– L’apport des approches féministes dans la lutte contre le VIH/sida
Les inégalités liées au genre sont aujourd’hui un des principaux freins aux progrès de la lutte contre les pandémies mondiales. C’est particulièrement vrai pour la lutte contre le VIH/sida. Elles alimentent de nouvelles infections chez les adolescentes notamment, et freinent le recours aux services de prévention et aux traitements. Pour venir à bout de la pandémie, il est nécessaire de prendre en compte les ressorts profonds de ces inégalités de genre, de promouvoir les droits sexuels et reproductifs de tou·te·s et de soutenir les associations féministes.
Comme souligné par Peter Sands, Directeur Exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, lors de son intervention à la conférence Women Deliver, il est temps que nous apprenions à mieux écouter ce que les filles et les adolescentes elles-mêmes ont à dire sur la lutte contre le VIH/sida, notamment en impliquant les associations féministes.
Le rôle de la France et sa “diplomatie féministe”
La France a un rôle particulier à jouer dans cette orientation stratégique. D’abord parce qu’historiquement, c’est une actrice clé dans la lutte contre le VIH/sida, notamment à travers son leadership au sein du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la paludisme, qui a permis d’accomplir des progrès immenses dans la lutte contre la pandémie.
Ensuite, parce que la France entend porter depuis un an et demi une nouvelle “diplomatie féministe”. Ce positionnement implique de défendre les droits des femmes et l’égalité de genre dans toutes les instances multilatérales. Cela vaut également pour la politique française de lutte contre le VIH/sida dans le cadre du Fonds mondial. Le Président de la République, en particulier, doit incarner cette ambition française et porter une vision féministe globale, qui prenne en compte et lie les enjeux de genre, droits sexuels et reproductifs et VIH.
La présidence française du G7 a posé des bases sur ces deux fronts, à travers l’augmentation des contributions au Fonds mondial et plusieurs engagements politiques et financiers pour l’égalité femmes-hommes. Il paraît logique, à présent, de faire converger ces deux agendas.
Une conférence : “Pour une approche féministe de la lutte contre le VIH/sida”
Dans cette optique, Equipop se mobilise depuis plus d’un an au sein d’un collectif inter-associatif. Le 8 octobre à Lyon, elle organise un évènement dans le cadre du pré-programme de reconstitution du Fonds mondial : “Pour une approche féministe de la lutte contre le VIH/sida”.
Cet évènement sera organisé en partenariat avec Solthis, association avec laquelle Equipop travaille depuis plusieurs années en Afrique de l’Ouest pour mettre en oeuvre une approche intégrée de la prévention du VIH et des grossesses non désirées chez les jeunes. Il aura pour objectif de réaffirmer l’urgence d’intégrer le genre et les DSSR dans les réponses au VIH/sida et d’échanger sur l’apport des approches féministes dans cette lutte, dans un contexte d’émergence de “diplomaties féministes”. Il devrait notamment réunir la Suède – pionnière dans la “diplomatie féministe – et la France, ONU Femmes, le Fonds mondial ainsi que plusieurs militantes et activistes, en particulier d’Afrique de l’Ouest.
Entrée gratuite sur inscription préalable en ligne.
En 2020, l’héritage de Beijing
Dans la continuité du G7 et de la conférence de reconstitution du Fonds mondial, la France doit porter sa “diplomatie féministe” de façon continue et cohérente dans toutes les instances internationales. Elle sera très attendue sur ces sujets en 2020, dans le cadre de l’accueil du forum “Génération Égalité” à Paris en juillet, pour l’anniversaire de la conférence de Beijing. En 1995, les États de l’ONU, alarmés par l’accélération des taux d’infection au VIH/sida chez les femmes et les filles, s’étaient notamment engagés à garantir la participation de ces dernières dans les politiques et programmes de lutte contre le VIH/sida et à soutenir les associations féministes. 25 ans plus tard, il est temps que ces engagements deviennent une réalité. La France, en position de cheffe de file à la sortie du G7 et à l’approche de Beijing25, doit impulser une dynamique dans ce sens.