moteurs des changements souhaités. Elles se distinguent aussi des autres approches de par leur caractère dynamique.
Que vous apportent-t-elles aujourd’hui ?
Les AOC nous donnent l’opportunité d’exécuter les projets d’une façon plus humaine et plus réelle. Elles nous rapprochent des acteurs·rices cibles de la communauté pour laquelle nous travaillons. Aussi, elles donnent la force de continuer. En effet, en nous donnant la possibilité de mesurer les petits pas et changements, elles intègrent pleinement la dimension de changement qui s’inscrit dans le temps. Elles nous permettent ainsi de réajuster les activités afin d’atteindre des résultats ultimes. Elles nous rapprochent de la communauté et favorisent un dialogue permanent.
Quels sont les défis à relever encore dans votre expérimentation des AOC ?
J’exprimerais mes défis sous forme d’interrogations : Comment disposer d’assez d’informations pour illustrer les changements observés ? À quelle fréquence faut-il collecter les changements ? Comment adapter les AOC aux réalités de chaque territoire ?
Quels conseils donnez-vous à des équipes qui veulent se lancer dans les AOC ?
Tout d’abord, se former sur les AOC : la bonne documentation est importante même si rien ne vaut la pratique.
Ensuite, impliquer très tôt les différent·e·s acteurs·rices dans la connaissance des AOC afin de faciliter la collecte des changements.
Ne pas hésiter, aussi, à se servir des histoires du quotidien pour faciliter la compréhension des AOC.
Accepter que le changement nécessite du temps. En effet dans la collecte des changements sur un projet, on a parfois l’impression qu’il y a stagnation, que les changements n’évoluent pas. C’est normal !
Enfin, se nourrir des expériences de celles et ceux qui ont déjà expérimenté les AOC, même si c’est aussi une aventure personnelle.